Pourquoi la majorité des marocains, aujourd'hui, déserte l'action politique et se désintéresse de la gestion de la chose publique ? Est-ce une situation normale ?sinon, Comment y remédier ? Autrement dit, qu'allons-nous gagner par un intéressement large des citoyens à la vie politique ? Dans une démocratie, digne de ce nom, les partis politiques encadrent les citoyens et, par conséquent, ils constituent une cellule « de veille » chargée de suivre le bon déroulement ou non des rouages étatiques. Cela passe par la modernisation de leurs institutions tout ne luttant contre leur personnification. En d'autres termes, tous les citoyens, assument entièrement leurs devoirs de citoyenneté et deviennent responsables de leurs actes, sont égaux devant la loi et jouissent de leurs pleins droits « universels ». Dans Cette ambiance, en principe, saine, la corruption, le népotisme et l'économie de rente (…) n'ont pas droit de cité. Une fois ces conditions réunies, cela se traduit, ipso facto, par la création de la richesse nationale qui garantit à tous les citoyens une vie digne et honorable en maintenant un niveau de vie social correctement vital. Au Maroc, hélas ! On ne voit pas encore le bout du tunnel à cause de certaines pratiques qui nuisent à tout projet réformateur. Il ne s'agit pas d'un fait du hasard mais bien d'une responsabilité partagée où chacun de nous a contribué à sa manière, directement ou indirectement, consciemment ou inconsciemment pour que le paysage politique soit devenu malsain. Néanmoins, ceux et celles qui croient que les marocains ne s'intéressent pas à la politique se trompent. Certes, les citoyens ont désaffecté les urnes, pour des raisons bien connues, mais ils continuent toujours, grâce notamment aux médias et aux réseaux sociaux de la dernière génération, à échanger régulièrement autour de l'actualité nationale et internationale. S'intéresser à la politique ne se réduit pas seulement à la participation aux élections. Alors si c'est le cas, pourquoi les marocains ne font plus confiance au processus électoral ? La réponse est simple : la responsabilité est en grande partie partagée entre l'Etat et les partis politiques. En effet, le ministère de l'intérieur, pendant plusieurs décennies ne faisait que biaiser les élections et, par ricochet, envenimer le jeu politique au pays. Une marée de notables incompétents, prêts à user massivement de l'argent, corrompus et non crédibles aux yeux des marocains, a été poussée à envahir le champ politique. L'objectif est d'affaiblir les partis politiques et vider les institutions de leur dimension constitutionnelle et de leur rôle décisionnel. Les partis politique, pour des raisons de survie et alimentés par un égoïsme exacerbé de certains leaders, ont adhérés, sans assurance, à cette combine électorale scandaleuse et répétitive. Le constat est désastreux : les citoyens n'attendent plus rien des élections sachant que la quasi-totalité des décisions importantes est prise sans l'avis effectif des représentants de peuple. Illustration parfaite, ce n'est qu'un exemple, peut-on croire que le directeur des impôts s'aligne aux ordres de l'argentier de l'Etat ?... Nul n'est en mesure de nier que l'année 2011 est, sans aucun doute, l'année des protestations sociales et de revendications politiques, par excellence. Elle a été marquée, d'une part, par l'événement du 20 février initié par des jeunes marocains politiquement et socialement frustrés et d'autre part, par l'adoption de la nouvelle constitution votée le 1er juillet à « 98,5% ».Un nouveau Maroc très prometteur s'annonce à l'horizon appuyé par une volonté royale pour traduire, dans l'urgence sur le terrain, la portée et les avancées de la nouvelle Loi fondamentale afin de bien faire sentir à l'ensemble des citoyens le changement tellement espéré et attendu. Une Chose est sûre, il existe bel et bien des poches de résistance, très conservatrices, refusant toutes formes de réformes qui pourraient mettre en danger leurs intérêts égoïstes et sont prêtes donc à lutter et user de tous les moyens pour que le Maroc stagne et ne change pas dans le bon sens. L'histoire le dira et le prouvera : le changement est inévitable. Par ailleurs, il est clair que, dans l'état actuel des choses, les élections anticipées de novembre 2011 n'auront pas de valeur ajoutée sur le plan politique puisque les circonstances d'organisation laissent planer le doute sur plusieurs aspects, en plus la rue est en ébullition et assoiffée d'un changement concret. En effet, les négociations marathoniennes, qui remontent à plusieurs mois, entre le ministère de l'intérieur et les leaders politiques - déjà discrédités aux yeux du peuple - pour l'élaboration d'une nouvelle loi organique électorale assortie d'un nouveau découpage, devaient avoir lieu logiquement au sein même du parlement pour être débattue par les représentants de la nation. Sinon, ça serait une illusion de croire qu'un vrai débat puisse avoir lieu autour de ce sujet, assez crucial pour l'avenir de notre pays, au sein de cette institution vu que le consensus est déjà établi par l'ensemble des partis politiques. En parallèle, à l'ère de la nouvelle constitution, comment peut-on croire que ces partis seront prêts à cette date avec une volonté de rompre avec leurs anciennes pratiques anti-démocratiques ? L'implication des femmes et des jeunes compétences sera-t-elle au rendez-vous lors de cette bataille électorale où la présence des notables est décisive pour la survie des partis. Pire encore, les partis disposent-ils aujourd'hui, d'un programme politique et socio-économique opérationnel et prévisionnel surtout à l'aube d'une crise économique mondiale ? Quelle touche politique aura la nouvelle loi des finances, en cours de préparation, sachant que d'une part, le gouvernement qui aura la charge de la mettre en œuvre ne l'aura même pas conçue et d'autre part, les indicateurs économiques s'annoncent pour l'année 2012 très pessimistes surtout dans un contexte social très agité, un environnement international très instable et des caisses de l'Etat en rouge notamment en matière de devise étrangère? Tout le monde sera impacté si nous ne sommes pas dignes et conscients de la période critique et cruciale que traverse notre pays sur tous les plans. Ne soyons pas mystificateurs. Si les partis politiques, la grande majorité silencieuse des « citoyens », les « je m'en foutistes » et l'Etat en tant qu'acteur déterminant n'assument pas leur entière responsabilité en cette période historique, l'image de notre pays, politiquement stable et exemplaire dans son processus de modernisation démocratique, risque d'être remise en question notamment dans un contexte où les enjeux géostratégiques de la région sont très incertains. Il s'agit bien d'un défi qui doit être porté collectivement par l'ensemble des marocains pour faire en sorte que l'éveil politique porté par des revendications sociales ne prendra pas une mauvaise tournure. *Enseignant Chercheur (Sociopolitique – Socioéconomique)