Le bois rouge connaît une augmentation chiffrée entre 30 et 35 % et l'acier a pris 1 100 DH par tonne en un an Le ciment a subi deux hausses depuis 2005 La forte demande mondiale et les prix de production élevés en sont les principales raisons. Depuis plusieurs mois, une forte tension est perceptible dans le marché des matériaux de construction. Cependant, l'ampleur de la hausse des prix est différente en fonction des produits. L'acier est certainement l'un des matériaux les plus touchés. Entre 2006 et aujourd'hui, c'est pas moins de 1 100 DH qu'a pris la tonne, vendue entre 6 755 et 7 100 DH, selon le diamètre (le matériau se présente aussi en couronne ou en barre). Et, à en juger par l'augmentation du chiffre d'affaires de Sonasid (plus de 12% de croissance), la demande est dans une tendance haussière. La principale raison de ce renchérissement est imputable à l'augmentation du prix de la billette importée, sachant que les déchets provenant de la ferraille, dont la plus grande partie est exportée, ne permettent pas de faire tourner l'aciérie de la Sonasid à plein rendement. Tous les autres produits dérivés comme le fil de fer, les clous et autres suivent la même tendance. Le prix du bois est également parti à la hausse, fait remarquer Abdelilah Guerouali, directeur commercial de Socob (Société commerciale des bois), qui estime la variation entre 30 et 35%. En fait, cette hausse, trop forte, sur le bois rouge (sapin et pin) de Suède et de Finlande – le plus utilisé au Maroc en menuiserie – s'explique par deux raisons, confie ce professionnel. Une porte de chambre revient à 2000 DH, une porte d'entrée à 7 000 DH D'abord, il s'agit là d'une matière naturelle dont le cycle de renouvellement est lent. Le second facteur est que les besoins des pays émergents, de la Chine en particulier (comme c'est le cas pour l'acier), sont en forte progression. Aujourd'hui, le mètre linéaire, selon Mohamed Chaoui, entrepreneur, est commercialisé autour de 40 DH. Cependant, explique un autre professionnel, une simple porte de chambre revient à 2 000 DH et il faut compter 7 000 DH pour une porte d'entrée en bois massif. Le ciment a connu deux augmentations successives de 2 et 3 % depuis 2005 L'autre matériau qui a subi une hausse est le ciment. Depuis 2005, son prix a été augmenté deux fois de suite (2 et 3%). Mohamed Bouhaouli, directeur de l'APC (Association professionnelle des cimentiers), explique que c'est une répercussion du prix de l'énergie et du cours international du coke de pétrole. Aujourd'hui, le sac de ciment le plus utilisé (45 kg) est commercialisé au gros autour de 49 DH et 52 DH au détail. Mais dès qu'il y a une hausse subite et forte de la demande, et sachant que les producteurs ne peuvent y faire face en temps réel, les spéculateurs du moment «l'écoulent à 75 DH et plus». Il est à noter en revanche que le sable de mer et la gravette n'ont pas connu d'augmentation, si l'on en croit des responsables de chantiers, et se vendent respectivement à 65 et 85 DH le mètre cube. Mais d'autres sous-secteurs sont aussi obligés de procéder à un nivellement de leurs prix. C'est le cas des céramistes. Selon Faouzi Hjiaj, DG d'Union Cérame et secrétaire général de l'Apic (Association interprofessionnelle des producteurs de céramiques), «les prix de vente ont augmenté de 5 à 6% du fait des répercussions des hausses subies par l'émail, les pièces de rechange des équipements et l'énergie, en l'occurrence le gaz propane, qui entre pour 50% dans les coûts de production». A titre indicatif, aujourd'hui, le mètre carré en céramique est facturé entre 56 et 58 DH. Bien entendu, les prix sont négociés en fonction de la taille des chantiers. Les promoteurs déplorent des marges de plus en plus réduites Quelles sont les répercussions sur le prix de l'immobilier ? Y aura-t-il des réaménagements de prix ? Pour Youssef Ibn Mansour, promoteur immobilier, pour le moment, ce sont les marges qui en prennent un coup. Mais, à terme, le secteur sera obligé de revoir ses calculs, car si la partie «finitions» connaît un tassement des prix, les prestations des architectes et les services des cabinets d'études et de contrôle connaissent des frémissements. A tout cela, précise ce promoteur, il faut ajouter l'entrée en vigueur des normes antisismiques, avec leur surcoût dans la construction. Mohamed Chaoui, lui, voit les choses selon un autre angle. Il explique en substance qu'il ne peut que répercuter les surcoûts. «Si le ciment qui entre pour près de 30% dans mon prix de revient augmente, de même que mes facteurs de production, je ne peux pas faire autrement sous peine de mettre la clé sous le paillasson», précise-t-il. Le problème, avec les fluctuations des matériaux de construction, poursuit-il, c'est qu'«entre le moment où vous prenez un marché et le moment où vous le livrez, plusieurs augmentations peuvent vous surprendre. Or, vous n'avez ni le droit de revoir les prix ni la possibilité de stoker les matériaux pour anticiper une éventuelle hausse».