L'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) n'y est pas allé par quatre chemins. Dans son rapport sur 2017, cet organisme a mis l'accent sur la nécessité de protéger les droits des toxicomanes et des auteurs présumés d'infractions liées à la drogue, à tous les stades de la procédure pénale ; tout en appelant à l'abolition de la peine de mort pour ce type d'infractions. Dans un autre sens, il réaffirme que la légalisation du cannabis à usage non médical est incompatible avec les obligations incombant aux Etats, en vertu des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. Tolérance, mais aussi un peu plus de vigilance quant à l'usage des substances néfastes à la santé de l'homme, tel est le message qui apparaît dans ce rapport présenté, le 1er mars à Rabat, par le professeur Jallal Toufiq, membre de l'OICS. Publication qui coïncide avec la commémoration du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme des Nations Unies. L'OICS insiste sur le fait que l'accès au traitement de la toxicomanie doit être considéré comme un droit à la santé. Or, à l'échelle mondiale, seule une personne sur six, parmi celles qui ont besoin d'une prise en charge, a accès à des programmes de traitement de la toxicomanie. Et même lorsqu'un traitement est disponible, il est souvent de «piètre qualité» et peut ne pas être dispensé conformément aux normes internationales. C'est pourquoi l'organisme exhorte les gouvernements à faire davantage pour le traitement, la réadaptation et la réinsertion des personnes qui souffrent de troubles liés à l'usage de drogues. Deux centres de traitement des toxicomanes ouverts au Maroc en 2017 En ce qui concerne l'Afrique, le rapport indique que la consommation de divers types de drogues, dont la cocaïne, les opioïdes, les stimulants de type amphétamine, le tramadol et les nouvelles substances psychoactives, est en augmentation. L'OICS relève aussi que la plupart des systèmes de santé des pays africains n'ont pas les ressources et les capacités nécessaires pour assurer des services de prévention et de traitement adéquats. Malgré tout, il reconnaît que plusieurs pays du continent ont amélioré leurs services de traitement de la toxicomanie. C'est ainsi qu'en 2017, deux nouveaux centres de traitement ont été ouverts au Maroc et, depuis 2016, l'utilisation de la buprénorphine y est autorisée en plus de la métadone. L'organe met aussi l'accent sur le fait que l'Afrique occupe une place de plus en plus grande en tant que région de transit pour la cocaïne, comme l'ont confirmé les saisies de grandes quantités de cette drogue. Alors que les années précédentes, les pays d'Afrique de l'Ouest jouaient un rôle décisif dans le trafic de cette substance, les pays d'Afrique du Nord, dont notamment le Maroc, servent aujourd'hui de plus en plus au transit de la cocaïne, en provenance d'Amérique du Sud (directement ou en passant par le Sahel), à destination principalement de l'Europe. En 2016, les autorités marocaines ont fait état de la saisie de 1621 kg de cocaïne, contre 120 kg en 2015. En octobre 2017, elles en auraient saisi 2,5 t en une seule opération qui se serait déroulée sur deux sites. La drogue provenait du Brésil et était destinée à des pays africains et européens. Enfin, en janvier 2017, la police judiciaire a déclaré avoir saisi environ 116 kg de cocaïne à Tanger. Le continent est aussi une région de transit pour les opiacés en provenance d'Afghanistan, qui sont d'abord acheminés en Afrique avant de rejoindre l'Europe, l'Amérique du Nord et d'autres régions. Stabilisation de la production de cannabis au Maroc Pour ce qui est de la production illicite de résine de cannabis, même si elle concerne toutes les sous-régions, elle demeure limitée à quelques pays d'Afrique du Nord, en particulier le Maroc qui est le plus souvent signalé comme pays d'origine. La plus grande partie de la production, au Maroc, de résine de cannabis est destinée à l'Europe. Elle est de plus en plus souvent acheminée à travers la Méditerranée, principalement en direction de l'Italie, pour être ensuite dirigée vers diverses autres destinations. Bien qu'au cours de la période 2010-2015, le Royaume se classait au deuxième rang mondial (et le Nigeria au troisième rang) du point de vue des superficies de culture de cannabis éradiquées, la production semble s'y être maintenue à un niveau stable, du fait de l'introduction de variétés à haut rendement. En effet, de nouvelles techniques de production et des plants à forte teneur en THC y auraient été récemment introduites. En 2016, le Maroc a signalé l'une des plus grosses saisies de résine de cannabis dans le monde, soit près de 237 t. Celle-ci était essentiellement destinée à l'Espagne et la France et, dans une moindre mesure, à la consommation locale. S'agissant du trafic d'herbe de cannabis, les informations disponibles donnent à penser qu'il se cantonne essentiellement à l'Afrique.