Enquête : Sûreté nationale Près de deux mois après le lancement de la campagne de sensibilisation pour l'obtention de la carte d'identité nationale (C.I.N), les résultats se manifestent: dans certains commissariats, il y a plus de 500 demandes par jour. Au centre de ce processus visant à généraliser la C.I.N à l'ensemble des citoyens marocains âgés de 16 ans révolus, la Sûreté nationale. Des agents et responsables de police témoignent… L'heure est à la mobilisation au sein de la Sûreté nationale. La cause n'est autre que la carte d'identité nationale (C.I.N). Depuis quelques mois, chaînes de télévision et de radio, journaux et panneaux d'affichage sonnaient le glas d'un changement. Une campagne de communication en bonne et due forme représentait la nouvelle vision des autorités publiques dans leur approche du citoyen. Mais pour certains observateurs, les résultats n'étaient pas garantis. Le citoyen marocain, non habitué à ce genre de “ bonnes manières ” pouvait se montrer récalcitrant, hésitant… et craindre “ l'anguille sous roche ”. Cela n'a pas été le cas. L'engouement a été tel que les salles prévues pour l'accueil des citoyens, aux services de l'identité judiciaire ( relevant du service de la police judiciaire), étaient pleines. “ Le vendredi est un jour moins pénible que les autres. Le nombre de citoyen ne dépasse pas les 200. C'est les lundi, mardi et jeudi que l'encombrement est à son comble. Le nombre des demandeurs peut atteindre les 500. Alors imaginez un peu le calvaire que nous endurons” déclare un agent de police du commissariat central de Hay Hassani-Aïn Chock. Lors du lancement de la campagne, le message était clair : mobiliser le plus grand nombre d'agents afin de répondre adéquatement à la demande du public. “Demander ou remplacer sa carte d'identité, le citoyen n'a pas que ça à faire durant la journée. Nous devons le servir dans les moindres délais. Il ne faut pas qu'il passe plus d'une demi-heure à attendre pour être servi” ajoute un haut responsable de la sûreté nationale. Avouons que ce délai n'est pas toujours respecté, mais ne nions toutefois pas l'effort fourni pour que le temps d'attente soit des plus courts. Dans les différents services de l'identité judiciaire visités à Casablanca, la fluidité des files d'attente est canalisée en quatre catégories : la première est réservée à ceux qui font leur demande pour la première fois (vérifications de l'existence de l'ensemble des documents…. ). La seconde est pour ceux qui désirent renouveler leur carte ou demander un duplicata en cas de perte. La troisième est celle des empreintes (pour ceux qui font leur demande pour la première fois, les empreintes sont faites pour les deux mains. Quand il s'agit d'un renouvellement, seules sont exigées les empreintes de la main droite). Enfin, la dernière file est pour la remise des documents ( empreintes et dossier). Le citoyen reçoit en contrepartie un reçu ainsi qu'un “ revenez dans quinze jours”. D'ailleurs, cette dernière réplique est née d'un réflexe. L'ancien réflexe. “ En cette période de campagne, les cartes sont confectionnées en moins d'une semaine. Certains citoyens ont reçu leur carte en moins de quatre jours ouvrables ”. C'est ainsi que durant toute la journée, les agents reçoivent les demandes. A 6h et demie, les guichets ferment, mais le calvaire des agents n'est pas encore à sa fin. Un nouveau travail commence : la saisie des données. L'ensemble des dossiers reçus lors de la journée est reporté sur une base de données informatisées et pour chacun, une dernière vérification est d'usage. “Certains agents passent des nuits blanches pour que l'ensemble des dossiers du jour soit envoyé le lendemain, par convoyeur spécial, au commissariat central de Rabat.” La mobilisation de la sûreté nationale ne se limite pas à l'augmentation des effectifs œuvrant dans le service de l'identité judiciaire. Pour certaines communes urbaines et rurales, c'est carrément l'administration qui se déplace vers le citoyen. Prenons le cas de Hay Hassani. Vu son éloignement de la commune urbaine d'Aïn Chock, et pour éviter au citoyen de se déplacer jusqu'au commissariat central de Hay Hassani-Aïn Chock, une antenne du service de l'identité judiciaire a été détachée à l'arrondissement de police d'Aïn Chock. “ C'est une initiative qui témoigne de la forte volonté de la Sûreté nationale de relever le défi de la généralisation de la CIN” déclare ce même responsable. Les communes rurales, quant à elles, ne sont pas reléguées aux oubliettes. Tout une équipe d'agents est détachée lors des journées du souk. “ Nous nous organisons avec les autorités locales (caïd) et nous mettons en place un stand. Le citoyen reçoit son certificat de résidence auprès du caïd, sur la table à côté, puis dépose sa demande chez les agents de la sûreté. Nous lui prenons même des photos, à la charge de l'administration…” nous déclare un fonctionnaire. Par ailleurs, consciente du coût supporté par le citoyen lors de l'établissement de la C.I.N, la sûreté nationale réagit en facilitant les procédures. “ Durant cette campagne, nous n'exigeons pas du citoyen le certificat de résidence délivré par le commissariat de la localité. D'une part, nous simplifions la procédure en acceptant le certificat de résidence délivré par la commune urbaine et d'autre part, nous réduisons les coûts puisque le certificat délivré par le commissariat coûte à lui seul 20 DH”. Il est vrai que les efforts des autorités publiques sont très visibles, mais cela ne veut pas dire pour autant efficacité et satisfaction du citoyen (lire l'article suivant).