Tifariti est une commune rurale relevant géographiquement et administrativement de la province de Smara. Elle est située presque à mi-chemin entre l'ancienne capitale spirituelle du Sahara et fief du Cheikh Maa El Aynine (50 km) et la ville algérienne de Tindouf (90 km) où sont séquestrés depuis une trentaine d'années des milliers de citoyens sahraouis. On se rappelle à cet égard, que 24 heures avant la signature et la proclamation du cessez-le-feu entre le Maroc et le Polisario sous les auspices de l'ONU en 1991, Feu le Roi Hassan II avait ordonné aux Forces Royales de bombarder les positions du Polisario près de Tifariti. A quelques dizaines de kilomètres du mur de défense établi par les FAR dès les années 80. Histoire de signifier à l'ONU d'abord, puis à l'Algérie et son Polisario que, même si les unités des FAR acceptaient de reculer au-delà du mur de défense, cela ne pouvait signifier que Tifariti et les autres localités situées près de la frontière algérienne étaient pour autant abandonnées. Une zone tampon 100 % marocaine Tout au long des consultations électorales, municipales et parlementaires, que le Maroc a connues depuis 1977, Tifariti était représentée dans les institutions politiques marocaines ; elle dispose encore de son Conseil communal élu avec sa trentaine de membres et dont le président est le citoyen marocain R'guibi Ahmed Ould El Bouhali. Tifariti est également, représentée au sein du conseil provincial et régional de Tata, Assa Zag Smara. Pour le Maroc en tous cas, Tifariti n'est qu'une zone tampon placée sous la responsabilité des Nations Unies. Et plus spécialement sa Minurso. Le rôle de celle-ci étant à la fois de contrôler le respect du cessez-le- feu, le mouvement des troupes et en deuxième lieu procéder à l'identification des citoyens habiletés à participer au référendum d'autodétermination des populations sahraouies. Mais puisque ce deuxième rôle est devenu pratiquement caduc sous l'effet de son inapplicabilité et de son dépassement, il ne restait objectivement à la Minurso que de s'assumer pleinement dans son rôle de contrôle en attendant que les négociations politiques puissent s'ouvrir un jour. Si le Maroc n'a jamais cherché à occuper militairement la zone de Tifariti, c'est beaucoup plus par respect pour la souveraineté territoriale de son voisin algérien dont la frontière internationale se trouve justement à quelques encablures de cette zone et aussi pour s'assumer dans son respect scrupuleux des dispositions du cessez-le-feu de 1991 sous les auspices des Nations Unies. Du Congrès du Polisario à la proclamation de la RASD Pourquoi les mercenaires du Polisario ont-ils choisi le Nord-Est du mur de sécurité pour s'adonner à cette nouvelle démonstration de force ? D'abord, l'impuissance dont ont fait preuve les agents de la Minurso qui ont tendance à transformer une zone marocaine qui leur avait été confiée par le Maroc en “territoire libéré” du Polisario. Certes, tout au long des rapports du Secrétaire général de l'ONU sur le Sahara remis au Conseil de Sécurité tout au long des deux dernières années, Koffi Annan n'avait pas manqué de souligner les mouvements des forces du Polisario en les appelant à un respect absolu des dispositions du cessez-le-feu. Or, le Polisario n'a pas cessé de pousser ses pions et ses positions vers la zone tampon. Il profite autant de l'impuissance de la Minurso et du laxisme des Marocains mais aussi du fait que tout autour de Tifariti et jusqu'aux contours du mur de défense, la zone est truffée de mines dont la responsabilité est partagée entre les deux billigérants. Déjà en 2004, le Polisario avait choisi de tenir son congrès à Tifariti. invitant des “amis et alliés” étrangers dont de nombreux ministres et chefs de partis politiques algériens. S'il revient à la charge, c'est encore une fois pour tester la réaction de la Minurso et des FAR. Si les premiers se sont contentés de regarder, les FAR, n'ont pas reçu l'ordre de tirer sur les positions ennemies. Et comme nous l'explique si bien Si Mohamed Bahi, le journaliste marocain sahraoui et ancien détenu du Polisario “Le début de l'escalade n'a pas commencé avec la célébration de l'anniversaire