Le marché de l'emploi est en train de se professionnaliser. C'est la grande tendance actuelle. La preuve, on constate que les entreprises affinent de plus en plus leur recrutement, sur des postes très pointus. Saad Benkirane DG du cabinet Idoine «Les profils généralistes n'ont pas la cote» «Le marché de l'emploi est en train de se professionnaliser. C'est la grande tendance actuelle. La preuve, on constate que les entreprises affinent de plus en plus leur recrutement, sur des postes très pointus. Plus de recrutement en masse mais en qualité. Par exemple, on assiste à l'émergence de nouveaux profils tels que l'ingénieur en dépollution industrielle, le responsable consolidation ou encore le directeur de politique RH qui n'est ni «directeur» des ressources humaines, ni «responsable» non plus. Ce constat est relatif à notre activité en tant que cabinet. Ce qui n'est peut-être pas le cas des autres. D'ailleurs, même à travers les annonces presse, les intitulés et les descriptifs de poste sont plus précis et plus détaillés en termes de responsabilités. Autant dire que la sélection se resserre de plus en plus, surtout pour les candidats «généralistes» qui perdent du terrain sur les experts dans les positions de middle management. Cela indique également que les entreprises préfèrent s'entourer de compétences-clés, qui soient aussi ouvertes sur d'autres métiers. Les compétences sectorielles sont demandées, mais peuvent aussi être techniques. Sur ce plan, les candidats de ce type n'ont pas de mal à trouver du travail. Les commerciaux ne sont pas en reste. Ces profils ont toujours le vent en poupe sur le marché de l'emploi. De manière générale, les entreprises mettent davantage l'accent sur les qualités personnelles que techniques. Pour l'informatique, une double compétence, technique et métier, est de plus en plus demandée pour répondre aux exigences de paramétrage et d'implémentation d'ERP (enterprise resouce planning ou progiciel). Ils doivent faire preuve d'ouverture sur les métiers de la finance, du marketing ou autres. Autre particularité du marché, une demande croissante de cadres européens désireux de travailler au Maroc. Là aussi, on assiste à une sorte de mondialisation poussée pour certains postes.» Ali Serhani Consultant à Gesper Services «Commerciaux, juristes, fiscalistes et ingénieurs font l'essentiel du marché» «Il est difficile de se prononcer de manière précise sur la tendance actuelle du marché de l'emploi. Mais on peut quand même relever que certains métiers sont toujours plébiscités sur la place, les commerciaux en premier lieu. Ces derniers sont très demandés et ce dans tous les secteurs d'activité. Malheureusement, l'adéquation de la demande avec l'offre fait encore défaut. Nous avons constaté également une forte demande pour les postes d'ingénieurs, particulièrement dans l'industrie de la peinture. De nouveaux profils intéressent beaucoup les entreprises depuis quelques années. Il s'agit principalement des spécialistes en droit des affaires ou en fiscalité, mais aussi en droit international. Ceci est expliqué par les changements qui s'opèrent actuellement dans l'environnement des affaires, principalement dans le secteur banque et assurance. Une exigence de base tout de même, le candidat doit maîtriser au moins trois langues étrangères. Les responsables RH sont également recherchés car, avec le nouveau code du travail, les entreprises doivent harmoniser leur gestion administrative. Ils doivent cependant avoir une bonne maîtrise du droit social pour traiter des dossiers comme les plans sociaux ou les départs volontaires. Le marché enregistre également, et plus que d'ordinaire, des offres pour les postes de responsables des achats et logisticiens. Une meilleure maîtrise des frais généraux a poussé les entreprises à s'entourer davantage de ces «gardiens du temple». Enfin, l'ouverture internationale pousse aussi les entreprises à se doter d'assistantes de direction confirmées. Côté langue, l'accent est de plus en plus mis sur l'espagnol ou l'arabe classique. Bien évidemment, l'anglais reste indispensable. Les métiers de la finance connaissent aussi une petite révolution puisqu'on demande aux titulaires de maîtriser davantage les normes internationales comme les normes IFRS (international financial reporting standards), par exemple. Quant à la répartition par régions, même si l'axe Rabat-Casa-El Jadida continue de comptabiliser l'essentiel des recrutements, Tanger est en passe de devenir une zone concurrente. Et pour cause, la zone franche ou encore le projet Tanger-Med viennent donner un second souffle au marché de l'emploi. Ce n'est pas pour rien que certains cabinets de recrutement de la place ont déjà installé une antenne sur place.» Younes Mouhib DG de Positif conseil «Les call centers continuent de recruter en masse dans les métiers de base, mais aussi pour le top management» «En raison du phénomène de la délocalisation et du développement des franchises, les call centers continuent de drainer un nombre important de candidats, aussi bien pour les métiers de base que pour le top management. Pour ce qui est des métiers de base (télé-acteurs), on constate de plus en plus une spécialisation vers les métiers des télécoms, banque et assurance, téléphonie ou encore les nouvelles technologies. La maîtrise de l'italien, de l'espagnol et de l'allemand est fortement appréciée. En ce qui concerne le top management, on remarque que le marché a atteint ses limites. Ce qui fait que ces derniers s'arrachent au prix fort. Les chasseurs de têtes doivent se battre sur ce créneau. Autre nouvelle tendance, la délocalisation vers de nouvelles villes en dehors de Casablanca. Rabat, Tanger, mais aussi Marrakech sont de plus en plus sollicitées, surtout Marrakech où l'on peut trouver certains profils qui maîtrisent plusieurs langues étrangères à la fois. Qualité, logistique, ressources humaines, toutes ces fonctions restent d'actualité. Il y a aussi un regain d'intérêt pour les nouvelles technologies. Web designers, créateurs multimédias et autres sont de plus en plus sollicités en raison de la volonté des entreprises de se doter d'une vitrine internationale. On sent également une certaine effervescence pour les spécialités des ERP (système d'information). Les salaires de ces derniers atteignent des niveaux assez élevés.» .