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On veut vous débaucher ? Quelques précautions s'imposent
Publié dans La Vie éco le 12 - 03 - 2004

Salaire, évolution de carrière, responsabilité ou simple
désir de changement : autant de facteurs qui poussent les cadres à
accepter une offre de débauchage.
Une décision prise sur la base de simples considérations financières
peut se révéler désastreuse.
On doit multiplier les contacts avec son futur recruteur pour être fixé
sur l'offre.
«Votre profil nous intéresse. Nous vous offrons un cadre de travail agréable, un poste de responsabilité, la possibilité de faire carrière et un salaire motivant. Nous serons heureux de vous compter parmi nous !». Ce sont en substance les propos qu'utilisera une entreprise qui souhaite débaucher un cadre en activité. Au Maroc, et sauf pour des profils très pointus donc rares, le débauchage n'est pas encore pratique courante mais, de plus en plus, les entreprises n'hésitent plus à aller chercher les bons profils là où ils se trouvent, soit par l'intermédiaire de chasseurs de têtes, soit par approche directe. «Cette pratique concerne surtout les cadres "haute performance" ou "valeurs sûres" sur lesquelles l'entreprise cliente mise, comptant sur leur capacité à être immédiatement opérationnels et leur savoir-faire pour réussir un challenge, booster les résultats de l'entreprise dans un domaine donné, ou encore redresser une situation. Il s'agit généralement de cadres aux compétences sûres et reconnues par leurs pairs, jouissant de surcroît d'une certaine notoriété dans leur domaine d'activité», note Youness Mouhib, dg de Positif Conseil, cabinet de recrutement.
Comment les cadres réagissent-ils à de telles propositions ? «Leur réaction au contact d'un chasseur de têtes est généralement plutôt positive. Cette réaction est légitime et trouve ses sources dans la volonté et le droit de gérer sa propre carrière et donc de rechercher ce qu'il y a de mieux pour soi», ajoute-t-il. En fait, les facteurs qui poussent à accepter un débauchage sont multiples. Cela va du manque de reconnaissance à la mauvaise ambiance de travail, en passant par un taux d'encadrement faible, impliquant une charge de travail trop importante, une organisation mal pensée ou encore des rapports tendus avec son supérieur hiérarchique direct. Mais, plus que tous ces facteurs, c'est surtout l'offre financière et le sentiment d'être courtisé qui expliquent la tentation.
Les opportunités de développement des compétences sont aussi importantes que le salaire
Et il arrive parfois que l'on se trompe ! Si une proposition de débauchage, signe de reconnaissance de certaines qualités professionnelles, est toujours flatteuse, elle doit être appréciée avec beaucoup de recul. Il est toujours tentant d'améliorer sa situation financière ou d'inscrire, sur sa carte de visite, un titre qui ouvre les portes. Mais la réalité ne correspond pas toujours aux attentes. Elle peut même parfois tourner au cauchemar. Certains «chasseurs de primes» atterrissent dans des entreprises désorganisées ou sans réel projet. Beaucoup ne retrouvent pas l'entreprise idéale de leurs débuts après avoir raté leur intégration chez le nouvel employeur. D'autres attendent une promotion qui ne viendra jamais.
«Je me souviens du cas d'un cadre qu'on venait de recruter et qui recherchait, en réalité, une respectabilité accrue sous la pression de sa belle-famille. On lui avait proposé un élargissement de son domaine d'intervention, une augmentation de salaire et un titre plus clinquant. Deux ans plus tard, il occupait toujours le même poste…», témoigne un DRH. C'est la raison pour laquelle Essaid Bellal, DG du cabinet Diorh, préconise de miser plutôt sur l'employabilité et non sur l'évolution de carrière ou le salaire. Plutôt que de chercher le titre ou l'argent, il vaut mieux chercher à élargir ses compétences pour pouvoir trouver plus facilement un autre emploi une fois que l'on décidera de chercher ailleurs, sachant que rester à vie dans une entreprise ou un poste est une notion révolue.
Une fois réglé le problème du poste, vous ne serez pas encore au bout de vos peines car, entre ce que vous avez imaginé et le quotidien que vous vivrez dans votre nouvel emploi – où, de surcroît, c'est vous qui courrez le plus de risques -, la différence est parfois de taille.
Avant de se lancer dans une nouvelle aventure, il convient donc de mener une réflexion de fond et de trouver des réponses claires à ses propres interrogations. Que souhaitez-vous trouver de différent dans un nouvel emploi ? Si c'est le salaire, il faut vraiment que le jeu en vaille la chandelle et que la différence soit notable. Qu'attendez-vous de la future entreprise ? Quelle est la nature du projet professionnel proposé ? «À la rigueur, une petite enquête sur le climat social de l'entreprise et son style de management peut permettre d'envisager la suite des événements et d'éviter les mauvais choix», souligne M. Mouhib. Il est tout aussi utile de rencontrer, en toute confidentialité, des cadres de cette entreprise pour avoir un autre son de cloche.
Essaid Bellal préconise de multiplier les contacts avec son futur recruteur, mais aussi avec le responsable direct, avant de signer un contrat. Une façon de tâter le terrain et de connaître le comportement de ses futurs collaborateurs. Et, surtout, n'hésitez pas à poser les questions qui gênent, même si cela risque de compromettre vos chances de décrocher le poste. N'oubliez pas que vous partez avec un avantage du fait que c'est l'entreprise qui cherche à vous recruter et non vous qui êtes demandeur.
Enfin, si des entretiens personnalisés permettent de négocier point par point tous les avantages et besoins exprimés, il est judicieux pour l'employé de faire coucher toutes ces promesses par écrit. «En d'autres termes, on ne quitte pas son emploi actuel sans avoir obtenu des garanties réelles du nouvel employeur», souligne le DG de Positif Conseil. Demandez une fiche de poste, si elle existe, et n'oubliez pas… la lettre d'engagement avant de démissionner


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