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Le surmenage affecte plus ceux qui manquent de souplesse
Publié dans La Vie éco le 27 - 05 - 2005

Au Maroc, le surmenage est un fourre-tout, souvent on y inclut aussi la dépression.
Les personnes en position de contrôle sont les plus menacées par le phénomène.
L'absence de plaisir dans le travail et l'un des élements qui accentuent le malaise.
La pression des objectifs, la volonté de bien faire pour obtenir une reconnaissance sociale ou tout simplement le besoin d'accumuler des ressources financières poussent nombre de personnes à solliciter au maximum leur force physique ou mentale. Au-delà du possible, on craque. Prenons-en conscience et lever le pied sur la pédale quand il le faut pour repartir de bon-pied. C'est ce que conseille Ghita Mseffer, psychologue et professeur de psychologie du travail à l'Ecole supérieure de psychologie, Casablanca.
La Vie éco : Comment définir un salarié surmené ?
Ghita Msfer : C'est quelqu'un qui travaille au-delà de ses limites. C'est-à-dire qui se trouve, à un moment donné de sa vie, dans un extrême. On le sait, tout extrême dénote d'une pathologie. Trop peu ou trop dans l'excès, c'est cela la pathologie.
Quelles sont les origines de cet excès ?
Les origines sont de deux ordres : personnel et social.
Sur le plan personnel, premièrement, le surmenage n'est pas l'origine de la souffrance. Ce n'est qu'un symptôme. Mais derrière chaque symptôme, il y a des raisons cachées. Parmi ces raisons cachées, certaines sont liées à la personnalité. Par exemple, on a des sujets obsessionnels, méticuleux, qui ont du mal à déléguer. En résumé, ils ont du mal à se séparer du travail et le prennent trop à cœur. Il n'arrive pas à créer une distance entre leur travail et leur personne.
L'absence de délégation peut s'expliquer par le déficit de confiance vis-à-vis des collaborateurs. Ceux qui sont dans cette situation ont l'impression que le travail ne sera jamais aussi bien fait que par eux-mêmes.
Un autre point essentiel : je me suis rendu compte qu'on pouvait tout mettre dans le surmenage. C'est un «terme fourre-tout». Et derrière beaucoup de surmenage, on peut trouver des dépressions : le salarié se sent fatigué, n'a pas envie de faire, d'agir ; il est irritable, susceptible, affecté.
Et au niveau social ?
Nous sommes dans une société où l'on reconnaît davantage le surmenage que la déprim. Vous entendez beaucoup les salariés dire : «Je suis surmené», mais moins «je suis déprimé». Souvent, ils assimilent le surmenage au travail donc ils peuvent penser que c'est un signe de compétence et de sérieux, alors que, derrière ces qualités, il y a une dépression cachée. On trouve les mêmes symptômes que dans la dépression, c'est pourquoi il peut y avoir une confusion entre les deux.
J'ajouterais que ce n'est qu'à partir du XVIIe siècle, en Europe, particulièrement en France, avec l'émergence de la bourgeoisie, qu'il y a eu un nouveau rapport avec le travail. On associe travail et plaisir. En effet, on réussit davantage quand on est à l'aise dans ce qu'on fait.
Jusque-là, le travail était perçu comme une souffrance. Ici aussi on utilise toujours le terme de ch'ka (la peine) : le travail est perçu comme une source de souffrance : je suis sérieux parce que je souffre.
Quels sont les sujets les plus exposés au surmenage ?
Nous avons évoqué le cas des obsessionnels, des méticuleux… Ce sont des personnes qui ont des fragilités qui remontent à l'enfance. Elles étaient angoissées, avaient peur d'échouer et faisaient le maximum pour réussir. C'est cette pression qui ne les as pas quittées.
Est-ce un problème d'estime de soi ?
Ce n'est pas le cas, mais ce sont des personnes qui ne connaissent pas leurs limites. Elles ne veulent pas renoncer, elles veulent tout faire et tout réussir. Il y a ce que l'on appelle, en psychologie, la dimension du manque. Elles n'admettent pas leur manque, alors que si on ne l'admet pas, il est difficile d'avancer.
En somme, on a besoin de renoncer à certains éléments pour pouvoir avancer. Et souvent dans les entreprises, les personnes qui souffrent de surmenage sont des personnes qui ne renoncent pas, qui veulent faire leur travail, celui de leur collègue ou de leurs collaborateurs. C'est-à-dire de tous ceux qui les entourent. C'est souvent des personnes qui se trouvent dans une position de contrôle.
C'est-à-dire qui ont des responsabilités, une équipe à diriger…
Non ! On peut être dans une position de contrôle à tous les niveaux hiérarchiques. Par exemple, l'assistante de direction peut aussi être dans une position de contrôle. En somme, c'est toute personne qui aime que les choses se passent comme elle les a prévues, qui aime maîtriser, contrôler, organiser. Dans ce cas, on est plus irritable. Or dans la vie, rien ne se passe comme prévu, ou rarement.
Comment trouver un équilibre ?
La solution se situe à plusieurs niveaux. D'abord, l'entreprise a des devoirs envers ses salariés. Et parmi ses devoirs, elle a besoin de les aider à se connaître, à connaître leurs limites et leurs atouts. Cela passe notamment par des séminaires de formation en développement personnel. L'entreprise a aussi besoin de créer un climat de confiance, des conditions qui permettent à un salarié en phase d'être fragilisé de pouvoir en parler. L'écoute de la hiérarchie et des collègues est essentielle.
Aucune entreprise ne peut fonctionner à long terme sans l'épanouissement de ses salariés. C'est pourquoi on voit l'apparition de séminaires comme le team-building, la cohésion d'équipe, la gestion du stress… Tous les thèmes liés à la psychologie du travail.
Ensuite, au niveau individuel, il est important que chacun prenne sa santé mentale en main. C'est un capital qu'on a besoin d'entretenir. Le fait de souffrir, d'être tendu, d'angoisser, n'est pas une fatalité. C'est quelque chose qui se soigne.
Avec quels moyens ?
Les outils que je viens d'évoquer ou le coaching sont utilisés. Quand le cas est plus sérieux, on passe à la psychothérapie. Mais le travail personnel est important. L'équilibre psychologique n'est pas un état, mais une quête. C'est notre devoir envers nous-mêmes que de travailler pour notre équilibre, d'apprendre à être à l'écoute de nous-mêmes. On est continuellement dans un système de balance, d'équilibre et de rééquilibre. Ce sont souvent les personnes qui manquent de souplesse qui risquent de sombrer dans le surmenage.
En résumé, les gens qui ont un sentiment d'obligation et qui s'y enferment risquent le plus un surmenage. Pourquoi, parce qu'il n'y a pas de plaisir dans ce qu'ils font. Alors que le plaisir et le désir sont les moteurs de l'équilibre. C'est parce que nous avons du plaisir nous désirons que nous avançons. L'obligation nous enferme dans un cercle de souffrance.
Dans la vie, nous avons toujours le choix de faire ou de ne pas faire. Par exemple, choisir de pas être reconnu professionnellement à un moment de sa vie mais d'obtenir son équilibre psychologique, d'accepter de ne pas être le salarié le plus brillant pour pouvoir redémarrer.
ghita Mseffer Psychologue
«On ne peut tout faire, tout contrôler. On a besoin de renoncer à certains éléments pour pouvoir avancer».


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