Les groupes terroristes en débandade L'opération «Serval» menée par la France est entrée lundi dans son quatrième jour. Dimanche, l'aviation française a bombardé plusieurs positions tenues par les groupes islamistes dans les principales villes du nord du pays comme Tombouctou, Gao ou Kidal, toutes échappant au contrôle du pouvoir central malien depuis maintenant plus de 10 mois. La stratégie militaire française au Mali semble se préciser de jour en jour. Intervenue de façon inattendue vendredi dernier suite à la percée militaire islamiste et l'occupation temporaire d'une ville du sud du Mali, elle vise désormais à frapper en vrac les positions des groupes armés dans tout le nord du Mali. Cette stratégie vise la désorganisation de ces groupes et le déblayage du terrain devant les troupes terrestres, essentiellement africaines, qui doivent entrer en action dans les prochains jours. Dimanche, les principales villes du nord malien, à savoir Tombouctou, Gao et Kidal ont la cible de plusieurs attaques aériennes. Pour la seule ville de Gao, des témoignages concordants laissent entendre que quelque 60 combattants du MUJAO (Mouvement de l'unicité et du jihad en Afrique de l'ouest) ont été tués dans les frappes aériennes de dimanche. Mais une farouche résistance a été opposée à ces bombardements dans la localité malienne de Léré, située à la frontière avec la Mauritanie, par des groupes «extrêmement armés» selon l'expression du ministre français de la défense. Ce sont d'ailleurs ces groupes qui ont fini par faire mouvement vers le centre du Mali, pour fuir les bombardements, et occuper dans la foulée une petite commune du centre, appelée Diabali. Selon les informations qui circulaient hier dans cette zone, ce groupe en déperdition est une katiba d'AQMI dirigée par l'Algérien Abou Zeid, celui-là même qui détient une bonne demi-douzaine d'otages français. Sur le plan diplomatique, une réunion du Conseil de sécurité était prévue lundi dans la soirée. En attendant ses résultats, probablement une accélération de la mise sur pied de la MISMA (force internationale pour le Mali), les premiers contingents des troupes africaines ont commencé, lundi, à arriver au Mali. La présence de ces troupes à Bamako, appuyés par plusieurs dizaines de soldats français, aura le mérite, d'une part de sécuriser le pouvoir transitoire du président D. Traoré contre toute nouvelle tentation putschiste et, d'autre part de préparer la récupération des territoires du nord malien dont le processus sera enclenché incessamment. Sur le plan politique, des voix se sont élevées en Afrique de l'Ouest pour fustiger le caractère tardif de cette intervention militaire, accusant au passage l'Algérie d'avoir longtemps favorisé la négociation pour permettre aux groupes terroristes de mieux se préparer à la guerre. Guerre qu'ils ont fini d'ailleurs par déclencher. Selon le politologue nigérian Jibrin Ibrahim, l'Algérie a «tout fait pour bloquer le rôle de leadership de la Cédéao. Pour nous en Afrique de l'Ouest, nous ne pouvons pas permettre à l'Algérie de poursuivre cette politique d'exportation de ses problèmes dans notre région». Même si l'Algérie a fini à la surprise générale d'ouvrir son espace aérien devant les Rafales français à destination du Mali, la presse locale s'est montrée très critique envers la France et sa décision d'intervenir militairement au Mali. De nombreux quotidiens algériens ont condamné, dans leur édition de lundi, ce qu'ils appellent l'attitude «néocolonialiste» de la France.