Mbarka Bouaïda, députée RNI, estime que le chemin est encore long pour arriver à une bonne représentativité féminine même si les femmes ont fait preuve de leurs capacités de bonnes gestionnaires. ALM : Comment la section féminine du RNI se prépare-t-elle pour les élections ? Mbarka Bouaïda : La section féminine du RNI a commencé à se préparer aux élections communales de 2009 depuis l'été dernier. Les préparatifs ont démarré d'abord par une cellule de réflexion pour élaborer un plan d'action visant à encourager l'action féminine au sein du parti. Depuis, nous avons procédé à des formations internes et externes pour préparer les femmes à l'action politique communale. Ensuite, nous continuons à sillonner tout le Maroc ensemble avec les membres dirigeants du parti pour inciter nos sympathisantes à se présenter aux élections et aussi pour expliquer aux adhérents pourquoi la femme doit prendre des responsabilités politiques. Le législateur a mis en place un système de quota et a engagé les partis politiques à respecter un seuil de 12% de représentativité féminine. Que pensez-vous de cette initiative ? C'est une excellente initiative. Nous constatons de par cette avancée que la volonté de faire évoluer le statut des femmes dans la politique est réelle et partagée par tout le monde. Il faut accepter ce pas de manière positive, car il s'agit de grimper de 0,56% à 12%. Cependant, le chemin est encore long pour arriver à une bonne représentativité féminine. Certains justifient l'absence, dans l'état actuel des choses, de la femme au sein des conseils communaux par le manque de femmes qualifiées pour assurer une bonne gestion de l'action communale. Que répondez-vous à cela ? Cet argument est dépassé depuis très longtemps et ne peut être qu'un prétexte pour bloquer le processus d'intégration des femmes dans la vie politique. Au contraire, les femmes ont fait preuve dans plusieurs domaines de leurs capacités de bonnes gestionnaires, et peuvent parfaitement transcrire ce savoir-faire à la gestion communale. Le problème qui se pose, c'est que les femmes ont peur de faire le pas et aller vers les communales. Certaines, par crainte de ne pas être à la hauteur, d'autres par crainte de leurs maris ou leurs pères ou frères. Il y a aussi celles qui ignorent tout simplement le contenu de la charte communale et des responsabilités à avoir. Quels défis présentent les élections communales du 12 juin pour les Marocaines ? De grands défis bien entendu attendent les femmes. D'abord, être à l'écoute du citoyen, ensuite, exercer les fonctions communales en toute honnêteté pour gagner la confiance du citoyen. Et surtout, être créative quant à la proposition de solutions diverses pour la gestion communale, et oser le changement. On ne peut pas se permettre de s'inscrire dans la continuité lorsqu'on sait qu'il y a besoin urgent de solutions structurelles et durables. Les femmes devraient oser ce changement. Qu'est-ce qui reste, à votre avis, à faire pour consacrer la présence de la femme dans la vie politique ? Le chemin est très long, car il s'agit avant tout de changer les mentalités des hommes mais aussi celles de femmes. La femme représente 50,6% de la population marocaine. Il est donc tout à fait légitime qu'elle ait la représentation qu'elle mérite dans la vie politique. Il faudra qu'on arrive à accepter le principe de l'égalité et de la parité. Au 21ème siècle, il est inconcevable de traiter les femmes différemment des hommes. L'objectif donc serait d'amener les partis politiques à accepter les femmes en tant que dirigeantes politiques au même niveau que les hommes. Cela pour pouvoir dépasser la discrimination positive des quotas parlementaires et communaux. Les femmes doivent aussi revendiquer leurs droits sans douter une seconde de leurs capacités, ni remettre en cause leur rôle dans la société. Je rêve personnellement d'un ministère de la parité à l'image de certains pays voisins, et qui se pencherait sérieusement sur comment réaliser cette parité dans tous les domaines, notamment la politique.