L'armée algérienne encercle le complexe gazier d'In Amenas où un groupe de terroristes retient depuis mercredi une quarantaine d'otages étrangers. Au Mali, le premier contingent de soldats africains doit arriver aujourd'hui à Bamako. Les autorités marocaines de leur côté font profil bas depuis le déclenchement de l'intervention militaire française. L'armée algérienne encercle aujourd'hui le site gazier d'In Amenas, au sud-est d'Alger près de la frontière libyenne. où une centaine d'employés algériens et une quarantaine d'étrangers seraient détenus depuis mercredi par un groupe islamiste lié au réseau Al-Qaïda, qui réclame notamment l'arrêt de l'intervention militaire française au Mali. Le complexe gazier est exploité par le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l'algérien Sonatrach. Une opération est en cours pour tenter de libérer les otages. La situation sur place évolue vite et de nombreuses informations contradictoires ou invérifiables circulent dans les médias et sur le net. Quinze étrangers, retenus en otages par des islamistes sur le site gazier algérien, ont réussi à s'échapper, a affirmé aujourd'hui la chaîne privée algérienne Ennahar. Des Américains, un Irlandais et un Norvégien sont également pris en otage, d'après le département d'Etat, Dublin et la presse norvégienne. Selon un otage français joint par la chaîne France 24, des Malaisiens et des Philippins figurent également parmi les otages. Un Britannique, un Irlandais et un Japonais, présentés comme des otages, se sont relayés jeudi sur la chaîne de télévision Al-Jazeera pour réclamer le retrait des militaires algériens qui encerclent le site où ils sont détenus. Les assaillants ont dit être venus du Mali, situé à plus de 1.200 km de là, mais le ministre algérien de l'Intérieur a démenti en affirmant qu'ils étaient venus de la région et sembleraient vouloir "sortir du pays avec des otages, ce qui ne saurait être accepté par les autorités algériennes". D'après un employé du site, ayant requis l'anonymat, qui a pu écouter des échanges entre Algériens et ravisseurs, ces derniers "réclament la libération de 100 terroristes détenus en Algérie pour relâcher leurs otages". Soldats nigérians attendus aujourd'hui à Bamako Au Mali, où plus de 1400 soldats français sont maintenant déployés dans « l'opération Sirval », les combats continuent près de Konna (centre du pays), zone interdite aux observateurs indépendants et à l'ouest du Mali, dans la localité de Diabali, bombardée par l'aviation française. Environ 2000 soldats de la Misma (Force internationale de soutien au Mali) doivent être déployés d'ici le 26 janvier à Bamako, selon les conclusions d'une réunion tenue hier par les chefs d'état-major de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). A Bamako, l'arrivée d'un premier contingent nigérian est attendue ce jeudi. Le Togo a annoncé hier l'envoi de 2000 hommes, dont les premeirs ont quitté ce matin N'Djamena, la capitale tchadienne. Le Nigéria doit envoyer un total de 900 hommes. Le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal ont également annoncé l'envoi d'environ 500 hommes, le Bénin 300 (incorporés dans le bataillon togolais), la Guinée et le Ghana une centaine chacun. Au Maroc, silence des autorités L'intervention militaire française lancée lundi dernier a fait réagir l'ensemble des dirigeants de la région. Le premier ministre malien Diango Cissoko était jusqu'à hier à Alger pour une visite de deux jours, accompagné notamment du ministre malien de la Défense. Le président mauritanien Ould Abdelaziz, qui a ordonné en début de semaine la fermeture des frontières du pays, était lui aux côtés du président français François Hollande mardi aux Emirats arabes unis, où il a annoncé la « disponibilité » de la Mauritanie pour participer à l'opération militaire française. Au Maroc, les autorités font en revanche profil bas depuis le déclenchement de l'opération Sirval. C'est François Hollande qui a annoncé mardi l'autorisation de survol accordée par les autorités marocaines à l'aviation militaire française. Que pense la diplomatie marocaine de cette intervention ? L'Etat prévoit-il d'y participer ? Si oui de quelle manière ? Le ministre des Affaires étrangères Saâdeddine El Othmani ne s'est pas encore prononcé officiellement sur le sujet. Un communiqué du palais royal publié lundi par l'agence de presse officielle MAP indique simplement que François Hollande s'est entretenu par téléphone avec Mohammed VI. Le contenu des échanges et la position du souverain sur l'intervention française n'ont pas été communiqués. La seule déclaration officielle de la diplomatie marocaine vient de Youssef Amrani, qui a participé mardi à l'ONU à un débat sur le terrorisme. Le ministre délégué aux Affaires étrangères a affirmé que « "le Maroc a soutenu pleinement l'appel légitime du gouvernement du Mali pour recevoir une aide extérieure pour lutter contre ces éléments terroristes ». Concernant l'intervention militaire française, Youssef Amrani a indiqué sans plus de précisions qu'une « réponse pertinente est actuellement fournie par les partenaires bilatéraux ». Le déclenchement de l'opération Sirval semble avoir mis Rabat mal à l'aise, le Maroc étant désormais relégué au second plan face au voisin algérien. Signe qui ne trompe pas : outre le communiqué du palais royal, la seule dépêche sur le conflit publiée lundi par l'agence MAP est une « analyse » maison intitulée : « le supposé leadership régional algérien face à l'épreuve malienne : ni ascendant diplomatique, ni projection militaire »...