Safae Assam, 24 ans, étudiante en droit, est une "camarade", encartée à l'UNEM et militante communiste. Elle a été arrêtée mercredi 16 mars 2010 à Marrakech. Ironie du sort, le portrait qui circule d'elle sur Internet en solidarité est un cliché pris le samedi 15 mai 2010, quelques heures après la libération de son amie Zahra Boudkour qui sortait de deux ans de réclusion. Zahra, jeune étudiante engagée, était devenue en 2008, suite à son arrestation entachée de violences et un procès sévère, le symbole de toutes les victimes de la répression aveugle des autorités. En 2008 déjà, l'affaire Zahra Boudkour était mal passée : indignations à l'international comme à l'intérieur du pays, médiatisation du scandale... En ces temps de contestation, le régime peut il se permettre une nouvelle Zahra? Safae passera devant les tribunaux le jeudi 24 mars. On lui reproche son appartenance à un mouvement non autorisé, sa participation à des manifestations non autorisées, la distribution de tracts appelant à manifester mais la jeune femme est aussi accusée de vol (la manifestation du 20 février à Marrakech s'était soldée par de nombreux pillages.) Safae maintient qu'elle n'était pas à la manifestation, ce qu'assure aussi des proches contactés par nos soins. L'avocat qui s'occupe de son dossier, Maître El Ghorfi pointe du doigt un dossier « vide », et dénonce une vengeance des autorités sur une activiste de longue date. Un militant marrakchi explique que la situation a toujours été très tendue entre les étudiants militants de la ville ocre et les autorités qui du coup, n'hésiteraient pas selon lui à monter des dossiers de toute pièce pour réprimer. Les parents de Safae, eux, sont sous le choc. Ils n'avaient même pas été prévenus de l'arrestation. Après avoir tenté de la joindre à plusieurs reprises sur son portable éteint, ils ont contacté des amis de leur fille qui leur ont appris la nouvelle. Safae Assam, retenue à la prison Boulmhares de Marrakech a refusée de se nourrir les dimanche 20 et lundi 21 mars et menace d'une grève de la faim. Dans sa cellule, faute de lit, elle dort sur le sol. Elle s'est vu refusée sa demande de voir un médecin et de pouvoir avoir un cahier et un stylo. Sur le très politisé campus de Cadi Ayyad, l'arrestation de militants exacerbent les tensions. Les étudiants formaient une grosse partie du sit-in du 20 mars à Marrakech.