de la création de la fantomatique RASD, mais bien avant. Le polisario a commencé par la construction d'un édifice que l'on dit destiné à l'édification du Parlement de la République Sahraouie avec le soutien financier de plusieurs associations humanitaires et politiques européennes et notamment espagnoles. » Ce que le Maroc n'a pas encore fait Mais le danger n'est pas là. Il est surtout dans la présence effective des unités de l'Armée Algérienne dans l'axe de Tifariti. Comme si ces derniers cherchaient visiblement à provoquer les forces marocaines. Mohamed Bahi et avec lui de nombreux militants sahraouis, en particulier ceux ayant regagné la mère patrie il y a quelques années, affirment qu'il importe à la Minurso, non seulement de faire des déclarations apaisantes mais d'en informer officiellement le Secrétaire général et de réclamer une résolution onusienne claire appelant au retrait des forces du Polisario et de l'Algérie de cette zone tampon. Il importait également à la diplomatie marocaine, non de remettre un mémorandum au Secrétaire général de l'ONU, mais d'appeler à une réunion urgente du Conseil de Sécurité comme cela se fait généralement lorsque les décisions de l'ONU sont piétinées, seul recours crédible pour que la situation héritée du cessez-le-feu de 1991 reste inchangée. Les Sahraouis ne savent pas pourquoi le Conseil municipal de Tifariti et son président Ahmed Ould El Bouhali ont été relégués au second plan alors qu'ils sont les représentants élus et mandatés par les populations vivant à Tifariti. Dans l'esprit des visées séparatistes Plus grave encore, ces Sahraouis estiment que si le Maroc venait à abandonner Tifariti, le Polisario risque fort d'étendre son occupation à d'autres localités situées au-delà du mur de défense marocain. On pense à Bir Lahlou, Mahbés, El Farsia, Et Jdiriya, situés toutes à l'est de S'mara. Mohamed Bahi prévoit que si Tifariti est déclarée capitale de la RASD, l'occupation des quatre autres localités suffiraient pour que le Polisario proclame officiellement sa république et conforte l'Algérie dans son plan séparatiste consistant à partager le Sahara marocain entre les deux parties. Bahi se demande d'ailleurs si l'ambassadeur d'Algérie à Rabat, l'homme du sérail, le général Larbi Belkheir, qui recevait dernièrement les partis et les ministres du gouvernement Jettou qui fondaient tant d'espoirs sur lui pour débloquer la situation, n'était pas au courant des manœuvres que son pays préparait. Les Sahraouis de l'intérieur réclament comme il y a une vingtaine d'années, après la bataille de Bir Inzarane, que l'Etat marocain donne le nom de Tifariti aux boulevards, aux écoles, aux barrages et même aux mosquées et aux grandes places publiques. “Pour que les Marocains sachent, de Tanger à Lagouira, que Tifariti est une partie intégrante de leur territoire”. Mieux encore, ils souhaitent vivement que le Conseil Consultatif Saharoui, que le Souverain a appelé dès 1999 à son redéploiement ait enfin l'occasion d'exercer ses prérogatives. Ce conseil qui hélas n'est pas encore créé, ni élu au suffrage universel, ni même désigné !… La dernière prorogation de Koffi Annan Il est précisé que d'ici le 30 avril 2006, avec l'expiration du mandat de la Minurso au Sahara, le Secrétaire général de l'ONU n'aura d'autres choix que de solliciter une nouvelle prorogation en attendant des jours meilleurs. De nombreux observateurs estiment que ça sera alors la toute dernière décision de Koffi Annan sur le Sahara. Son mandat prend officiellement fin en décembre 2006 et le nouveau secrétaire général, probablement un Asiatique ou un Américain du Nord, aurait besoin d'au moins d'une année ou deux pour mieux connaître le dossier du Sahara et prendre les décisions qu'il estime nécessaires. Deux années, soit jusqu'en 2007 ou 2008, c'est juste le temps qu'il faut pour l'Algérie et sa progéniture pour imposer le fait accompli. En 2006, le dossier du Sahara aura passé entre les mains de quatre secrétaires généraux de l'ONU : l'Autrichien Kurt Weildheim, le Péruvien Perez De Cuillar, l'Egyptien Boutros Boutros Ghali et enfin le Ghanéen Koffi Annan. Bonne chance au 5ème S. G des Nations Unies.