L'affaire Houcine El Manouzi, le célèbre opposant disparu en 1975 en Tunisie et un des cas non élucidés par l'Instance équité et réconciliation, n'en finit pas de surprendre. La famille du militant de l'UNFP révèle un certificat de décès, qu'elle avait reçu des autorités marocaines le 16 août 2001. Le certificat a été remis aux membres de la famille par Driss Dahak, l'actuel Secrétaire général du gouvernement, et président du CCDH (Conseil consultatif des droits de l'Homme) de l'époque. Sauf que la famille estime que le document est faux. Entretien avec le frère de Houcine, Abdelkrim El Manouzi. Lakome.com : Quelle est l'histoire de ce certificat de décès ? Abdelkrim El Manouzi : Ce n'est pas la première fois que ce document sort. Nous l'avons publié dans différent médias, nous avons donné une copie à l'IER (instance d'équité et réconciliation), et l'avons aussi publié dans le livre élaboré sur la vie de Houcine. Bref, ce n'était pas un secret. On n'a pas fait un grand tapage, et il est vrai que nous avions fait confiance à l'IER et surtout à Driss Benzekri en sa qualité du président du Forum marocain vérité et justice et de l'IER. Après des années d'attente et d'espoir, nous étions déçus par les résultats de cette instance. D'ailleurs Driss Benzekri lui même a qualifié l'affaire de Houcine El Manouzi de « la grande déception ». Ce document est un faux. Plusieurs amis et détenus ont affirmé qu'il l'ont vu après la date du 17 juillet 1975, mentionné dans le bulletin de décès. Driss Dahak nous l'a remis avec ses propres mains le 16 août 2001, au siège du CCDH. D'autant plus que le document n'est pas signé et ne porte aucun cachet officiel. Houcine avait disparu en Tunisie, pensez-vous que le président tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali avait une main dans cette affaire ? Sans aucun doute, oui. Houcine a été kidnappé le 29 Octobre 1972 en Tunisie. A cette période, Ben Ali, était le chef des services de renseignements tunisiens. Il a été formé ici au Maroc. Il est plus que sûr qu'il a facilité la tâche pour la disparition de Houcine. En 1975, nous avons envoyé une lettre au président tunisien Lahbib Bourguiba, mais nous n'avons reçu aucune réponse. Quelques membres de la famille El Manouzi ont visité la Tunisie après la révolution du jasmin, où en êtes-vous ? En effet, ma sœur a visité la Tunisie et a eu des promesses pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Le Comité de vérité tunisien a promis qu'il fera tout ce qu'il peut pour avoir le maximum d'informations et qu'il fera de l'affaire une priorité. Le cas de Houciine n'est pas isolé dans votre famille, Barhim El Manouzi est aussi un cas similaire… Brahim El Manouzi est membre de l'Armée de libération. Il a rejoint les Forces armées royales (FAR) après l'indépendance. Il a refusé de monter en grade au début de sa carrière avec les FAR en déclinant le grade de colonel. Il était un ingénieur en géologie et un intellectuel. Mohamed Oufkir avait mis son nom sur la liste des putschistes pour régler des comptes personnels avec Brahim. L'Etat a avoué qu'il était une victime et a reconnu son innocence dans le rapport de l'IER. Mais jusqu'à présent, nous n'avons toujours pas eu son cadavre. Télécharger le certificat de décès de Houcine Manouzi, délivré par Dris Dahak, Secrétaire général du gouvernement. Télécharger l'avis de recherche lancé, le 13 juillet 1975, par les services de renseignement marocains contre Houcine Manouzi. Photo: Abdelkrim El Manouzi.