Casablanca se décide enfin à solutionner le calvaire de la circulation. Deux tunnels seront creusés sur le boulevard Roudani, reliant le centre-ville au quartier Maarif et au rond-point Chimicolor. Ils ne coûteront pas moins de 110 millions de dirhams à la commune, à Lydec et à Maroc Telecom. L'appel d'offres sera lancé début avril. Un troisième chantier sera ouvert en 2006 ou 2007 en collaboration avec le ministère de l'Equipement et la Wilaya, sur le boulevard Jerada. "On a longtemps cru que pour résoudre le problème de la circulation, il fallait simplement construire des routes de plus en plus larges ou remettre des couches de bitume". Cette remarque de Mohamed Sajid, lors d'un récent débat organisé par les professionnels de l'immobilier autour de l'urbanisme de Casablanca, en dit long sur les nouvelles orientations de la ville. En effet, désormais, il ne s'agira plus d'élargir les routes, mais d'adopter des solutions définitives. La voie choisie est celle des tunnels. Ainsi, "deux grands chantiers seront lancés incessamment pour creuser des tunnels sur le boulevard Brahim Roudani et au niveau du rond-point Dakar, plus connu sous le nom de Chimicolor", explique Abderrahmane Bricha, chef de la division Infrastructures de la ville de Casablanca. La commune a procédé aux études préliminaires de faisabilité, sur la base desquelles un cahier des charges a déjà été établi. Ce n'est donc plus qu'une question de temps. En effet, "l'appel d'offres devrait être lancé dans une quinzaine de jours seulement, c'est-à-dire au plus tard en début d'avril 2006", explique la même source. D'ailleurs, ces deux ouvrages ont été budgétisés dans le cadre de l'année en cours, ce qui signifie qu'il n'est plus question de les faire perdurer. Les équipes de Mohamed Sajid font ici preuve d'une efficacité que l'on aimerait voir plus souvent de la part de certains élus locaux. Quoi qu'il en soit, le tunnel de Brahim Roudani devra coûter quelque 26 millions de dirhams. Ce coût relativement faible s'explique par la longueur courte et qui ne sera que de 350 mètres. L'ouvrage passera juste sous le Boulevard Zerktouni, permettant ainsi de relier plus facilement le centre-ville au quartier Maarif, dont le taux de fréquentation s'accroît de jour en jour. Ce même tunnel permettra également d'atténuer l'intensité des flux de voitures incessants en provenance de la route d'El Jadida, de l'Oasis, etc. Cependant, c'est au niveau du rond-point Chimicolor que le chantier est encore plus important. En effet, les études préliminaires font état d'une estimation d'au moins 50 millions de dirhams, ce qui porte à 76 millions de dirhams l'investissement que consentira le conseil de la ville. En outre, ce passage souterrain pour les véhicules sera l'un des plus importants ouvrages du genre jamais réalisé au Maroc. En effet, ce tunnel partira du rond-point Albert 1er et sera creusé sur le boulevard Emile Zola, il sera donc long de 800 mètres. Il permettra ainsi de décongestionner le boulevard de la Résistance, mais également la rue Mohamed Diouri qui est un passage obligé pour aller du centre-ville vers la gare Ouled Ziane, l'Autoroute, etc. Toutefois, il faut prendre en compte l'impact sur les réseaux d'eau, d'électricité et surtout d'assainissement dont le déplacement est souvent très coûteux. Pour ces deux projets, les mêmes études préliminaires estiment que le concessionnaire Lydec devrait débourser pas moins de 33 millions de dirhams. Il en est de même pour Maroc Telecom qui fournira beaoucp d'efforts surtout au niveau de Brahim Roudani compte tenu de la proximité avec la centrale de l'opérateur de téléphonie fixe, souligne toujours Abderrahamane Bricha. D'ailleurs, La Lydec a déjà été contactée par les services du Conseil de la ville pour procéder aux compléments d'études nécessaires. Apparemment, la ville ne compte pas s'arrêter sur ces deux premiers tunnels. En effet, elle a signé une convention tripartite avec la Wilaya et le ministère de l'Equipement pour un chantier encore plus important. Il s'agit de deux tunnels et d'un pont qui verront le jour sur le boulevard Abderrahim Bouabid, ex- Jerada. Ainsi, cette artère passera sous les boulevards de la Mecque et de l'Oasis, mais également au-dessus de la voie ferrée. Il faudra toutefois attendre 2007 avant d'y voir plus clair concernant ce projet capital. Aujourd'hui, il est clair que c'est une nouvelle politique qui se dessine à l'horizon. C'est un début louable certes, cependant, il reste bien d'autres nœuds à défaire pour fluidifier davantage la circulation. Par exemple, il était question de construire un échangeur au niveau de la route de Marrakech à hauteur de sidi Maarouf. Car, aux heures de pointes, la circulation automobile y est quasi impossible, dans la mesure où les autorités n'avaient pas anticipé le développement fulgurant que connaîtra la zone. Aujourd'hui, non seulement les entreprises ont en fait leurs destinations favorites, mais le logement social s'y est développé à un rythme impressionnant. Le même constat peut également être fait au niveau du Maarif, dans la mesure où la rencontre des boulevards Bir Anzarane, Yacoub El Mansour, Brahim Roudani et la Route d'El Jadida crée des embouteillages monstres. Là même, un passage souterrain ne permettra que de résoudre le problème pour les dix ans à venir. Car le développement constaté dans les quartiers Oulfa et à Hay Hassani, toujours grâce aux habitats bon marché (HBM) fait que la circulation continuera à se densifier jour après jour. Au niveau du Boulevard Ghandi, il faudra également commencer à raisonner dans la même perspective.