Les habitants de Figuig manifestent depuis une semaine pour protester contre leurs conditions de vie. Les communications téléphoniques ont été brouillées lors des rassemblements et l'unique site d'actus de la ville (figuignews.com) a été fermé pendant plus de 24h. « Figuig rend l'âme ! ». Excédés par le manque d'infrastructures et la mauvaise qualité des services publics, les habitants de la petite ville frontalière de Figuig vivent depuis une semaine au rythme des sit-in et des manifestations, le tout sous forte présence policière. L'étincelle qui a mis le feu aux poudres, c'est la condamnation d'un habitant le 17 décembre dernier, accusé d'exploiter illégalement une carrière. « Les gens ici ont l'habitude d'exploiter un peu de sable, avec des autorisations provisoires délivrées par la mairie. C'est un moyen de subsistance », explique Abderrahman Dadi, militant associatif de Figuig. Or y a quelques jours, la gendarmerie a arrêté un de ces habitants, qui a été condamné lundi dernier à une amende de 30 000 DH. La population s'est immédiatement mobilisée pour le soutenir. Ce sont d'abord les commerces qui ont fermé le 17 décembre, avant une marche vers les administrations et les services locaux. Toute la semaine, « les protestataires ont marqué des sit-in devant les bureaux du Pachalik et de la Municipalité scandant des slogans hostiles à la marginalisation, à la misère, au laisser-aller et à la hogra », relate le site local « Figuig News ». Mercredi dernier, le réseau de Maroc Télécom a été bloqué selon plusieurs sources concordantes. La coupure a eu lieu juste avant le début de la manifestation. Plusieurs habitants dénoncent également un brouillage des communications jusqu'au weekend dernier. Figuig News, le seul site d'informations de la ville, a lui-même été victime d'une attaque ce weekend. « A partir de samedi matin, le site a été fermé. J'ai essayé de contacter l'hébergeur pour avoir des explications, en vain. Le site n'a été rétablit que le lendemain vers midi », nous explique le responsable de Figuig News, Hassan Amara. Contacté par Lakome, l'hébergeur du site, domicilié à El Jadida, assure de son côté que « personne n'a demandé à ce que ce site soit fermé. Seule une décision de justice le permet. C'est peut être une attaque ». Il n'en dira pas plus. Un autre site de la région, Oujda24.net, qui couvrait également les événements, a lui aussi été attaqué et piraté du vendredi au dimanche... Hier dimanche 23 décembre, a eu lieu la plus grande marche organisée depuis le début de la contestation. Les habitants des ksour et quartiers de Figuig se sont rassemblés et ont fait le tour de la ville jusqu'au quartier administratif. Aujourd'hui, la situation semble s'être calmée selon les témoignages recueillis par Lakome. « La délégation provinciale du ministère de l'Intérieur à Bouarfa est venue pour tenter de négocier», croit savoir un acteur associatif de la ville. Contacté par Lakome, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, est resté injoignable.