Le rachat de Careem par Uber a été confirmé dans la journée du 26 mars. La société de voitures de transport avec chauffeurs (VTC) américaine, Uber, a procédé à l'acquisition de l'autre compagnie basée à Dubai, Careem, pour un montant total de 3,1 milliards de dollars US. Ce rachat intervient d'ailleurs à un moment clé pour la compagnie américaine. Les détails. S'il ne s'agissait que de spéculation dans la soirée du 25 mars, le deal a bien eu lieu dans la journée du mardi. Careem a ainsi indiqué que la transaction se fera sur deux tranches, dans la mesure où la compagnie percevra 1,4 milliard de dollars en numéraire, et 1,7 milliard de dollars en obligations convertibles. Même si Uber devient propriétaire à 100 % de Careem à travers ce deal, la compagnie va garder son identité visuelle, sur la plateforme Web ainsi que sur son application mobile. Cela dit, elle dépendra d'Uber pour ce qui est de sa gestion. Au commencement... La légende voudrait qu'Uber ait été mis à la porte par les taximen au Maroc en février 2018, cela dit, il y a bien une part de vérité dans l'histoire. Même si le service assuré est différent, la présence de la compagnie de VTC était illégale selon la version «officielle». En effet, Uber ne disposait pas des autorisations nécessaires pour l'exécution de ses services au sein du royaume. Dans ce sens, le management avait déclaré que «l'incertitude réglementaire actuelle ne nous permet pas de fournir une expérience sûre et fiable, qui réponde aux exigences de nos clients, chauffeurs comme passagers». Cela dit, ce que l'on a tendance à oublier, est le fait que la compagnie travaillait avec les taxis de Casablanca, dits «UberX». La compagnie servait de lien entre les taxis et les passagers dans un premier, prélevant un pourcentage sur chaque course effectuée, avant qu'Uber n'abandonne cette stratégie et se contente de servir d'intermédiaire seulement, face au mécontentement des chauffeurs de certains syndicats. De fil en aiguille, d'accord en accord, et de réunion en réunion avec les officiels et les différents syndicats de taxis du royaume, la compagnie a fini par plier bagage au bonheur des taximen du Maroc. Bizarrement, Careem était bien présent à l'époque des faits, mais passait presque inaperçu dans le radar des pouvoirs publics et des syndicats de taximen, pour une raison «inconnue». Cela dit, la compagnie a eu à son tour son lot de violences de la part des chauffeurs de taxi, qui l'accusaient de leur voler des clients, quoique le service est différent, mais surtout sans que les autorités ne réagissent face à l'anarchie du secteur. Chof had johala chno dayrin partages hadchi bazaf Publiée par Mhamed El Otmani sur Mardi 22 août 2017 Tout bascule en juillet 2018, du moins c'est ce que l'on voudrait croire, lorsque Careem avait procédé à la signature d'un accord avec deux syndicats majeurs de l'Union Nationale des Taxis (UNT), ainsi que le Syndicat Démocratique des Transports (SDT), à travers lequel la compagnie s'engageait à collaborer de près avec les chauffeurs adhérents à ces entités. S'il y a bien eu de l'argent sous table, selon les dires à Hespress FR de représentants de syndicats «moins importants», attisant leur colère et mécontentement au passage, les adhérents de l'UNT et de la SDT «profitaient» d'un traitement de faveur pour leur part par Careem. Dans ce sens, Mohamed El Harrak, secrétaire général du syndicat des taxis, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), nous avait déclaré que Careem ne peut pas exercer ses services au sein du royaume, du fait que son modèle économique est contraire aux dispositions du Dahir n° 1-63-260, relatif aux transports par véhicules automobiles sur route. El Harrak nous avait expliqué par ailleurs que «les taxis, qui travailleront via les applications mobiles de VTC, devraient disposer d'une autorisation spéciale délivrée par la wilaya afin d'exercer, sans quoi, ils seront en situation illégale ». Ajoutant qu'aucun opérateur VTC ne dispose actuellement des autorisations nécessaires». De son côté, Abdelmajid Malhin, secrétaire de l'UNT pour la région Casablanca-Settat, nous avait expliqué précédemment que Careem s'était engagé à employer des taxis et des chauffeurs adhérents aux syndicats, et non pas offrir la possibilité à des particuliers d'assurer ses services de transport. Face à cette situation, le directeur des marchés émergents de Careem, Ibrahim Manna, nous avait déclaré que la compagnie est «en pourparlers directs avec tous les intervenants et responsables. Les choses ne sont pas finalisées donc nous n'avons pas d'autres commentaires. Nous sommes engagés dans notre mission d'améliorer la vie des gens et de créer une institution qui inspire au Maroc et dans la région», consolidant au passage les propos concernant l'illégalité de la situation de la société de VTC. Une acquisition stratégique ? Le rachat de Careem par Uber peut sembler bizarre dans un sens, mais il faut avoir une idée complète sur la situation des deux compagnies. En effet, si Uber est fortement présent aux USA, son activité dans le reste du monde fait souvent face à des difficultés. Ainsi, plusieurs pays en Amérique latine et en Europe bloquent la route à la compagnie de VTC, ou lui impose de proposer ses services avec des conditions « très serrées ». La transaction intervient à quelques jours d'une annonce qui devrait révolutionner l'avenir d'Uber, notamment pour ce qui est de son introduction en Bourse, prévue en avril prochain. La compagnie chercherait donc à consolider sa position dans le domaine du VTC dans la région MENA, au Pakistan et en Turquie, puisque Careem est présent dans 98 villes dans cette région, contre 23 villes seulement pour Uber. La compagnie de VTC américaine viserait ainsi une évolution de ses activités sur le long terme, puisque le rachat de Careem devrait lui garantir l'intérêt d'investisseurs potentiels qui souhaiteraient prendre part dans la société face à la croissance de ses performances économiques dans le monde.