De plus en plus de jeunes s'essayent au statut de l'auto-entrepreneur. La CGEM a l'ambition de les connecter aux écosystèmes pour qu'ils aient accès à des opportunités. Le plafond de chiffre d'affaires est une entrave. «Travailler quand je veux et où je veux», Hatim, jeune entrepreneur de 25 ans, en a fait sa devise. Après trois années passées chez un géant de l'informatique, il s'est lancé dans la création de sites web. Pour cela, il a opté pour le statut de l'auto-entrepreneur. Ce statut «permet de stimuler l'entrepreneuriat et d'offrir un cadre légal d'exercer une activité professionnelle. Mais le grand plus est d'être dispensé de plusieurs charges comme la tenue de comptabilité, le registre de commerce...», explique-t-il. Comme lui, de plus en plus de jeunes empruntent cette nouvelle voie. En quelques clics, la procédure de création du statut est bouclée, le dossier étant facile à constituer… «Par contre, le délai pour avoir un statut AE actif et recevoir la carte AE est sujet de polémique. Le délai standard varie de 1 semaine à 15 jours. Cependant, dans certains cas, le délai peut durer des mois», constate pour sa part Youssef Belkziz, auto-entrepreneur également, spécialisé dans le web marketing. Quatre années après son lancement au Maroc, le nombre de personnes inscrites à ce statut ne cesse d'augmenter: 100 000, selon le dernier décompte du groupe Barid Al Maghrib, sur une population cible de 3 à 4 millions de personnes au départ. Sur les inscrits, 36% sont des femmes, 44% opèrent dans le commerce, 32% dans les services, 18% dans l'industrie et 6% dans l'artisanat. A noter que 50% d'entre eux exercent leurs activités à domicile. Quant au chiffre d'affaires réalisé, il s'élève à 416 MDH en 2018, ce qui a permis à l'Etat de percevoir jusqu'à 7,8 millions sous forme d'impôt sur le revenu. Quelques nouveautés ont été apportées à ce statut en 2019, notamment le taux d'imposition appliqué au chiffre d'affaires annuel qui a été réduit de moitié pour les deux types d'activités : de 0,5% au lieu de 1% pour les activités commerciales, industrielles et artisanales et 1% au lieu de 2% pour les prestataires de services. De même que les majorations et les pénalités de retard ont connu une réduction significative. Ces mesures fiscales relatives aux sanctions s'appliquent seulement en cas de non-respect des délais de déclaration de chiffre d'affaires et paiement d'impôt sur le revenu. L'absence d'un système de couverture sociale bride les initiatives Ceci dit, la formule présente encore quelques failles. Dès que l'on évoque les contraintes auxquelles ils font face, les exemples ne manquent pas. «Certains points essentiels restent à fixer comme l'adhésion à la CNSS, le paiement en ligne des impôts, le plafond annuel de chiffre d'affaires pour les prestations de services...», précise Youssef Belkziz. Par exemple, le plafond annuel de chiffre d'affaires fixé à 200 000 DH est l'une des contraintes qui a poussé Amine B., cadre bancaire mais aussi auto-entrepreneur, à résilier son statut. Spécialisé dans la promotion des voyages touristiques, il a fini par opter pour la SARL étant donné que ses revenus ne cessaient d'augmenter, dépassant le plafond de 200 000 DH. L'absence de couverture maladie est un autre problème soulevé par les opérateurs. En principe, ce ne sera plus pour longtemps, les textes d'application seraient prêts . Ne reste plus que la signature finale du chef de gouvernement. Chaque catégorie (professions libérales, travailleurs indépendants, non-salariés, auto-entrepreneurs) pourrait ainsi connaître le taux de cotisation adapté à son activité. En attendant, quelques grandes entreprises n'ont pas hésité à encourager leurs salariés notamment les retraités, à opter pour le statut AE, étant entendu qu'ils sont déjà couverts. Le manque d'une communication régulière autour du statut est également déplorée. «Les organismes chargés d'offrir ce genre de services ne le font pas encore», précise M. Belkziz. A cet effet, la mise en place de programmes et d'initiatives de sensibilisation, d'assistance technique, de formation et d'appui serait la bienvenue. C'est ce à quoi veut remédier notamment la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) à travers sa commission TPE-PME et auto-entrepreneur. «Le vrai problème est que ces entrepreneurs n'ont pas souvent accès à des opportunités d'affaires. Il faut pouvoir les connecter aux écosystèmes pour qu'ils puissent développer des affaires», précise Zakaria Fahim, président de ladite commission. Selon lui, des mesures draconiennes doivent être appliquées pour combler toutes ces lacunes et encourager plus de personnes à rejoindre ce statut.