L'eGov, un des principaux chantiers digitaux au Maroc. La Chine est 9e mondial en termes d'agilité digitale. Une spécialisation accrue dans le big data, l'industrie 4.0 et le retail digital. Invitée d'honneur de la 4e édition de l'Africa IT Expo (AITEX), organisé les 24 et 25 octobre 2019 à Rabat par la Fédération des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring (APEBI), la Chine a brillé par le côté avant-gardiste de ses technologies digitales, en particulier celles ayant trait à la transformation numérique de l'industrie, le retail et le big data. Des spécialisations qui serviraient les ambitions du Maroc dans son effort pour digitaliser son économie et ses services publics, a fortiori lorsque le plan Maroc Numérique 2020 arrive à échéance, et que plusieurs chantiers montrent des marges de progression indéniables. C'est d'ailleurs pour échanger sur ce sujet que Saloua Karkri Belkeziz, présidente de l'APEBI, a rencontré le chef du gouvernement, Saâd Eddine El Otmani, le 11 décembre, pour, d'une part, l'informer des résultats de la consultation publique qui a eu lieu plus tôt dans le mois, en présence du ministre de l'industrie, Moulay Hafid Elalamy, et, de l'autre, lui faire part des 70 propositions qui forment le «recommendation paper» élaboré par la fédération dans le but d'aider à faire avancer tous ces chantiers. Toutefois, ce n'est pas juste pour son avance prise sur le secteur de la transformation digitale que la Chine a ainsi été mise en avant, mais aussi et surtout pour sa 5G et la technologie IA. Deux points que l'APEBI considère comme cruciaux pour concrétiser le saut digital tel que la fédération le perçoit. En effet, selon les conclusions d'une analyse faite par Euler Hermes, la Chine est le 9e pays au monde à réaliser les avancées les plus notables en termes de transformation et d'agilité digitale, avec un score de 69 points sur 100. Elle n'est devancée que de quelques points par le Top 3 du classement (le Danemark, 76 points ; et l'Allemagne, 77 points, avec les Etats-Unis en tête du classement (87 points). Assurément, le choix de la Chine par l'APEBI est tout sauf anodin. Un allié de choix Dans une déclaration à La Vie éco, la présidente de l'APEBI a affirmé que «l'apport de la Chine en termes de transformation digitale est stratégique pour le Maroc. Le plan Maroc Numérique 2020 présentera son bilan, et je peux vous dire qu'il reste beaucoup à faire, malgré les remarquables avancées réalisées par le Maroc dans ce domaine. Mais pour s'attaquer à l'étape supérieure, il nous faut nous allier à des pays comme la Chine qui, avec le développement de la 5G, est en phase de révolutionner le monde». La même source a confié que la priorité est donnée au chantier de l'eGov, et que les technologies développées par l'ancienne usine du monde aidera non seulement à accroître la vitesse de réalisation de la transformation digitale du pays, mais de donner naissance à de nouvelles opportunités jusque-là non envisagées. Il faut dire que la Chine s'est récemment démarquée par le nombre d'internautes que le pays compte : plus de 900 millions aujourd'hui. Ils étaient un peu plus de 300 millions voilà 10 ans, soit le niveau actuel observé aux Etats-Unis, faisant du marché chinois de l'Internet le 1er au monde par une marge plus que confortable. Le Global Digital Report a publié, le 31 janvier 2019, les données relatives à l'exercice 2018 sur les tendances internationales du digital en Chine, du social média, du mobile et du e-commerce. Il en ressort que la Chine compte plus d'1,5 milliard d'abonnements mobiles sur les 3,5 milliards d'individus qui utilisent les médias sociaux dans le monde entier (soit plus du tiers du marché mondial). Une performance favorisée par les BATX (équivalent chinois des GAFA), qui représentent les standards en termes d'usages et de technologies : Baidu, connu pour son moteur de recherche, Alibaba (et JD.com) pour leurs plateformes e-commerce, Tencent pour son application WeChat, et Xiaomi pour la téléphonie mobile, sont les entreprises chinoises les plus importantes du digital en Chine. S'agissant de la transformation numérique, le gouvernement chinois, épaulé par les BATX et leurs écosystèmes de prestataires de services et de créateurs de contenu, a lancé une stratégie en 2013 basée sur le «tout-digital», en attaquant simultanément les secteurs du big data, la réalité virtuelle, le depp learning, les services publics, la conduite autonome, les drones et la robotique. S'agissant du eGov, la Chine s'y est mise plutôt tardivement (un plan enclenché en 2015 pour un bouclage prévu fin 2020). Pourtant, force est de constater qu'en l'espace de 5 ans seulement, le pays a digitalisé plusieurs de ses services publics : des documents administratifs de base qui sont désormais entièrement générés par voie digitale jusqu'à l'organisation de la circulation des véhicules, en passant par les lunettes à réalité augmentée qui permettent aux agents de police d'opérer des reconnaissances faciales sur des suspects. L'APEBI y croit dur comme fer : le rapprochement avec la Chine est l'élément qui va permettre au Maroc de concrétiser son «frog jump» technologique.