Cher ami, Tu savais et nous savions que la meute ne tardera pas à être lâchée. Tu savais et nous savions que la horde sauvage piaffait d'impatience. Tu savais et nous savions que la curée ne saurait tarder. Tu savais et nous savions que tu étais dans leur viseur. Leur restait à trouver un prétexte. Tu savais et nous savions qu'ils préparaient leur harka contre toi en mobilisant leurs officines nauséabondes spécialisées dans le mensonge, le dénigrement, la diffamation, l'infamie, la fausse rumeur. Officines animées par des plumitifs mercenaires à la solde du makhzen. Rien ne te fut épargné. Tu fus calomnié, vilipendé, insulté, trainé dans la boue. Tu savais et nous savions que ceux qui te harcelaient, te persécutaient, qui s'étaient jurés de te faire la peau étaient les avortons de ce makhzen allergique à la liberté d'expression, d'opinion, à la démocratie, à toute idée de citoyenneté. Nostalgiques et fervents admirateurs de l'ère hassanienne, de son système totalitaire animée par des tortionnaires sanguinaires sans foi ni loi. Continuité dans le changement !!!! Cher ami, Tu savais et nous savions que nous autres journalistes n'étions que des prisonniers en liberté provisoire. Ce qui nous faisait dire : « nta sabaq ouhna lahkine !!! »(1). Tu savais et nous savions qu'ils ont à leur disposition tous les moyens pour nous faire taire, pour nous jeter derrière les barreaux. Tu savais et nous savions que la justice était à leurs bottes, docile, soumise, obéissante, oubliant juste que s'ils peuvent nous mettre en prison, jamais ils ne pourront mettre la prison dans nos têtes, que s'ils peuvent occire le messager, jamais ils ne tueront le message, que jamais, ils ne pourront mettre les fers aux mots et encore moins aux idée !! Cher ami, Ils t'accusent de terrorisme pour nous terroriser, pour que les mots de liberté, de vérité, de justice ne sortent plus de nos gorges et que nos mains ne les écrivent plus. Ces mots ils les veulent crucifiés à jamais. Ils t'accusent de terrorisme afin que règnent leurs fausses vérités, leurs fausses paroles, afin de nous mettre dans les camisoles de silence. Cher ami, Tu savais et nous savions que très nombreux sont les Torquemada qui ont érigé les instances politiques de leurs partis en véritables tribunaux d'inquisition où ils s'octroyèrent les rôles et de « mogharrek »et de juges. Exit la présomption d'innocence, exit les impératifs de toute procès équitable. Ce faisant ils ont dévoilé leurs vrais visages hideux de fascistes, ennemis jurés de toute réelle démocratie, de toute forme de tolérance. Cher ami, Tu savais et nous savions que tu as commis les « pires crimes » : - Exiger que ceux qui exercent le pouvoir à quelque échelon que ce soit, soient comptables de leurs décisions, de leurs actes, - Dévoiler les magouilles et trafiques du makhzen économique, - Dénoncer les prédateurs de notre économie qui se prévalent de leur proximité du pouvoir, - Divulguer les véritables identités de ceux que le présupposé premier ministre appelle « les tamasihs »(2) et les « afarites »(3). Ces « crimes » , nous les assumons pleinement aussi. Cher ami, Grace à tes écrits, à très prises de positions, le mythe du changement s'écroule. Preuve aussi que « darou lokmane ma zalat 3la haliha » (4). Cher ami, Tu savais et nous savions qu'à travers toi c'est le site de Lakome qui est visé, un site qui les a mis sous haute surveillance, un site qui grâce à eux a acquis une stature internationale et qui a fait de toi un symbole, de part le monde, de la liberté d'expression. Cher ami, Quant à klab al gourna, laisse les aboyer et souviens toi des sages paroles de al imam achafii3i : « Si les chiens peuvent bien danser sur les cadavres des lions, il n'en demeure pas moins que les lions resteront des lions et les chiens des chiens ». Khalid Jamai, Rabat le 4/10/2013 1- Au suivant 2- Crocodiles 3-Les démons 4-Rien n'a changé dans la maison de « Lokman »