Pour maintenir et développer son activité au Maroc, la plateforme américaine plaide pour un changement de la loi encadrant le secteur du transport urbain. Elle réclame pour ses chauffeurs la possibilité d'adopter le statut d'auto-entrepreneur. Les chauffeurs de taxis ont la possibilité d'utiliser la plateforme sans payer de commission. Dix mois après son implantation au Maroc, le géant américain Uber dresse son bilan. En chiffres, l'entreprise spécialisée dans la mise en relation des clients et des chauffeurs via une application mobile compte déjà 12 000 chauffeurs inscrits dont 500 actifs. Elle a enregistré 140 000 passagers dont 15 000 actifs. La rentabilité n'est pas pour autant au rendez-vous. Selon Meryem Belakziz, «l'entreprise n'arrive pas encore à dégager des bénéfices parce qu'elle est encore dans une phase d'investissement». Le montant et la nature ne sont pas divulgués. En théorie, Uber joue le rôle d'intermédiaire entre les chauffeurs et les passagers moyennant une commission de 25% sur chaque course. Le gros des investissements concerne les opérations d'accompagnement juridique des chauffeurs, la prise en charge des amendes et le versement des indemnités hebdomadaires de 600 DH aux chauffeurs dont le permis a été retiré pour motif de transport clandestin, faute de pouvoir présenter l'agrément délivré par le ministère de l'intérieur. Des négociations avec l'Intérieur sont en cours Pour développer ses activités au Maroc, l'opérateur a entamé une opération de lobbying pour la modification du cadre réglementaire. C'est, entre autres, l'objectif d'une rencontre avec la presse au cours de laquelle la directrice générale a souligné que la réglementation sur les taxis est «devenue obsolète». L'opérateur annonce que son projet pourrait créer 10 000 nouveaux emplois et assurer un salaire mensuel allant de 4 000 à 6000 DH nets. «Ces emplois sont ouverts à toutes les tranches d'âge puisque parmi les chauffeurs actifs dans la plateforme, il existe des étudiants, des femmes, des retraités, des vétérans», explique-t-elle. Mme Belkziz est d'avis qu'il est possible de permettre à ces personnes d'exercer sous le régime de l'auto-entrepreneur. Des négociations ont été entamées avec le ministère de l'intérieur pour que ce statut puisse être adopté par les chauffeurs Uber. Uber fait également du lobbying auprès des syndicats des taxis. «L'objectif est de les convaincre qu'ils peuvent bénéficier des avantages qu'offre la plateforme», explique une source au sein de la société. Une offre spéciale leur est d'ailleurs proposée. «Les taxis peuvent s'inscrire sur la plateforme et recevoir des commandes sans payer la commission. Cela leur permettra de garder le même tarif minimal d'une course soit 7,50 DH», confirme la source. Elle explique en substance que l'assurance maladie complémentaire, que l'opérateur envisage de prendre complètement en charge ou en partie, pourrait également séduire les chauffeurs de taxis. Reste à savoir si ces derniers sont ouverts à ces arguments.