Alors qu'on engeôlait coup sur coup Ali Anouzla, pour les crimes imaginaires d'incitation et d'apologie du terrorisme, et un couple d'amoureux parce qu'ils avaient eu l'outrecuidance de faire prendre en photo leur langoureux baiser, devant leur établissement scolaire à Nador, des informations récurrentes faisaient état du projet d'acquisition par le Maroc de deux sous-marins. Le premier, un UBOOT 209/1100 allemand, coûterait cinq cents (500) millions de dollars, le second, un AMUR 1650 russe, reviendrait à cent cinquante (150) millions de dollars. Information détonante qui, si elle devait se confirmer, ajouterait à l'opprobre planétaire que les deux précédentes jettent déjà sur notre pays, l'indignation quasi unanime de nos compatriotes, à l'heure où la crise économique impose aux plus grandes puissances, rigueur budgétaire et contraction des dépenses. Rappelons tout de même, que le gouvernement, qui semble, encore une fois, n'avoir aucun droit au chapitre, dans cette affaire de submersibles, n'avait pas hésité à sabrer, à hauteur de quinze (15) milliards de dirhams, dans les dépenses d'investissements, soit près de 25% du montant total des investissements publics prévus, dans le cadre du budget général de l'Etat. Une économie de deux (2) pour cent du PIB qui participa, pour partie, de la sortie fracassante de l' «Istiqlal» de la coalition gouvernementale en mai dernier. Mais si le projet indigne nos compatriotes et provoque un tollé sur la toile, il ne semble, par contre soulever aucune objection ni questionnement, auprès de nos hommes politiques. Même les plus forts en gueule, comme les populistes Chabat ou Lachgar, si prompts à l'éructation, préfèrent regarder ailleurs, alors qu'il pourrait nous en coûter plus de cinq (5) milliards de dirhams, en pure perte. De quoi construire, équiper et faire fonctionner plusieurs dizaines d'écoles et de dispensaires pour ceux d'Imider, d'Angfou, de Figuig et d'ailleurs. Après le TGV, les sous-marins Cette nouvelle affaire en forme de scandale, en rappelle une autre, tout aussi discutable, celle du Train à Grande Vitesse, le fameux TGV, que Nicolas Sarkozy avait imposé à Mohammed VI, en dépit de la levée de boucliers que ce marché de dupes avait suscité auprès de la population marocaine, en raison, notamment, de la nature quasi frauduleuse du marché qui avait sauté la case appel d'offres, des dépenses pharaoniques qui allaient en découler pour notre pays, des bénéfices considérables qu'allaient en tirer en exclusivité, les entreprises de l'Hexagone et enfin, last but not the least, de l'impact nul que le projet aura sur le désenclavement du Maroc profond, celui de la misère et de l'exclusion. Après le TGV, le projet d'acquisition de deux submersibles, au mépris de toute logique économique est la preuve supplémentaire que rien n'a changé dans notre pays. Le pouvoir qui se trouve ailleurs que dans l'hémicycle marocain ou sous les lambris de la Primature, ne souffre aucune réplique, dès lors qu'il s'agit de prétendue souveraineté. Un fourre-tout derrière lequel se tapissent des intérêts financiers considérables. Histoires de gros sous et de dessous, dont on ne connaîtra, sans doute, jamais les tenants, ni les aboutissants. Même en termes de stratégie militaire, le Maroc s'éloigne également de toute logique. Car disons le clairement, le Maroc a deux ennemis potentiels : L'Espagne avec laquelle il partage un bras de mer, le détroit de Gibraltar et quelques kilomètres de terres, le long des présides de Ceuta et Melilla, et l'Algérie, ce frère ennemi qu'il côtoie sur mille cinq cent cinquante neuf (1 559) kilomètres. La guerre sous-marine impossible Une guerre avec l'Espagne n'est ni envisageable, ni souhaitable pour le Maroc, compte tenu du rapport des forces en présence. Elle coûterait à notre pays, une cuisante défaite, parce que le voisin du Nord qui fait partie intégrante du dispositif militaire de l'OTAN, possède déjà, en territoire marocain deux solides têtes de pont, qu'il lui serait facile de consolider, avant de lancer une offensive qui agrandirait la brèche. Inutile de préciser qu'avant la grande offensive terrestre, Madrid s'arrangerait pour détruire, au moyen de son aviation et de sa marine, les infrastructures portuaires de Ksar Sghir et d'Al Hoceïma, condamnant les bâtiments marocains, qui auraient échappé aux frappes de préparation, à une errance sans fin dans les eaux de Méditerranée, toute tentative de passage du Détroit équivaudrait à une destruction assurée, par l'aviation de l'ennemi et sa marine de guerre. N'importe quel stratège militaire le confirmera : Les submersibles, les plus sophistiqués soient-ils, seraient totalement inefficients, en pareille guerre et les affirmations de ceux qui osent évoquer les inquiétudes de l'Espagne, face aux projet marocain, prêtent plutôt à sourire. Comme tous voisins qui partagent une longue frontière terrestre, si le Maroc et l'Algérie devaient en découdre, c'est sur terre et dans les airs qu'ils devraient le faire, comme lors de la guerre des sables de 1963. Inutile de dire que pas plus les deux sous marins que projette d'acquérir notre marine, que les quatre submersibles que possède déjà notre voisin oriental ne seraient d'un quelconque secours, sauf à tenter pour l'un ou l'autre des deux protagonistes, de débarquer quelques fusiliers marins, sur une plage ennemie, pour y mener une hypothétique opération commando. Très peu probable. Grand âge et misère au Maroc On le voit, notre pays s'acharne dans une course à l'armement, aussi pathétique et ridicule que désuète, car la guerre est résolument ailleurs. Contre l'analphabétisme, les injustices, la corruption, le despotisme, les passe-droits, l'opacité, l'Omerta. Autant de fléaux que le PJD avait pourtant promis de combattre et qui continuent de plomber l'avenir des marocains, et leur faire côtoyer les cancres planétaires en matière de développement. Même vieillir serait, paraît-il, tout comme en Afghanistan, ce pays sinistré par la guerre et le terrorisme, devenu un calvaire au Maroc, selon un classement établi par l'ONG « HelpAge International ». Pas étonnant pour un pays qui s'acharne sur ses citoyens, dès leur plus tendre enfance.