Les cheikhs de la mouvance salafiste ont condamné l'intervention militaire française au Mali et l'aide apportée par des pays musulmans, sans toutefois citer nommément le Maroc et Mohammed VI. Alors que François Hollande a annoncé mardi l'autorisation donnée par le Maroc pour le survol de son territoire, les cheikhs marocains de la Salafya Jihadia ont dénoncé l'intervention militaire française au Mali et considèrent que ceux qui coopèrent avec la France doivent être expiés, leurs dirigeants politiques étant selon eux « des traîtres qui doivent être déposés conformément à la Charia ». Ainsi, cheikh Hassan Kettani, l'un des symboles de cette tendance, a écrit sur sa page Facebook que la France a été parmi les pires ennemis des musulmans et a rappelé ses actions criminelles à l'encontre de l'occident islamique. Il a ajouté qu'aucun étranger n'avait le droit de s'immiscer dans les affaires des musulmans et encore moins d'envoyer ses armées pour occuper leur pays et les tuer. Son collègue Abou Hafs, pour sa part, a écrit que ce qui se passe sur le sol islamique du Mali est une agression française brutale et un crime odieux qui ne peut être ni toléré ni justifié. Abou Hafs a ajouté que la coopération avec les occupants français est un crime égal au crime des français. Il a exhorté les Oulémas musulmans à œuvrer pour stopper ce crime et préserver la vie des musulmans. Quant à Omar Haddouchi, le plus radical de cette mouvance, il a été plus loin en déclarant explicitement l'expiation de tout personne qui coopère avec les Français dans leur guerre contre le Mali, en s'appuyant sur une ancienne fatwa de l'ancien Mufti d'Arabie saoudite Abdulaziz Ben Baz, un des principaux symboles du wahhabisme, et une autre fatwa de Ahmed Chakir, un salafiste égyptien qui avait déclaré l'expiation des collaborateurs égyptiens avec l'occupant britannique. Il a également cité une autre fatwa de Nizamuddin Chamazi, Mufti du Pakistan qui affirme en particulier qu'«aucun Etat islamique ne doit accorder des facilités pour utiliser son territoire et son espace aérien par un pays non-musulman, car c'est un interdit absolu dans l'Islam. Si un chef d'Etat islamique accorde une aide à un Etat infidèle qui agresse des pays islamiques, les musulmans ont le devoir religieux de l'écarter et le considérer comme un traître à l'islam et aux musulmans.» Les trois leaders de la Salafya Jihadia, emprisonnés après les attentats de Casablanca en 2003, ont été libérés en février 2012 suite à une grâce royale lors de la fête d'Al Mawlid.