Abdelali Banamour Pdt fondateur d'Alternatives La régionalisation sera tout bénéf ! S'il y a une autonomie consensuelle entre le Maroc et les autres parties (l'Algérie, le Polisario et le reste des pays), une démocratie régionale va s'instaurer. Et donc dans le cadre de cette démocratie, les rentes classiques auront tendance à reculer pour ne pas dire disparaître, et ce, pour le bien de la région. D'autant que le Maghreb ouvert et le Maroc ouvert serviraient d'espace de recul économique pour le Sahara et d'autres régions. Mais en même temps, le Sahara représenterait peut-être une sorte de laboratoire de démocratie économique à faire valoir au niveau des autres régions et du pays de façon générale. Je ne vois dans cette idée de régionalisation que du positif. On peut arriver à une sorte d'équilibre entre ce qui sera délocalisé localement et ce qui sera entre les mains du pouvoir central. Mais attention, le territoire n'est pas encore riche et il faudra prévoir dès maintenant une économie de type solidaire. Quand on va vers la régionalisation en général, on prévoit au niveau de la finance ce qui revient à l'Etat central à partir de l'impôt et ce qui va à la région. Et en même temps, on prévoit au niveau des ressources naturelles de la région, ce qui reste à la région et ce qui va à l'Etat central. Il faudrait instituer une solidarité interrégionale. Ali Sedjari Professeur universitaire Le raisonnement doit être global Le Sahara n'est pas une exception quand on parle de concentrations de richesses entre les mains d'une poignée de familles. Le fonctionnement de l'économie marocaine est basé sur les rentes, que ce soit à Casablanca ou au Sahara. Il faut sortir de cette économie de rente. C'est un système de corruption qui a été généralisé depuis 1975. Le Sahraoui n'est pas dupe. Si nous voulons devenir attractifs et attirer les investisseurs, il faut mettre de l'ordre dans nos circuits et dans notre tissu économique. De plus, ce n'est pas parce qu'il y a une pression internationale qu'on doit focaliser le débat sur le Sahara et occulter les problèmes des autres régions et créer une frustration. Le Sahara est une composante territoriale du Maroc comme les autres. C'est un risque potentiel qu'il faut éviter. Il faut que nous raisonnions dans une sorte de globalité. Jawad Kerdoudi Pdt de l'IMRI (*) Une réforme s'impose Le Maroc pourrait s'inspirer du système fédéral allemand en ce qui concerne le Sahara sous souveraineté marocaine, vu les spécificités de cette région. L'Allemagne a toujours été un Etat fédéral. La culture allemande est imprégnée de l'esprit fédéral, qui bénéfice d'une tradition plus que centenaire. Le système allemand facilite l'identification des citoyens, et permet de bien gérer les particularismes et les problèmes régionaux. C'est un système sophistiqué, où les prérogatives sont fixées à chaque niveau : Commune, Arrondissement, Land, Etat fédéral. En outre, l'Allemagne bénéficie, malgré sa diversité régionale, d'un capital unitaire façonné par la langue, l'histoire et une culture communes. Ce système ne pourrait être transposé tel quel dans les autres régions de notre pays. Le Maroc doit passer d'abord par une étape de régionalisation favorisant la décentralisation et la déconcentration. Il doit procéder à une profonde réforme administrative pour améliorer l'efficience des rouages de l'Etat. Il doit lutter contre la tendance naturelle dans notre pays à l'accaparement du pouvoir, et à la difficulté de sa délégation. D'autres systèmes de régionalisation sont plus proches de nous, notamment l'Espagne, la France et l'Italie. (*) Institut Marocain des Relations Internationales. Abderrahim Lahjouji Pdt de Forces Citoyennes L'économie sera renforcée Avec l'autonomie, le développement économique pourra trouver du renfort du fait que toutes les décisions seront prises localement. Et donc, il y aura une dynamique certaine. D'autant plus que, quand il s'agit de partenariats avec des investisseurs étrangers, ils ont tendance à prendre en compte cette flexibilité. C'est un facteur valorisant qui met en exergue les points positifs de la région. L'autonomie va consolider la démocratie locale et partant de là, les élus locaux seront à même de contrôler tous types de dérapages où l'économie de rente n'aura plus lieu d'exister. C'est une mise à niveau globale des comportements et des pratiques qu'il faudra mener à tous les niveaux. Il est clair que nous allons commettre des erreurs au début de cette expérience, mais il faudra s'assumer et se corriger au fur et à mesure.