Le manque de concertation, le retard dans l'adoption et les prévisions trop ambitieuses pointés du doigt. Le Conseil de la ville de Casablanca va enfin soumettre au vote, durant la deuxième assemblée de la session de février prévue mercredi 14, son Plan d'action communal (PAC). Ce dernier prévoit un investissement global de 52,3 milliards de DH. Alors que la loi organique 113-14 relative aux communes exige l'élaboration de cet outil stratégique durant la première année du mandat du conseil, le PAC de Casablanca n'a vu le jour qu'après deux ans. Ce qui a suscité l'ire des groupes de l'opposition, le PAM et l'Istiqlal en tête. D'autres éléments sont pointés du doigt, à l'instar de l'absence d'une approche participative et d'une valeur ajoutée par rapport au Plan de développement du Grand Casablanca (2014-2020), ainsi que des prévisions financières non réalistes. Dans un courrier adressé récemment au maire, Omar Farkhani, chef du groupe du PAM, énumère ce qui représente selon lui une série de manquements et d'entorses à la loi. «Les commissions permanentes légales ont été écartées de l'étude du projet de PAC et remplacées par une "Commission unique", en contradiction avec ce qui est avancé et surtout en infraction aux articles 35 et 36 du règlement intérieur du Conseil de la ville, ainsi qu'aux articles 10 et 11 du Décret d'application 2-16-301 de la loi organique relative aux communes. L'infraction est flagrante sur le plan financier puisque l'article 35 du Règlement intérieur stipule clairement que l'examen du PAC figure parmi les prérogatives de la Commission permanente chargée des finances», s'insurge l'élu PAMiste. Selon lui, «le projet de PAC ne donne pas d'explications sur la méthodologie de travail adoptée qui a conduit au choix des 5 axes stratégiques et aux trois leviers essentiels du PAC, ni sur le contenu de ces axes». De même, il ne présente pas les innovations qui caractériseraient ce projet soumis aux élus. «Compte tenu du rôle crucial du développement des ressources de la ville pour financer le PAC, il aurait été indispensable de consacrer un long chapitre à ce dossier et non pas juste quelques tableaux de chiffres prévisionnels qui relèvent plus des vœux pieux que de la démonstration scientifique au service d'une vision politique volontariste», conclut-il. Même son de cloche chez l'istiqlalien Houcine Nasroullah, président de la commission des infrastructures pour qui rien ne justifie le retard de deux ans et demi pour l'élaboration du PAC. «Les raisons avancées par la majorité sont caduques. Ni l'absence des décrets d'application de la loi organique durant la première année du mandat ni celle des plans de développement régional et préfectoral qui doivent être cohérents avec le PAC ne justifient ce retard. Les décrets ont été publiés courant 2016 et le président lui-même avait prévu l'élaboration et le vote du plan durant la même année. Un engagement qu'il n'a pas respecté», explique-t-il. Selon lui, le PAC reprend les projets déjà prévus par du PDGC. «Les prévisions financières ne sont pas réalistes. Qui peut croire qu'on peut doubler les recettes de la ville de Casablanca à l'horizon 2022, en passant de 3 à 6 milliards de DH ?», conclut-il. Rendez-vous le 14 février pour voir qui votera pour et qui votra contre ce projet tant controversé.