Les derniers chiffres de l'endettement public ont envoyé une onde de choc au marché financier : L'Etat s'endette à un rythme sans précédent, et de plus en plus cher. Les détails. En ces dix premiers jours de janvier, l'Etat a levé 15,5 milliards de dirhams en bons du Trésor auprès du marché financier marocain. Sur les deux opérations d'adjudications lancées depuis le début 2013, à la seconde, datant du 8 janvier, le Trésor tablait sur une levée de fonds de 14 milliards, mais n'a eu en retour qu'une demande de 10 milliards. Selon un analyste financier contacté par Lakome, ce montant levé en dix jours est vertigineux. A ce rythme, à fin janvier 2013, l'Etat aura emprunté le triple de ce qu'il a emprunté le même mois, une année auparavant. D'un autre côté, l'évolution des taux d'intérêt, fixés par l'offre et la demande, tire la sonnette d'alarme. La dette à court-terme à laquelle l'Etat a recours d'une manière de plus en plus fréquente, a vu ses taux augmenter de 0,49% et 0,47% par rapport à la dernière levée de fonds (voir tableau ci-contre). Une évolution qui donne le vertige au marché, notamment au secteur privé. Certains observateurs lient cet important accroissement de l'endettement au déséquilibre, prévu initialement en 2012, dans la Caisse marocaine des retraites (CMR), qui a été le sujet principal autour duquel le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a axé son intervention mensuelle, mardi dernier, devant la chambre des Conseillers. Par ailleurs, cette hausse des taux d'intérêt ne présage rien de bon pour le secteur privé, à cause de l'effet d'éviction : l'Etat, pour financer son déficit budgétaire, provoque la raréfaction de l'épargne et, en conséquence, la hausse des taux d'intérêts. « Si les investisseurs institutionnels commencent à facturer à l'Etat de plus en plus cher, le secteur privé qui présente plus de risques que l'Etat verra ses taux à lui augmenter à un rythme encore plus élevé. Cela, bien sûr, s'il reste encore des liquidités chez les prêteurs» conclut notre analyste. Un autre analyste nous explique que rien n'indique que la situation va se redresser, ni les chiffres, ni les décisions politiques. Si cette évolution s'avère durable, les projections du gouvernement dans la loi de finances 2013 risquent d'être rapidement mises en cause. Pour ne rien arranger, les nouvelles des banques ne sont guère rassurantes. La dégradation du crédit prive hante le marché. On parle d'explosion des impayés, avec un taux d'augmentation du contentieux des fois dépassant les 100%.