Près de 3 000 chauffeurs de VTC sont dans le collimateur des taxis. En moyenne, les agents de contrôle routier procèdent chaque jour à l'immobilisation de 5 véhicules. Pour crédibiliser leur lutte contre le transport dit clandestin, les chauffeurs de taxis s'engagent à respecter scrupuleusement le texte qui régit leur activité. La guerre contre les véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) est engagée depuis quelques semaines. «En moyenne, les agents de la police de la circulation de Casablanca arrêtent chaque jour cinq voitures travaillant pour le compte de Uber et Careem», confirme une source officieuse à la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Les moyens utilisés sont peu conventionnels, même les éventuelles sanctions sont motivées. Bref, le VTC est immobilisé et son conducteur traité comme un transporteur clandestin. Cette traque se transforme parfois en véritable règlement de comptes. A en croire leurs représentants, une trentaine de chauffeurs de VTC ont été victimes d'agression physique de la part des conducteurs de taxis. Du côté du syndicat des taxis de Casablanca, on explique qu'il s'agit d'«actes isolés». Notre source confirme que les plaintes déposées auprès des autorités compétentes sont en cours d'investigation. Malgré tout, «la chasse aux VTC continuera puisque ces conducteurs travaillent aujourd'hui dans l'illégalité. Ils n'ont aucune autorisation de transport de voyageurs. C'est une activité clandestine punie par la loi», développe-t-il. Pour 24 jours travaillés, le chauffeur de VTC empoche 6 000 DH nets A ce niveau, il faut noter que Uber et Careem se sont installés au Maroc en tant que sociétés de nouvelles technologies. Par conséquent aucune autorisation ne leur a été délivrée pour l'exercice de l'activité de transport. Une information que confirme Meriem Belkziz, directrice générale d'Uber Maroc. A l'en croire, «des négociations sont entamées avec le ministère de l'intérieur et le ministère délégué chargé du transport pour trouver un cadre réglementaire pour les VTC». Entre-temps, les chauffeurs travaillent sous pression puisqu'ils risquent d'être arrêtés à tout moment. «Le véhicule est systématiquement mis en fourrière pour une durée de 15 jours et notre permis de conduire retiré pour une durée de trois mois», se lamente Mohamed avant d'ajouter que «la seule chose qui nous rassure, c'est l'engagement et le soutien des deux sociétés en cas de problème». En effet, outre l'accompagnement juridique, Uber et Careem couvrent toutes les charges découlant de la verbalisation, en l'occurrence l'amende, les taxes de la fourrière, dépannage compris, la location de voiture le cas échéant, mais également les frais de transport du chauffeur durant cette période. A cela s'ajoute une indemnité hebdomadaire de 600 DH durant toute la période du retrait du permis. «L'objectif pour nous est d'encourager ces jeunes à continuer de travailler», explique une source proche de Careem. «Aujourd'hui, ils sont 3 000 chauffeurs à travailler avec les deux plateformes», précise la DG d'Uber. Aucun apport n'est exigé pour travailler avec Uber et Careem. Il suffit d'avoir un bon niveau d'études (Bac+2 ou plus), une bonne maîtrise de la langue française, un casier judiciaire vierge, mais surtout des qualités relationnelles. Le candidat se présente ensuite aux bureaux de Uber et Careem pour ouvrir un compte. Le véhicule utilisé pour les courses peut être personnel ou de location. «Il existe actuellement de nombreuses agences de location de voitures qui travaillent avec les chauffeurs VTC», confirme un professionnel. Selon lui, moyennant un chèque de garantie, le chauffeur récupère une voiture louée de 180 à 250 DH TTC la journée. Selon des chauffeurs, la rentabilité moyenne des VTC par jour est de 250 DH nets, soit plus de 6 000 DH par mois avec 24 jours travaillés. Ce revenu assez correct s'explique par le fait que le prix de la course est nettement plus élevé que celui des taxis classiques, soit 25 DH minimum. «Nous ne sommes pas sur le même segment de clients. Le service que nous proposons est très différent de celui des taxis», explique Ayoub, un chauffeur Uber. Un avis qui n'est pas du goût du syndicat des taxis qui avance que «l'effet de cette nouvelle concurrence est ressenti sur la rentabilité journalière des chauffeurs de taxis». Plus de considération pour le client Pour sauver les meubles, les représentants des taxis se sont réunis avec le wali du Grand Casablanca, Khalid Safir. A l'issue de cette rencontre, un accord a été signé par les deux parties et a fait l'objet d'un arrêté préfectoral précisant les nouvelles mesures accompagnant l'activité des taxis. Concrètement, les termes des règlements qui régissent l'activité depuis des années seront enfin appliqués sur le terrain. Par conséquent, les taxis n'auront plus le droit de refuser de prendre un client sous peine de retrait du permis de confiance pendant trois mois. De lourdes peines sont également prévues pour les chauffeurs de taxis qui imposent aux clients un long trajet, ou ceux qui ne demandent pas l'autorisation du passager pour pouvoir embarquer d'autres personnes. En outre, les conducteurs doivent désormais être présentables. En somme, il faut dire que l'arrivée de Uber et Careem est profitable pour le secteur du transport puisqu'elle oblige les conducteurs de taxis à accepter de se remettre en cause et à améliorer leur qualité de service. Le problème est maintenant de savoir si ces promesses seront tenues.