A l'annonce de la nouvelle version gouvernementale en cette journée bénie du 10 octobre, journée nationale de la femme, j'ai cru m'étouffer de joie ! Enfin presque ! Car vite fait, ma fonction cérébrale a repris et je me suis posée quelques questions. Six femmes au gouvernement sur 39 au lieu d'une sur 31, est-ce vraiment important au point que les femmes nommées ont, presque toutes, axé leurs premières déclarations sur ce grand pas vers la consécration de la femme marocaine ? Pourtant, une simple petite opération arithmétique et on a vite fait de se rendre compte qu'un pas a certes été fait mais que, vu l'ambition constitutionnelle de parité, il n'est pas si important que ça. Nous sommes passés d'une participation de 3,22580645% à celle de 15,3846154% (je recopie scrupuleusement ce qui s'affiche sur ma machine à calculer). Comment se fait-il que nous soyons là, femmes nommées et simples citoyennes, à pousser des youyous aussi stridents que ceux de nos grands-mères parce qu'on est passé d'une femme au gouvernement à six femmes? Ce n'est pas pour jouer aux rabat-joies, mais nous avons connu une participation plus grande par le passé même si nous nous sommes arrêtés à la ligne rouge de 8 femmes au gouvernement ! Alors pourquoi ce grand remue-ménage pour si peu ? Est-ce parce que tout ce qui est accordé à la femme l'est si difficilement au point qu'elle doit continuellement s'abîmer en remerciements et en courbettes ? Autre fait important : chaque fois que le problème de l'accession des femmes aux postes de responsabilité est abordé, le critère de compétence fuse de tous les côtés. Ce qui m'a toujours laissée perplexe : le critère de compétence, du reste, de grande importance n'est en fait décisif que lorsqu'il s'agit d'attribuer des postes à des femmes. A voir nos responsables hommes nous sommes en droit de nous demander s'il est vraiment décisif pour eux. Est-ce que tous les hommes nommés dans cette nouvelle version du gouvernement l'ont été pour leur compétence, leur probité et leur souci de l'intérêt général ? J'aimerais y croire très fort ! Par ailleurs, cette nouvelle version se caractérise par un saucissonnage véhément des départements ministériels grâce auquel on a pu caser les 5 femmes entrantes, presque toutes ministres déléguées (wazirat mountadabat lada). Du fait de cette qualification et sans entrer dans les prérogatives elles mêmes, une bonne partie de leur énergie va se consumer à se positionner, à trouver un budget adéquat et, même, certaines d'entre elles, vu l'inédit de leurs prérogatives, vont se retrouver une certaine période sans domiciliation fixe. Ce n'est pas pour autant qu'il faille cracher dans la soupe ! Alors félicitations à nos wazirat mountadabat ! Autre chose et si j'ai bien compris, il me semble que des départements ont été privés de certaines de leurs anciennes compétences. Ainsi donc, les libertés ont été soustraites au ministère de la justice. Je me demande si ce n'est pas l'effet de l'emprisonnement d'Ali Anouzla, ce grand journaliste ? Excusez cette question naïve. Je ne suis qu'une simple femme ! Pour revenir à la participation des femmes au gouvernement, le Chef du gouvernement dont le parler populaire est connu et reconnu, nous a déclaré, lors d'une récente conférence, que si cela ne tenait qu'à lui, il ne nommerait que des ayalat (entendez femmes en arabe dialectal). En attendant ce jour béni, que le chemin des ayalat est plein d'embûches et que celui vers la parité est rude! Fatiha DAOUDI