L'immeuble abritant les agents du CAB 1 à Rabat a été détruit et remplacé par des bureaux. Une page tragique de l'Histoire du Maroc qui se tourne, bien que la torture soit toujours pratiquée aujourd'hui dans des centres à Témara et Aïn Aouda. A la rue Moulay Idriss, au Quartier Hassan de Rabat, une page de l'histoire tragique du Maroc des années 60, est en train de se tourner. L'immeuble qui se situe au numéro 13, et qui a abrité les fonctionnaires du « CAB 1 », l'antenne du contre-espionnage marocain a été démoli, il y a quelques jours, pour laisser place à un immeuble de bureaux. Dans le bâtiment qui n'existe désormais plus, vivaient la plupart des barbouzes qui ont terrorisé les opposants au régime de Hassan II, sous les années de plomb. Achaachi, Hmida, Guerouani, Derfoufi, et Ouadghiri, autant de pères de famille, qui menaient là, une vie tranquille et qui, en traversant la rue, intégraient leurs fonctions au numéro 8, sur le trottoir en face, se transformant en tortionnaires impitoyables, qui n'hésitaient pas à mener les opérations les plus dures des années de plomb, à travers tout le territoire national, avec leur cortège insupportable d'enlèvements, de tortures, de viols, de rapines et d'assassinats, soigneusement racontés par Ahmed Boukhari, l'un de ces barbouzes, dans son livre intitulé « Le secret ». Les opposants étaient amenés pieds et poings liés au « Garage », pour y être sauvagement interrogés. Certains n'en ressortirent jamais vivants. La plus célèbre des affaires à mettre sur le compte du CAB 1, fut celle de Ben Barka, leader de la gauche marocaine et pro acteur de la Tricontinentale, enlevé le 29 octobre 1965, sur le trottoir de la brasserie Lipp, Boulevard Saint-Germain à Paris, par deux policiers et deux truands français, après une traque de plusieurs mois qui mena les espions marocains, jusqu'en territoire algérien où ils échouèrent dans une première tentative d'assassinat de l'intéressé. Remis aux hommes de main du Général Oufkir et de son adjoint, le colonel Dlimi, dans une villa à Fontenay-le-Vicomte, dans la banlieue parisienne et propriété du truand Boucheseiche, Ben Barka ne devait plus jamais réapparaître. Ahmed Boukhari, qui prétend avoir été le témoin privilégié de la tragédie, raconte qu'il était de permanence au standard du CAB 1, cette journée d'octobre, au cours de laquelle, il aurait coordonné téléphoniquement et suivi les opérations, qui ont abouti à la mort accidentelle de l'opposant Mehdi Ben Barka, sous les coups. Son corps ne sera jamais retrouvé. La plupart des protagonistes de l'affaire Ben Barka, sont morts ou ont pris une retraite de la police et « Le garage » a été temporairement transformé en logements de fonction.