«Nous allons procéder à une observation nationale des bureaux de vote lors des élections». La Vie éco : Tout d'abord, parlez-nous du Collectif, des associations qui en font partie ainsi que de ses réalisations ? Le Collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap au Maroc est un réseau comportant quelque 360 associations, unions et fédérations. Il a été créé en 2005. Sa mission est de promouvoir et protéger les droits et les libertés fondamentales des personnes en situation de handicap conformément aux principes universels des droits humains, tel qu'exprimés dans les conventions internationales des droits de l'Homme et cela dans le respect des principes suivants : la dignité intrinsèque, l'autonomie individuelle, y compris la liberté de faire ses propres choix, et l'indépendance des personnes, la non-discrimination, la participation et l'intégration pleines et effectives à la société, le respect de la différence et l'acceptation du handicap comme faisant partie de la diversité humaine et de l'humanité, l'égalité des chances, l'accessibilité, l'égalité entre les femmes et les hommes, les capacités évolutives des enfants handicapés et la préservation de leur identité. Quelles sont les principales réalisations du projet Mousharaka ? Le projet est composé de trois phases d'activités : phases pré-électorale, électorale et postélectorale. Il y a tout d'abord le suivi du processus électoral pré-législatives de 2016 : cet axe consiste à mener une campagne de sensibilisation auprès des différents acteurs politiques pour prendre en considération la question du handicap dans leurs actions et programmes, des instances de gestion des élections, principalement le ministère de l'intérieur ainsi que des instances de gouvernance, à savoir le CNDH en tant qu'organe de suivi du processus électoral et d'accréditation et de formation des organismes qui vont faire l'observation. Ensuite, nous allons œuvrer à la réalisation d'une observation nationale des bureaux de vote lors des élections législatives du 7 octobre 2016. Par cette action le collectif compte observer l'ensemble des bureaux de dépôt des candidatures et le taux d'intégration des personnes en situation de handicap dans les listes électorales. Mais le socle de l'observation consiste en l'organisation d'une action d'observation basée sur l'échantillonnage statistique de 1 000 bureaux de vote dans les douze régions du pays. Aussi, le collectif compte faire l'observation de la participation des personnes en situation de handicap dans le processus électoral non seulement comme électeurs mais aussi comme participants aux campagnes électorales et comme responsables des bureaux de vote. Enfin, nous allons procéder au suivi de la mise en œuvre des politiques et de l'engagement des partis politiques ainsi que du Parlement relatif aux questions concernant les personnes en situation de handicap. Par sa conviction que la participation politique des personnes en situation de handicap ne se limite pas aux bureaux de vote, le collectif compte analyser les programmes électoraux des partis politiques et faire le suivi des premiers 100 jours du futur gouvernement, son programme et la première session du futur Parlement. L'ensemble des données recueillies va servir à mettre en œuvre une stratégie de plaidoyer pour le monitoring des politiques publiques en faveur des personnes en situation de handicap. Trouvez-vous que les partis politiques en général réservent assez de place aux handicapés dans leurs instances ? On constate l'absence de toute instance, commission ou autres, chargée de la question du handicap au sein des partis politiques. Ces derniers ne font pas d'efforts pour intégrer les personnes en situation de handicap dans leurs instances décisionnelles. Depuis sa création, le Collectif milite pour changer le regard des décideurs et des acteurs politiques sur cette catégorie de citoyens. Afin de les considérer non seulement comme objet des politiques publiques mais comme acteurs dans les politiques publiques. C'est un travail de longue haleine qui nécessite beaucoup de travail en direction des institutions comme des personnes en situation de handicap. Quid du nombre de candidats aux prochaines élections et qui sont en situation de handicap ? Il est encore tôt pour parler du nombre de candidats aux prochaines élections et qui sont en situation de handicap. Dans le cadre du projet Musharaka, le Collectif vise d'abord à promouvoir l'intégration des personnes en situation de handicap dans les listes électorales en sensibilisant les partis politiques à œuvrer dans ce sens. Puis à encourager les personnes en situation de handicap à intégrer les partis, toutes tendances idéologiques comprises. Ceci dit, le Collectif va procéder à l'observation de l'inclusion des candidats en situation de handicap dans les listes électorales et observer l'accessibilité aux bureaux de dépôt des candidatures à travers les douze régions du Royaume. Qu'en est-il des programmes politiques et la place des doléances des associations œuvrant dans ce secteur ? Le Collectif est sollicité par quelques partis politiques afin de participer aux différents débats sur la question. Le Collectif se base sur l'approche droit tel que stipulé par la convention relative aux droits des personnes en situation de handicap ratifiée par le Maroc en 2009, principalement son article 29 concernant la participation des personnes en situation de handicap à la vie politique et la vie publique, ainsi qu'à la Constitution marocaine. L'observation et l'analyse de la place des doléances des citoyens et citoyennes en situation de handicap dans les programmes électoraux vont nous permettre de mettre l'accent sur les engagements des partis lors des débats pré-électoraux. D'autre part, cela va nous permettre de suivre les engagements des partis politiques formant le futur gouvernement, soit au niveau de l'instance qui va se charger du handicap au sein du gouvernement, soit au niveau des futures politiques du prochain Exécutif : l'action gouvernementale durant les cent premiers jours, la déclaration du gouvernement ainsi que le suivi de la première session ordinaire du Parlement qui aura lieu à partir de la fin du mois d'octobre prochain. L'ensemble des informations qui seront collectées vont permettre au Collectif de mettre en œuvre une stratégie de plaidoyer pour le monitoring des politiques publiques.