La majorité des objectifs tracés par la stratégie énergétique du Royaume en 2009 ont été atteints, à en croire Rachid Idrissi Kaitouni, président de la Fédération de l'énergie. Les perspectives de développement sont prometteuses compte tenu de l'enveloppe. Fondée en 2001, la Fédération de l'énergie est un acteur clé du paysage énergétique. Elle regroupe aussi bien les mastodontes que les PME opérant dans le secteur de l'énergie. Son président, Rachidi Idrisisi Kaitouni, revient sur les réalisations de la stratégie énergétique du royaume, l'apport du secteur privé via la fédération et les perspectives de développement du secteur de l'énergie. Cela fait dix ans qu'une nouvelle stratégie énergétique nationale est mise en œuvre. Quel bilan en faites-vous ? La transition énergétique nationale lancée en 2009 par S.M. MohammedVI, que Dieu l'assiste, a atteint après une décennie la majorité de ses objectifs. Il s'agit, entre autres, de : l'équilibre de l'offre et de la demande avec une marge de réserve électrique très satisfaisante ; la réduction de la dépendance énergétique de 98% en 2008 à environ 93% à fin 2018 grace aux énergies renouvelables ; l'augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix électrique national à 35% à fin 2018, avec une capacité installée de plus de 2.965MW. Côté projets, il y a lieu de citer la mise en service de la centrale de Safi d'une capacité de 1 386 MW. Celle-ci est la première centrale thermique en Afrique basée sur la technologie ultra-supercritique permettant de diversifier le mixte énergétique, au moindre coût et avec une empreinte environnementale plus réduite, en comparaison avec les centrales au charbon conventionnelles, notamment en matière d'émissions de CO2. Sur un autre registre, le royaume s'est doté d'une nouvelle stratégie d'efficacité énergétique qui lui permettrait une économie d'énergie d'environ 20% à l'horizon 2030 en ciblant les secteurs les plus consommateurs d'énergie : Transport, Industrie, Bâtiment, Agriculture et Eclairage public. Elle sera mise en oeuvre dans le cadre d'un contrat-programme sur les cinq prochaines années entre l'Agence Marocaine de l'Efficacité Energétique (AMEE), les départements ministériels concernés et les différentes régions du Royaume. N'étant pas en reste, les interconnexions électriques seront renforcés grâce à plusieurs projets en cours avec nos pays voisins. A ce titre, la phase étude a été déjà lancée pour la réalisation d'une interconnexion entre le Maroc et le Portugal d'une capacité de 1 000 MW ainsi qu'une troisième interconnexion entre le Maroc et l'Espagne et une future interconnexion avec la Mauritanie. S'agissant du développement de filières industrielles nationales pour accompagner, en particulier, la construction de centrales solaires et éoliennes, l'unité de production des pâles pour éoliennes en matériaux composites par la société Siemens Green Power à Tanger est une première success story. Enfin, l'offre de formation a été enrichie par la création des Instituts de Formation aux métiers des energies renouvelables et de l'efficacité énergétique (IFMEREE) à Oujda et à Tanger et bientôt Ouarzazate, afin de former des techniciens spécialisés dans la gestion et la maintenance des centrales solaires et éoliennes. Quel est l'apport de votre fédération dans le virage pris par le Maroc ? Effectivement, le secteur privé marocain de l'énergie, représenté par la Fédération de l'énergie, est une partie prenante essentielle dans la mise en place et la réussite de la stratégie de la transition énergétique nationale. A ce titre, notre fédération, à travers l'ensemble de ses membres, et en étroite collaboration avec le ministère de l'énergie, des mines et du développement durable est pleinement mobilisée pour la réussite de ce processus à travers la promotion des partenariats Public-Privé et Privé-Privé. Ces partenariats sont aussi bien d'ordre financier que technologique et industriels. L'accompagnement de ce processus par notre fédération se traduit par différentes actions, dont : la participation à l'élaboration et à la mise à jour du cadre juridique et réglementaire ; l'organisation de conférences, séminaires et workshop sur des thématiques d'actualité relatives au secteur de l'énergie en général et de la transition énergétique (énergies renouvelables, GNL, Smart grids, biomasse, stockage, etc.) ; la conduite et la diffusion d'études sectorielles et de prospectives permettant une veille législative, technologique et économique du secteur; la communication et la diffusion des politiques, réglementations et actualités du secteur au travers des outils et supports de communication de la fédération (Revue, Newsletter, site web, etc.) ; l'appui et l'encouragement de la R&D et de l'innovation dans le domaine de l'énergie, et la contribution à la mise en place de structures de formation aux métiers liés au secteur de l'énergie. Quelles sont les perspectives de développement du secteur ? Les perspectives sont prometteuses. En effet, le Maroc s'est engagé à investir 14 milliards de dollars entre 2018 et 2023 pour accélérer la transition énergétique nationale. Ces investissements seront consacrés au développement du secteur énergétique dans plusieurs segments. A commencer par les énergies d'origine renouvelable avec une capacité supplémentaire de 10 000 MW répartis en 4 500 MW d'origine solaire, 4 200 MW d'origine éolienne et 1300 MW d'origine hydroélectrique à l'horizon 2030. Il y a également le déploiement du projet Gas to Power et Gas to industry. Ce projet porté par l'ONEE s'inscrit dans le cadre du partenariat Public/Privé et qui consiste à financer, construire et exploiter plusieurs infrastructures gazières et électriques (terminal GNL incluant une usine de regazéification à Jorf Lasfar, gazoduc haute pression de 400 km reliant le terminal au Gazoduc Maghreb- Europe en passant par Mohammédia et Kénitra, et 4 centrales à cycle combiné alimentées en GNL d'une capacité totale de 2 700 MW). Le focus sera mis également sur le développement et le renforcement du réseau de transport électrique et la mise en place d'interconnexions électriques avec les pays voisins afin de renforcer la sécurité énergétique et de réduire l'effet des intermittences induites par la production d'électricité d'origine renouvelable sur la stabilité du réseau. Enfin, le rythme de réduction de la dépendance énergétique, qui pèse lourdement sur la balance commerciale de notre pays, sera accéléré pour atteindre un taux de 70% en 2030.