Le parlementaire accusé de viol est innocenté, et la femme violée est arrêtée et accusée d'outrage à magistrat. Les autorités ont arrêté, vendredi 17 janvier, la citoyenne Malika Slimani dans le village d'Ain Aouda (au sud de Rabat). Accusée d'outrage à magistrat, elle a été présentée le matin du 20 janvier devant le parquet qui a demandé des excuses. Malika Slimani a refusé de présenter des excuses et a réitéré sa remise en question de l'intégrité du tribunal qui a statué sur son affaire. Le 16 janvier, la Cour d'appel est revenue sur le verdict du Tribunal de première instance dans l'affaire opposant Malika Slimani à Hassan Arif, député UC de Ain Aouda, et condamnant ce dernier à la prison ferme pour viol sur la plaignante. Cet acte de viol avait engendré la grossesse de Mme Slimani, qui a mis au monde un enfant âgé maintenant de deux ans. En appel, M. Arif a été innocenté. Cette décision annulant les peines prononcées en première instance a eu l'effet d'une bombe sur Malika Slimani, qui s'était évanouie après l'audience et qui a été transportée chez elle quasi-inconsciente, selon une source proche de la plaignante. Le lendemain (17 janvier), Malika Slimani s'est dirigée vers la Cour d'appel et s'est adressée à ses membres pour leur exprimer son indignation suite au verdict. Elle est alors arrêtée par la police et accusée d'outrage à magistrat. Selon des témoins oculaires, Malika Slimani s'est mise dans la salle des pas perdus du tribunal, et dès avoir aperçu les magistrats qui ont statué sur son affaire, elle s'est mise à crier son indignation, en indiquant que l'un de ces magistrats avait classé son affaire pendant deux ans, et que sa présence parmi les juges était un mauvais signe et qu'elle savait d'avance qu'elle sera perdante dans ce procès. Le magistrat en question, Mohamed Ouahrouch, était procureur au tribunal de première instance de Témara et avait déjà reçu la plainte de la victime en 2009. Une plainte qu'il avait immédiatement classée pour absence de preuves. La même plainte contenait deux expertises prouvant le lien de paternité entre le député et l'enfant de Malika Slimani. Il aura fallu que deux ans passent, et qu'un nouveau procureur soit nommé au tribunal de Témara pour que l'affaire de Malika Slimani soit dépoussiérée. Pendant les deux ans, la victime s'est adressée au ministre de la Justice et des Libertés, et même au roi Mohammed VI à travers une lettre écrite qu'elle lui avait remise au moment de son passage par Ain Aouda. L'affaire relancée, le verdict tombe en première instance. Un an de prison et 300.000Dh de dédommagements pour viol. Pourtant, le condamné ne sera pas mis sous écrou et interjette un recours. Selon des sources proches de la victime, le parlementaire avait contacté à plusieurs reprises Malika Slimani lui demandant de retirer sa plainte en contre-partie de lui céder la propriété de certaines parcelles de terre, ou contre des sommes d'argent. Des propositions qu'elle avait refusé en lui demandant de reconnaître son enfant. La victime a présenté au juge un extrait de quelque 300 appels téléphonique qu'elle avait reçus du député. Après le verdict du 16 janvier, des sources locales ont affirmé à Lakome que le député avait organisé une grande fête chez lui dans le village d'Ain Aouda, en y invitant les notables du village et les membres du conseil communal qu'il préside. De son côté, la société civile s'organise pour soutenir Malika Slimani. Une réunion aura lieu ce lundi pour mettre la lumière sur le déroulement du procès. Une lettre sera également adressée au ministre de la Justice et des Libertés. Par ailleurs, sur les réseaux sociaux, un groupe invitant le député Hassan Arif à présenter sa démission du parlement marocain.