Malgré la flambée des coûts de production, le secteur s'est bien comporté l'an dernier. Une performance qui a été portée par la production locale que les industriels ont maintenue pour l'approvisionnement continu du marché et assurer le traitement anti-Covid. La demande a été très forte pour le paracétamol au détriment de certains antibiotiques comme l'Amoxicilline. Avec un chiffre d'affaires de 11,46 milliards de dirhams et 371 millions d'unités, le marché du médicament a enregistré, en 2020, une croissance de 2,9% en unité et de 3,9% en valeur. Sur ce marché, le segment des princeps a connu, selon les statistiques de la Fédération marocaine de l'industrie et de l'innovation pharmaceutiques (FMIP), une légère augmentation de 1% en unité et de 2,8% en valeur. Ce qui situe, pour cette même année, la part de marché des princeps à 57,8% en unité et à 57,4% en valeur. Pour leur part, les médicaments génériques ont progressé de 5,7% en unité et de 5,4 % en valeur. Ils détiennent ainsi une part de marché de 42,2% en unité et de 42,6% en valeur. Pour les industriels, avance Layla Laassel Sentissi, pharmacienne directrice exécutive de la FMIIP, «il n'était pas prioritaire de sauver le chiffre d'affaires du secteur mais plutôt d'assurer la disponibilité des médicaments pour répondre aux besoins des citoyens et de sauver donc des vies en cette période de crise sanitaire. C'était là le challenge des industriels». Et d'ajouter «que le chiffre d'affaires n'est pas réellement significatif, car le comportement des ventes a été différent d'un produit à l'autre. Ainsi, nous avons eu l'explosion des ventes du paracétamol par exemple et des vitamines prescrits dans le protocole thérapeutique anti-Covid du ministère de la santé et parallèlement une chute a été observée dans les ventes de certains antibiotiques, comme par exemple -18% pour l'Amoxicilline qui est normalement le plus vendu, ainsi que des médicaments relatifs à certaines maladies de dermatologie et d'ophtalmologie». Aussi, il y a très peu ou pas du tout de demandes sur les traitements des rhinites, de la grippe ou encore des gastrites. Ce comportement des diverses spécialités pharmaceutiques traduit donc l'impact de la Covid-19 sur le marché du médicament. Autre impact à souligner, selon la directrice de la FMIIP, «l'envolée du coût des matières premières qui a été multiplié par trois et le coût du transport qui est devenu cinq fois plus cher, ont contraint les industriels à payer le prix fort et à faire des efforts pour sécuriser l'approvisionnement du marché, aussi bien pour les traitements de Covid-19 que pour les autres pathologies. Les prix des médicaments étant réglementés, il n'était pas possible de répercuter ces hausses. Donc, les coûts ont augmenté, alors que les bénéfices réalisés ont été inférieurs à ceux d'une année normale». La fabrication locale a porté l'activité du secteur en 2020 En dépit de sa dépendance, à l'instar de la majorité des pays, à la matière première provenant principalement de la Chine et de l'Inde, le Maroc a pu maîtriser les circuits et chaînes d'approvisionnement mondiales. Cette capacité a permis, dit-on à la FMIIP, «la continuité de la production même dans les premières semaines du confinement global dans le monde c'est-à-dire de mars à mai 2020. Il est à noter que le protocole anti-Covid est produit localement. Ce qui permet de dire que la fabrication locale a sauvé l'année 2020». Concernant l'activité à l'export, un chiffre d'affaires de 1,3 milliard a été réalisé. Selon les professionnels, cette performance aurait pu être meilleure et l'export aurait pu compenser l'essoufflement au niveau du marché domestique si ce n'est des contraintes administratives imposées par le ministère de la santé dans sa circulaire 91. Ce qui s'est traduit par un blocage de deux mois durant des exportations du médicament. Cependant, il est à souligner que l'industrie pharmaceutique marocaine est bien positionnée à l'étranger, notamment en Afrique où des partenariats de co-développement avec les pays de l'Afrique subsaharienne ont été mis en place. Plusieurs laboratoires nationaux ont en effet investi dans des unités de fabrication situées en Afrique, notamment au Sénégal, au Rwanda et en Côte d'Ivoire, contribuant ainsi, souligne Mme Sentissi, «au développement du tissu industriel sur le continent à même d'offrir une meilleure accessibilité des médicaments pour tous». Par ailleurs, les laboratoires nationaux ont également pu conquérir des marchés en Europe, en Afrique, en Amérique, en Asie ou dans les pays du Moyen-Orient. Cette stratégie d'ouverture à l'extérieur s'inscrit dans la vision de la FMIIP qui ambitionne de contribuer à la co-localisation de l'industrie pharmaceutique et faire du Maroc un hub de fabrication pour l'Europe vers l'Afrique. Les industriels veulent également participer activement au co-développement avec l'Europe d'une industrie forte et synonyme d'indépendance régionale et continentale.