Cette maladie qui touche plusieurs centaines d'espèces végétales épargne jusque-là le Maroc, mais le département de l'agriculture et les chercheurs marocains restent tout de même vigilants. Le meilleur moyen d'endiguer une maladie est de mieux la connaître. C'est dans ce sens que des experts marocains et étrangers ont débattu, lundi 3 février, au Qualipôle Alimentation de Meknès, des différents dangers du fléau de la bactérie Xyllela fastidiosa pour certaines espèces végétales dans le monde. Ces experts sont réunis dans le cadre d'un atelier international sous le thème ''Xyllela fastidiosa : diagnostic, contrôle et mesures de gestion'', initié du 2 au 8 février à Meknès et Marrakech, à l'initiative du Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM Bari-Italie) et l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), sous l'égide du ministère de l'agriculture. Intervenant lors de la séance d'ouverture de cette rencontre, organisée dans le cadre du projet européen CURE-XF, qui vise à fournir de nouveaux outils pour lutter contre la prolifération de cette maladie, le secrétaire général du ministère de l'agriculture et président du CIHEAM, Mohamed Sadiki, a salué la tenue de cette réunion au Maroc, laquelle constitue une «plateforme de partage de connaissances sur l'histoire, l'état des lieux et les mesures de contrôle prises pour lutter contre cette maladie». Formant le vœu de voir cette rencontre contribuer au renforcement des capacités des cadres marocains et étrangers en la matière, Sadiki a fait savoir que la Xyllela fastidiosa, jamais détectée au Maroc, s'attaque à plus de 560 différentes espèces végétales, dont l'olivier, la vigne, les agrumes, les plantes aromatiques et médicinales et les maraîchères. Le Maroc, qui voit ses échanges commerciaux se développer avec de nombreux pays étrangers, à travers l'importation de grandes quantités d'espèces végétales hôtes de la bactérie, a pris une série de mesures, dans ce sens, portant notamment sur la suspension de l'importation des plants de ces espèces des zones contaminées, l'évaluation du risque phytosanitaire et le renforcement de l'information, la sensibilisation des acteurs concernés et le développement des capacités techniques en matière de contrôle. De son côté, le directeur du CIHEAM, Maurizio Raeli, a mis l'accent sur l'importance des programmes régionaux de promotion de la santé des plantes dans la réalisation des objectifs de développement durable, face à la multiplication, ces dernières années, des ravageurs et des maladies des plantes, qui affectent les cultures vivrières et causent des pertes économiques importantes aux agriculteurs. La région italienne des Pouilles est confrontée à «une grande urgence» causée par la bactérie Xyllela fastidiosa, avec des millions d'oliviers affectés, a indiqué M. Raeli, ajoutant que le CIHEAM est fortement engagé auprès des institutions locales, nationales et internationales pour fournir une assistance technique, renforcer les capacités et promouvoir une stratégie de prévention et de contrôle. Le responsable italien, qui s'est félicité, dans ce cadre, que des étudiants marocains aient bénéficié depuis l'année 2000 de l'expérience du CIHEAM, a fait part de la disposition de ce dernier à promouvoir le renforcement des capacités de recherche dans les pays tiers et soutenir l'évaluation et la gestion des risques phytosanitaires. Il a plaidé, par ailleurs, en faveur de la mise en place d'un réseau international de scientifiques, de parties prenantes et de fournisseurs de technologies pour échanger des informations, partager des expériences, des compétences et des connaissances sur les meilleures pratiques de gestion. Selon ses initiateurs, cet événement scientifique, animé par d'éminents experts européens, constitue une opportunité pour renforcer les capacités des chercheurs et cadres nationaux et émanant d'autres pays sur les différents aspects de la bactérie Xyllela fastidiosa, fléau qui épargne encore le Maroc mais qui demeure des plus dévastateurs d'une gamme importante d'espèces végétales dans le monde. L'atelier comprend des conférences et des travaux pratiques sur le terrain et en laboratoire, afin de sensibiliser aux menaces émergentes posées par Xyllela fastidiosa, fournir des connaissances scientifiques de base et des expériences pratiques sur différents aspects soulignant les interactions complexes pathogène-hôtes-vecteurs et maîtriser l'évaluation du risque phytosanitaire. Ce renforcement des capacités, qui s'est poursuivi en deuxième session à Marrakech les 6 et 7 février, profitera à des dizaines de chercheurs et de cadres de différentes institutions et organisations du secteur agricole du Maroc et d'autres pays, notamment d'Afrique du Nord (Algérie et Tunisie), d'Europe (Serbie et Turquie) et du Proche-Orient (Irak et Palestine).