Mourabaha, un produit pourtant récent, est en train de damer le pion au crédit classique. La formule coûte moitié moins cher qu'un crédit auto normal. Malgré la TVA en hausse, la LOA n'a pas perdu tous ses avantages et reste encore attrayante par rapport au crédit classique et Ijara. Mensualités, coût global, frais…, deux simulations pour bien choisir. Une vingtaine de sociétés de crédit à la consommation proposant chacune deux à quatre solutions de financement automobile, et des banques qui sophistiquent de plus en plus leurs offres pour s'imposer sur un marché du crédit auto qui a représenté 6,6 milliards de DH en 2007 en terme de production. Ajoutons à cela des produits alternatifs autorisés depuis près d'un an et qui se retrouvent déjà dans les catalogues de plusieurs établissements. De quoi rendre indécis les particuliers quand il s'agit d'emprunter pour financer l'achat d'une voiture. De toutes les solutions proposées, quelle est donc la plus avantageuse ? Curieusement, les produits alternatifs, notamment Mourabaha, pourtant récemment lancés, creusent déjà l'écart avec les autres modes de financement classiques. Et pour cause, les solutions officieusement estampillées halal font l'objet d'un forcing promotionnel des établissements de crédit. En fait, certains d'entre eux auraient carrément assorti ces formules de financement de marges de moitié inférieures aux niveaux communément admis dans le secteur . Objectif : faire décoller la demande. Résultat: un coût global plus avantageux pour l'emprunteur. Pour autant, les solutions de financement traditionnelles ne sont pas délaissées. Et c'est à la location avec option d'achat (LOA) que semblent profiter le plus les efforts d'innovation des prêteurs. La LOA peut s'étaler sur six ans sans aucun apport L'avance exigible et la durée de remboursement sont généralement les deux variables que l'on cherche respectivement à minimiser et maximiser en matière de financement automobile. Et, de ce point de vue, un tour d'horizon de l'offre de solutions qui existent sur le marché établit la LOA comme la solution la plus avantageuse. En effet, un contrat LOA peut courir sur un maximum de 6 ans (72 mois), offre notamment disponible chez Acred. De plus, il peut être négocié avec un taux d'avance de 0%, pourvu que le dossier de l'emprunteur soit convaincant. Pour le crédit classique, l'apport minimal généralement exigé ne descend pas en dessous des 20%, avec toutefois une possibilité de financement à 100% chez certaines banques (notamment Crédit du Maroc). Mais la durée de remboursement n'excède jamais 5 ans (60 mois). Cependant, et avec la diversification de l'offre, se focaliser sur la durée de remboursement ou sur le montant de l'avance exigible ne suffit plus pour s'assurer des meilleures conditions de crédit. Il s'agit en fait d'être «à l'écoute» du marché pour bien cerner l'offre, qui se fait de plus en plus fluctuante. En effet, les conditions entourant chaque solution de financement ne sont pas figées. Selon leurs stratégies commerciales, les différentes sociétés de financement déploient un effort de promotion plus ou moins marqué pour mettre en avant certaines de leurs solutions. Le tout, pour les emprunteurs, est de se greffer sur la tendance. Et la mode est aujourd'hui aux produits alternatifs. Guerre des taux aidant, le financement halal devient très avantageux par rapport au financement classique. Du moins pour ce qui est de Mourabaha. Comparée au crédit traditionnel, la solution affiche une mensualité et un coût global moindre. Tel n'est cependant pas le cas de Ijara (homologue halal de la LOA) qui demeure plus chère malgré les efforts de promotion. Un exemple chiffré pour comprendre. Un emprunt de 150 000 DH remboursable sur 5 ans, et sur lequel une avance de 30% a été versée, est assorti d'une mensualité de 2 142 DH selon la formule de financement Mourabaha. En comparaison avec la vente à crédit classique, le supplément de mensualité se monte à 461 DH. Avec des conditions de financement similaires (avance de 30% et remboursement sur 5 ans), Ijara ressort, elle, à une mensualité de 2 452 DH. Mais, bien que plus chère de 133 DH par rapport à une simple LOA, Ijara reste toujours moins coûteuse que le crédit classique. Ces conditions préférentielles ont boosté la demande sur les produits dits islamiques. Assalaf Chaabi, qui revendique un leadership sur le marché du halal, avance le chiffre d'un millier de contrats signés depuis la mise en circulation de ses solutions alternatives. Mais, comment se justifie à la base l'effort de promotion du financement alternatif ? Pour vos simulations, ne vous contentez pas d'examiner les mensualités Alors que le coût de Mourabaha, dans le cadre du financement de biens immeubles, s'est avéré prohibitif, la même solution de financement appliquée au bien meuble s'est révélée beaucoup plus avantageuse. En effet, la contrainte de double transaction caractérisant le produit Mourabaha sur bien immeuble (frais d'acquisition et de mutation) n'existe pas dans le Mourabaha sur un bien meuble tel que la voiture. Il en résulte un allégement des coûts pour l'emprunteur, dans ce dernier cas, et donc un argument de vente pour les établissements de crédit. Néanmoins, une comparaison sur la seule base des mensualités peut s'avérer trompeuse. Car les frais «accessoires», dont notamment les frais de dossier et l'assurance décès-invalidité, doivent également être pris en compte dans le choix. Loin d'être établis selon un mode de calcul uniforme, ces frais varient considérablement d'une société de crédit à l'autre. Si l'on considère l'exemple de l'assurance décès-invalidité, celle-ci peut, selon les cas, représenter un pourcentage ne dépassant pas 0,5% du montant du prêt octroyé, comme elle peut consister en un montant prélevé sur une base mensuelle, au même titre que la mensualité. Idem pour les frais de dossier. Ceux-ci peuvent aller de 190 à 5100 DH pour un même montant emprunté. C'est que les établissements de crédit ont pour seule obligation de s'assurer que les taux effectifs global (TEG ou taux d'intérêt majoré des frais accessoires) qu'elles appliquent ne dépassent pas le taux maximum des intérêts conventionnels (TMIC) que fixe Bank Al-Maghrib semestriellement et qui est actuellement de 14,17%, renchéris tout au plus de 150 DH de frais de dossier, selon les directives de la banque centrale. Liberté est donc laissée aux établissements de crédit de moduler entre les deux composantes du plafond pour ne pas dépasser la limite fixée. Une marge de manÅ"uvre qui permet, de fait, aux prêteurs d'afficher des mensualités attrayantes tout en verrouillant leurs marges en frais accessoires. A charge pour le client de demander des simulations de crédits tout en s'informant de l'intégralité des frais accessoires. A noter qu'il est préférable pour cela de s'adresser directement aux établissements de crédit et non aux commerciaux opérant au niveau des concessions. En effet, ces derniers sont commissionnés sur les contrats de crédit qu'ils arrivent à faire souscrire à la clientèle. Et comme les crédits assortis des plus forts taux d'intérêt sont source des plus fortes commissions pour les commerciaux, le client n'est pas assuré d'accéder à la meilleure offre. Autre astuce pour s'assurer de faire une bonne affaire : s'y prendre au bon moment. L'Auto Expo 2008 l'a prouvé : le timing compte. «Presque toutes les sociétés de crédit ont proposé des offres promotionnelles à cette occasion», rapporte un commercial. Certaines des offres débloquées durant le salon sont d'ailleurs maintenues jusqu'à fin juin. Concernant la prochaine vague de promos, les prêteurs ne pipent pas mot. Néanmoins, il est attendu que les sociétés de financement en remettent une couche à partir du mois prochain. Des offres promotionnelles devraient être proposées au cours de la période juillet-août, au titre de la période estivale. Devraient suivre les opérations «spécial Ramadan» durant le mois de septembre, puis, pour finir l'année 2008, les promos du mois de décembre .