La ville d'Oujda accueille, du 21 au 24 septembre, les professionnels maghrébins du livre. Lettres du Maghreb rassemble 200 intellectuels pour «dire la jeunesse, écrire l'espoir». Si la capitale de l'Oriental s'enorgueillit de son festival du raï, voici venu le temps des lettres, où elle est encore une fois le rendez-vous maghrébin par excellence. 200 auteurs et intellectuels, officiant dans le domaine de l'édition et du livre, sont invités du 21 au 24 septembre pour débattre, échanger et réfléchir sur la question de la jeunesse, dans une sorte de rassemblement festif, où l'art, le théâtre et la musique auront également leur place. Deux commissaires ont été désignés pour organiser ce Maghreb des lettres : le poète et écrivain Mohamed Najmi, pour les auteurs arabophones et Mustapha Kebir Ammi, pour la partie francophone. Pour parler de la jeunesse et écrire l'espoir, quelque 200 auteurs seront réunis à Oujda, ville frontalière où viennent souvent s'échouer les rêves des migrants, maghrébins et africains. Dire la jeunesse Raconter des histoires et dire les réalités maghrébines est essentiel pour créer un imaginaire commun et appréhender le monde avec clairvoyance, tout en résistant aux influences culturelles envahissantes qui tendent parfois à redéfinir la culture maghrébine. L'enjeu est de taille, surtout lorsqu'on sait que le Grand Maghreb culturel, c'est un marché de 100 millions de consommateurs... Les tables rondes du salon seront dédiées aux sujets d'actualité et aux préoccupations habituelles des intellectuels. Tout en mettant l'accent sur la jeunesse, il sera question de la place de la femme dans la société, de création, de philosophie et de sciences humaines. Sans oublier la poésie qui sera au cœur des festivités au café littéraire baptisée «Abou Al Kacim Chabbi». La littérature jeunesse sera également mise en avant, avec un programme complètement proposé par l'éditrice Amina Hachimi Alaoui de Yanbow Al Kitab. Lettres du Maghreb sera d'ailleurs le premier salon à offrir un prix de littérature jeunesse au Maroc. Rêver le Maghreb Si Mohamed Mbarki, directeur général de l'agence de l'Oriental et président de Lettres du Maghreb, réfute tout dessein politique derrière l'organisation de ce grand rendez-vous du Maghreb, l'écrivain et commissaire de la première édition, Mohamed Najmi, ne cache pas sa joie de réussir par la culture cette ouverture symbolique des frontières, longtemps ratée voire gâchée par les politiques. En effet, peu de personnes ont décliné l'invitation, et ce, pour des raisons logistiques ou d'engagements professionnels. C'est dire l'importance capitale que revêt la manifestation aux yeux des intellectuels de la région. En outre, lettres du Maghreb concrétise un autre rêve, cette fois national : celui de voir les régions s'approprier le livre et organiser leurs propres salons littéraires, avec le soutien du ministère de la culture. Hormis le Salon international de l'édition et du livre de Casablanca, seul Tanger dispose de sa propre manifestation littéraire et ce grâce à l'Institut français qui organise depuis une vingtaine d'années son Salon des arts et des lettres. Abdelkader Retnani, président de l'Union des éditeurs du Maroc et coordinateur de Lettres du Maghreb, voit cela d'un très bon œil et espère voir fleurir de telles manifestations un peu partout au Maroc, notamment dans les régions du Sud. «Je pense à la région de Souss-Massa dont le wali, Ahmed Hajji, est un intellectuel et qui va sûrement œuvrer dans ce sens». A bon entendeur !