Caisse marocaine des retraites Parallèlement aux autres Caisses de prévoyance sociale, la Caisse marocaine des retraites mène actuellement une étude actuariale qu'elle a confiée au Cabinet international Joel Winter. Les conclusions de ce dernier sont sévères si rien n'est fait d'ici 2008. A cette date, le déficit pourrait atteindre 409millions de dirhams. Le pic de ce déséquilibre serait atteint en2050. La Caisse marocaine des retraites (CMR) pourrait connaître d'ici 6 ans un déficit de l'ordre de 409 millions de dirhams. Ce constat résulte d'une étude confiée par la Caisse au Cabinet international Joel Winter. A long terme, c'est-à-dire à l'horizon 2012 et 2050, si rien n'est fait pour arrêter cette hémorragie, les choses peuvent aller crescendo. Le déficit serait alors respectivement de 5 milliards de dirhams et 150 milliards de dirhams. Pour y voir plus clair, nous avons demandé à Bendriss Benahmed Mohamed, directeur général de la Caisse marocaine des retraites sur l'avenir de 860.000 actifs qui y sont affiliés et les 12.000 autres qui rendent leur tablier chaque année. Selon cette étude, l'objectif recherché à travers cette analyse consiste à apprécier les tendances d'évolution des paramètres démographiques et financiers. Pour ce faire, le cabinet a procédé par une analyse rétrospective qui a porté sur l'évolution démographique des effectifs des actifs et des pensionnés d'une part et sur l'évolution des ressources et des charges du régime d'autre part. Ensuite, un volet prospective tentera de projeter les effectifs futurs des affiliés et des pensionnés ainsi que l'évolution prévisionnelle des cotisations et des prestations. Pour le directeur général de la CMR, ces projections sont basées sur un éventail d'hypothèses à caractère socio-économique en plus des paramètres techniques et spécifiques au régime. Afin d'avoir une idée plus claire sur la situation future des affiliés de la Caisse, l'étude montre que tout au long de l'étape plusieurs jeux de simulations ont été menés sur des variables stratégiques du modèle actuarial, notamment l'âge de la retraite, les taux de cotisation, l'assiette de liquidation, les taux d'annuité, etc. “Les premiers résultats révèlent une insuffisance de trésorerie du régime à partir de l'an 2008 en situation de statu quo. D'où la nécessité d'engager la réflexion sur les moyens d'assurer la pérennité du régime”, indique Bendriss Benahmed Mohamed. Stratégie préventive Avant qu'il ne soit trop tard, la CMR ne compte pas dormir sur ses lauriers pour prévenir cette situation catastrophe. En tout cas, c'est ce qu'avance son directeur général : “il n'est pas évident que les choses demeurent sans changement sinon, l'étude n'aurait servi à rien”. Paroles rassurantes pour ne pas tomber dans le scénario envisagé par Joel Winter en cas de statu quo. D'ailleurs la CMR a déjà inventorié dans le cadre de l'étude actuariale une série de pistes de réforme de type aussi bien paramétrique que structurel. Pour le premier responsable de cette Caisse, en dépit des chiffres astronomiques avancés ça et là, il n y a pas lieu de dramatiser la situation. Aux difficultés du moment, il existe des solutions adéquates pour colmater les brèches. D'ailleurs, depuis 1996, la Caisse marocaine des retraites qui était une entité rattachée aux structures du ministère des Finances, est érigée en établissement public doté de l'autonomie administrative et financière. Ce qui fait dire au DG de la Caisse : “depuis cette date, notre stratégie était fondée sur le principe suivant : veiller à la pérennité des régimes et garantir sa viabilité à long terme. Pour ce faire, nous attendons l'achèvement de la dernière phase de l'étude actuariale qui devrait traiter notamment des perspectives d'avenir de nos régimes”. Cela semble rassurant mais ne faut-il pas prendre le taureau par les cornes avant qu'il ne soit trop tard ? Si la situation présente persistait ce sont des milliers et des milliers de paisibles retraités qui ont travaillé durant toute leur vie qui se verront amputés d'un revenu au moment où eux et leurs familles en ont besoin. L'affaire CMR est loin d'être isolée, car son homologue la CIMR, comme d'ailleurs la CNSS et les autres gérées par les entreprises publiques, souffrent des mêmes maux. La retraite, toute la retraite marocaine, est aujourd'hui au bord de la ruine