Le Collectif Action Parité fédère et les associations et les militantes pour la cause féminine autour d'un même objectif : la parité. Les forces vives de la Nation sont appelées à prêter main forte à cette initiative qui tend vers la démocratie paritaire. Nouvelle constitution oblige, le Maroc doit composer avec la femme. Mais, voilà, près de neuf mois après l'adoption du nouveau texte constitutionnel qui instaure la parité homme/femme, le bilan est mitigé, voire décevant. Une seule femme au gouvernement, toujours des hommes qui sont nommés dans les postes de responsabilités, une représentativité parlementaire tronquée … Bref, 2012 est une année terrible pour les Marocaines… ou presque. A quelques semaines des communales, les femmes reviennent à la charge. Ainsi une réunion préparatoire des Assises de la démocratie, qui se tiendraient peu avant les communales, a réuni plusieurs associations et militantes (et militants de qualité) autour de la question de la parité. Ainsi, dans le cadre du Collectif Action Parité (CAP), le débat a porté sur la forme que doit prendre l'action pour renforcer la parité au Maroc et surtout comment fédérer toutes les femmes et les militantes de la cause féminines, toutes sensibilités confondues. L'idée étant de mobiliser et fédérer autour d'un projet d'intégration équitable et pérenne des femmes dans les instances du pouvoir. À noter toutefois, que beaucoup de présidents d'associations ont brillé par leur absence bien qu'ils aient été conviés. Pour Fettouma Benabdenbi, coprésidente de Terre et Humanisme Maroc, cette initiative des Assises consacre la volonté des femmes de déclarer haut et fort qu'elles participent déjà à la construction du pays et que plus elles seront sollicitées au niveau de la décision, puisque c'est à ce niveau que se décident les orientations du pays, plus l'efficacité de l'action institutionnelle se sentirait mieux. Et ce sera un gain pour tout le Maroc. «Aujourd'hui, on n'a plus le droit de passer à coté de ressources pareilles», précise-t-elle. «C'est un potentiel énorme et volontairement ignoré ! Or, il est de l'intérêt aussi bien de l'homme que de la société que la femme participe au développement du pays et à la création de richesses. D'ailleurs beaucoup le font ! », s'indigne Fathia Bennis, la présidente-fondatrice du Women's Tribune. «Je suis d'accord avec ceux qui ont noté une régression de la situation de la femme au Maroc parce que jusqu'à présent, malgré les lettres ouvertes envoyées au chef du gouvernement et malgré les promesses qu'il a faites, on n'a pas senti une évolution dans la marche vers la parité. On a attendu la veille des communales parce que je pense que les femmes ont un rôle important à jouer au niveau des régions et des communes. Et le travail sur le terrain, c'est là où les femmes apprennent et s'illustrent. Donc, on fait cela à la veille des communales pour que les partis politiques soient conscients qu'il faut désormais compter avec les femmes et non pas sans elles. Et c'est aux partis d'aller vers les femmes et recueillir leur adhésion pour les intégrer à l'action politique», insiste-t-elle. Le timing donc de ces Assises n'est pas très fortuit. «Il faut la parité et le partenariat pour que chacun puisse apporter sa pierre à l'édifice de ce Maroc moderne et développé que nous voulons tous. Mais dans la réalité, les femmes sont exclues notamment de la décision politique. Moi, je défends l'idée qu'il y a les communales qui arrivent et qu'il faut saisir l'occasion en tant que force de vote pour s'exprimer et encourager les partis politiques qui respectent la parité au sein de leurs instances», souligne Touraya Bouabid, présidente de l'Amesip. Pour Mehdi Guadi, la progression sur la question de la parité va dans le sens de l'histoire et le Maroc ne peut pas être à l'écart de ce qui se fait dans le monde. «Et ce travail sur la question de la parité au Maroc ne date pas d'aujourd'hui puisqu'il a commencé de manière organisée il y a 20 à 25 ans… D'après les échanges qui ont eu lieu lors de la réunion préparatoire des Assises de la démocratie a émergé la volonté de rassembler un maximum de monde sans poser de leadership. Ça dénote que les personnes ont un esprit d'ouverture et de rassemblement et que c'est une condition importante pour que le débat puisse avancer», précise le délégué exécutif de l'AMEV et conseiller municipal Europe Ecologie Les Verts de Paris. Et d'ajouter : «A mon avis, si l'action est menée intelligemment, et je pense qu'elle le sera, il y aura un important projet en commun porté par ces différents collectifs». Le plus important à signaler est que cette initiative réunit les personnes désireuses d'œuvrer pour une réappropriation des grands choix de société. Des femmes de cœur et de grandes compétences qui revendiquent l'application de la Constitution, pour bâtir et réussir aux côtés des hommes, le Nouveau Maroc au respect citoyen des droits et des obligations. Comme l'explique d'ailleurs Khadija Moufid, présidente de l'Association Al Hidn, qui a déjà eu une expérience politique sanctionnée par le fait qu'elle était une femme : «Le rassemblement des compétences marocaines est une chose très importante. D'ailleurs, je salue les femmes qui ont pris l'initiative de ces assises et fédéré toutes les associations et compétences parce que le Maroc en a besoin. Le pays a besoin spécifiquement en cette période de compétences qualifiées pour poursuivre son développement». La participation des femmes marocaines au développement durable du Maroc doit être considérée non plus comme une question accessoire, mais comme un enjeu de société ; pour un Maroc en devenir. Si l'on était dans un Maroc qui entend la voix de la sagesse et de la raison, et face aux défis auxquels le pays est confronté, l'intégration ou la démocratie paritaire serait érigée comme la plus grande priorité chez nous. En attendant, les femmes ne baissent pas les bras et poursuivent leur printemps au féminin en appelant les forces vives de la Nation de les rejoindre dans cette lutte.