S'il est un point sur lequel le gouvernement ne peut pas céder dans ce bras de fer, c'est bien celui de l'intégration à la fonction publique par opposition à un recrutement via les académies régionales. La réforme de l'enseignement au Maroc a toujours ressemblé à du replâtrage. Et ce qui est valable pour le contenu pédagogique, l'amélioration de la qualité, le choix des langues, l'est également pour le corps enseignant. La crise des enseignants stagiaires de 2015-2016 et de la fameuse séparation de la formation du recrutement –sur fond d'imbroglio juridico-politique– n'est pas encore oubliée qu'une nouvelle crise, cette fois-ci des enseignants contractuels, éclate et risque de s'éterniser. La menace d'une année blanche est brandie. Si le contexte et les causes de ces deux crises diffèrent sur certains points, toutes les deux sont riches en enseignements. Le principal renvoie au rôle du politique et du gouvernement, celui de convaincre. Or, les ministres successifs qui ont eu la charge de l'éducation –et des finances car les deux sont intimement liés– ont complètement échoué à ce niveau, car enfermés dans leur mutisme ou très mauvais communicants. Quand bien même leurs arguments seraient valables (et c'est en grande partie le cas de l'actuel gouvernement), la manière de mener les discussions ne suit pas toujours. L'argument majeur de Saïd Amzazi est la régionalisation avancée. Elle va de pair avec davantage de moyens financiers accordés aux régions, par le biais de la fiscalité et des transferts directs des budgets de l'Etat, mais également le transfert des attributions de l'Etat et la mobilisation de ressources humaines et ce, sur tout le territoire marocain. Pour cela, il faut que des personnes acceptent de travailler dans les régions, autres que celles du centre, pourvu qu'elles soient attractives du point de vue du cadre de vie. C'est un chantier historique qui prendra, sans nul doute, des années. L'enseignement et tous les autres secteurs sont concernés. C'est dire que s'il est un point sur lequel le gouvernement ne peut pas céder dans ce bras de fer, c'est bien celui de l'intégration à la fonction publique par opposition à un recrutement via les académies régionales. Reculer sur ce point, c'est se discréditer. Convaincre est sa seule et unique option.