Autrefois utilisé pour le reclassement, le bilan de compétences est aujourd'hui un outil efficace pour redonner un élan à sa carrière. Mobilité, promotion, formation, reconversion… le bilan peut être envisagé dans différents cas de figure. Il est aussi l'occasion de découvrir des talents caché… Démotivation, instabilité, insatisfaction, mauvaise orientation… qui n'a pas eu à affronter une période d'incertitude à un moment de sa carrière ? Face à de tels aléas, il est évident qu'on ressente le besoin de faire le point sur sa vie professionnelle.Solution ? Le bilan de compétences pour savoir où l'on veut (et surtout si l'on peut) aller. C'est l'exemple de Mohamed Chani, cadre commercial dans le secteur automobile. Après plus de sept ans a ce poste, il n'en pouvait plus. «Je ne me sentais plus progresser. Il fallait que je change d'orientation, voire de métier. Cependant, je ne savais pas comment procéder». Pour y voir plus clair, il a réalisé un bilan de compétences. Idem pour Taoufik B., cadre supérieur dans une compagnie d'assurances, qui a effectué la même démarche sur demande de sa direction générale, alors en cours de réorganisation, et qui voulait le promouvoir à la tête d'une équipe dans le département ressources humaines. Pour cela, elle voulait s'assurer qu'il était «l'homme qu'il faut à la place qu'il faut». Un exercice éprouvant de découverte de soi Autrefois utilisé pour le reclassement des cadres, le bilan de compétences s'avère aujourd'hui plus que nécessaire pour redonner un élan à sa carrière. C'est un exercice utile parce qu'il sert avant tout à faire le point sur son parcours professionnel, à identifier les compétences, à analyser les motivations, à définir les objectifs et à répondre aux exigences nouvelles du marché de l'emploi. «Il est surtout utile quand la personne se trouve dans une situation d'impasse dans son poste actuel ou quand elle doit faire face à un problème d'orientation», explique Abdelilah Jennane, directeur de l'Institut des ressources humaines (IRH). Et de poursuivre : «C'est un exercice délicat dans la mesure où la personne doit décrire ses compétences. Peu de gens sont habitués à cette démarche. Du coup, ils n'arrivent pas à se mettre en valeur». En principe, un bon bilan de compétences peut se dérouler sur plusieurs jours et exige plusieurs séances de travail car il appelle sans cesse à se remémorer toutes ses réalisations. Loin d'être une psychothérapie ou un simple diagnostic permettant l'adéquation entre le profil et le poste, l'outil va plus loin, en définissant un projet professionnel. «Etudier un projet de création d'entreprise, s'adapter à une nouvelle fonction, évoluer vers un nouveau métier… le bilan aide à trouver des possibilités d'évolution», souligne le directeur de l'IRH. Et ce n'est pas M. Chani qui dira le contraire puisqu'il a trouvé ce à quoi il aspirait. «Le bilan m'a aidé à prendre de la distance par rapport à mon parcours professionnel, en analysant ses dysfonctionnements. J'ai pu par la suite m'orienter vers la communication, métier plus en adéquation avec ce que je suis réellement». Ce n'est donc pas un hasard si certaines entreprises de la place ont privilégié cet outil pour redynamiser leurs équipes. «Il est utilisé pour la plupart des postes au sein de la société. Il est également intéressant pour déterminer le niveau de leadership des cadres», explique Khalid Oudghiri, directeur régional des ressources humaines de Shell Nord Afrique. Certains cadres y voient une remise en question de leurs compétences Toutefois, on peut ne pas adhérer à l'idée d'effectuer un tel bilan. Certains cadres qui se voient proposer un bilan par leur supérieur hiérarchique vivent cela comme une remise en cause de leurs compétences professionnelles. Quant à ceux qui aimeraient sauter le pas, ils hésitent à en parler à leur supérieur, de crainte que leur démarche ne soit interprétée comme un signe de démotivation, voire comme la volonté de quitter l'entreprise à plus ou moins long terme. Mieux vaut s'entourer de quelques précautions pour qu'un bilan se passe bien, et commencer par faire preuve de patience. Certains cadres estiment en effet qu'après un bilan, les postes auxquels ils peuvent prétendre leur sont dus. A la limite, il vaut mieux définir des axes de progression si l'on veut éviter tout quiproquo.