Entre menaces de retrait de certains alliés de la majorité gouvernementale et les joutes verbales de plus en plus agressives, le weekend n'a pas été de tout repos pour les acteurs de la scène politique. Abdelillah Benkirane a rappelé ce weekend que son gouvernement tirait sa légitimité des urnes et comptait sur le soutien du souverain. La réalité montre que les rapports sont toujours plus tendus au sein de la majorité gouvernementale déchirée depuis plusieurs semaines. La bataille rangée que se livrent le PJD et l'Istiqlal a connu un nouvel épisode le weekend dernier, alors que le secrétaire général du Parti à la balance a indirectement comparé Benkirane au général Oufkir. Ambiance. Ce lundi la presse nationale annonce cette fois, la rupture de l'Istiqlal avec le PPS. Aujourd'hui Le Maroc (ALM) rapporte ainsi dans son édition du jour, que lors d'une réunion de son parti tenue le weekend dernier à Casablanca, Nabil Benabdallah aurait appelé « les partis qui veulent circonscrire la représentativité du PJD à faire exactement le contraire de ce qu'ils sont en train de faire actuellement, car ce qui se passe (...) est de nature à rendre cette formation encore plus forte à tous les niveaux ». Même s'il n'a pas formellement désigné les partis auxquels il faisait allusion, il semblerait que ses déclarations visent l'Istiqlal, récemment entré en guerre ouverte contre le parti de Benkirane, et qui aurait également estimé que « le nombre des ministres du Parti du livre est disproportionné par rapport au poids de ce dernier au parlement ». Nabil Benabdallah aurait d'ailleurs émis l'hypothèse d'un possible retrait de son parti, si ce dernier était condamné à faire de la figuration au gouvernement. Le secrétaire général du PPS a ainsi annoncé l'intention de son parti de « militer pour ses idées et ses principes, que ce soit au gouvernement ou à l'extérieur ». Des déclarations qui auraient poussé le chef du gouvernement à rassurer son allié au téléphone, rapporte encore ALM. « Je lui ai expliqué qu'il s'est allié avec des hommes. Nous n'allons pas laisser tomber notre allié », a insisté le chef du gouvernement. Ce weekend a également été l'occasion d'un échange de tirs entre le PAM et le PJD. C'est ainsi que Mustapha Bakkoury, chef du PAM, a déclaré lors d'un meeting de son parti ce dimanche à Rabat : «j'ai ouï dire qu'il y avait dans les parages des gens qui crient (...) s'ils sont nombreux, c'est que le sanglier n'est pas loin...» Des déclarations qui feraient vraisemblablement écho à des propos tenus le samedi par Abdelillah Benkirane, lors qu'il a dénoncé l'action de ceux qui veulent parasiter l'action de son gouvernement, les comparant à des «désœuvrés qui crient lors d'une chasse au sanglier ». Notons que le chef du gouvernement s'est souvent signalé en gratifiant ses adversaires de surnoms de son cru, allant des «démons» aux «crocodiles». Pendant ce temps, Hamid Chabat sur le même ton a souvent qualifié certains ministres d'«ivrognes».