Le billet d'aujourd'hui, je le crains, risque d'être ordinaire, voire banal. A l'heure où je l'écris, et au moment où vous allez le lire, mes chères lectrices, mes chers lecteurs, toujours prêts à endurer, avec un courage exemplaire, les frasques de nos célébrités nationales, Mahjoubi Aherdane, car c'est de lui qu'il s'agit, en aurait sûrement commis une des plus bonnes. Les perles s'entend. Je me demande même s'il ne serait pas plutôt commode de réfléchir à éditer un abécédaire qui comptera (contera aussi) tous ses écarts. Bon, cela, il le fera lui-même, peut-être ! La semaine écoulée, il a écumé toute la presse de la place. Et pour cause : il compte (encore une fois !) publier ses mémoires. Espérons… ! En attendant, tout à son bonheur, l'Amghar ne cesse d'en découdre avec les Marocains. Les électeurs, précisément. « Des mouches », assène-t-il. Si, si. Pourquoi vous faites cette tête ? Il a dit en substance : « Ce sont les essaims de mouches qui remplissent les urnes ». Surtout, n'allez pas lui parler des abeilles, à l'Amghar. Les butineuses ne font pas le poids devant les nuées de ces petites créatures que vous ne dédaigneriez pas à chasser, avec vos chasse-mouches. Aherdane parlait lors d'un meeting des Harakis. Comme à l'habitude, chaque fois qu'il est devant la foule, il se sent incapable de résister à son élan et son style imagé. Des images, il en voit et des merveilleuses ! Grand blagueur devant le seigneur, il ne rate jamais l'occasion de faire marrer la galerie. Irrésistible Aherdane ! Pourquoi traiter les « masses » électorales de mouches et les urnes de « chouaris » ? Le vieux Haraki a toujours eu un faible pour les bêtes ailées (lisez : bêtes zélées). Faut-il lui en vouloir ? Oui et non : Oui, si on n'est pas encore désespéré de son cas, et donc on croit savoir qu'il finira par se taire. Non, car il y a toujours une mouche pour le piquer. Et quand une mouche pique un vieux Amghar, il est immanquablement saisi d'une volonté de faire mouche. Désespéré, Moi ? Pas du tout. Seulement voilà, quand on espère gagner avec des électeurs qu'on n'hésite pas à traiter de “mouches” (Dabbane, en arabe), je me demande si ce n'est pas la politique des « mains sales » qu'on est en train de filer au pays. Vous avez sans doute fait le rapport entre « les mouches » et « les mains sales », les deux œuvres théâtrales majeures de Jean Paul Sartre. C'est dire qu'il y a toujours une intelligence malicieuse chez le chef haraki !