Adoptée au terme de la 4e Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière dans la ville ocre, la Déclaration de Marrakech marque un tournant dans la reconnaissance de la sécurité routière comme un enjeu global. Portée par des engagements concrets, elle appelle à des financements durables, à une mobilité repensée et à une meilleure protection des usagers vulnérables. Les routes modernes sont à la fois un vecteur de mobilité et le lieu de nombreux accidents, dont la plupart sont évitables. Chaque année, 1,35 million de vies sont fauchées sur l'asphalte, une tragédie d'autant plus inacceptable que les solutions existent. Vitesse excessive, infrastructures inadaptées, absence de régulations efficaces, la liste des causes est connue, et, pourtant, les engagements tardent à se transformer en actions concrètes. La Déclaration de Marrakech, adoptée lors de la 4e Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière, s'inscrit dans cette urgence. Conçue comme une feuille de route ambitieuse, elle repose sur six engagements clés, allant du renforcement des financements à la promotion d'une mobilité plus sûre et plus durable. Mais pour Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique, ces engagements ne doivent pas rester à l'état de promesses. «L'impact vient de l'action», insiste-t-il, appelant à traduire ces principes en politiques publiques tangibles. Sentiment d'urgence Les interventions des experts lors de ce grand sommet sur la sécurité routière ont rappelé une évidence : si certaines décisions peuvent sembler complexes, d'autres sont à portée de main. Réduire la vitesse en zone urbaine, aménager des passages sécurisés, ou encore repenser le partage de l'espace entre voitures, piétons et cyclistes sont autant de mesures qui ont déjà prouvé leur efficacité dans de nombreuses métropoles, de Paris à New York. «Trente kilomètres par heure, des infrastructures adaptées, des mesures de sécurité renforcées, ce ne sont pas des miracles, ce sont des choix», rappelait Lotte Brondum, directrice exécutive de la Global Alliance of NGOs for Road Safety lors de la séance de clôture. Ce pragmatisme, bien plus que les déclarations de principe, est bien ce qui constitue en réalité le moteur du changement. La Déclaration de Marrakech s'accompagne d'une série de recommandations concrètes qui doivent guider l'action des Etats et des collectivités. Il s'agit d'abord de garantir un financement durable pour la sécurité routière, afin que les infrastructures et les campagnes de prévention ne dépendent plus des aléas budgétaires. La promotion des systèmes de mobilité durable et des nouvelles technologies figure également parmi les priorités, tout comme le renforcement de la coopération internationale, en particulier avec les pays à faible revenu. Les actes se font attendre Les organisations non gouvernementales, en première ligne depuis des années, rappellent que les solutions existent et que leur mise en œuvre dépend avant tout de la volonté politique. «Les ONG montrent les réalités, prédisent les conséquences tragiques de l'inaction et, pourtant, notre voix a souvent été ignorée», se désole Lotte Brondum, faisant part de la frustration des acteurs de terrain face à l'inertie des décideurs. Le constat est sévère, mais il rappelle une évidence, à savoir la sécurité routière ne s'acquiert pas à coups de déclarations, mais par des engagements fermes et suivis d'effets. La jeunesse représentée par une poignée d'associations internationales refusent d'être les victimes passives d'un système qui les condamne à un risque disproportionné. «Marcher et rouler à vélo dans un monde qui glorifie la vitesse est un acte radical de sécurité routière», a martelé Raquel Barrios, représentante de Youth for Road Safety, rappelant au passage qu'une mobilité plus sûre passe par une refonte profonde de la hiérarchie des priorités. Parmi les recommandations unanimement reconnues comme une nécessité immédiate figurent l'amélioration de l'accès aux transports publics, la sécurisation des infrastructures et une meilleure prise en compte des usagers vulnérables. Abdessamad Kayouh l'a souligné à la clôture des travaux. «La Déclaration de Marrakech ne doit pas se cantonner à un simple document». Au sortir de ce congrès, le sentiment d'urgence est là. L'Histoire dira si ce moment marque un tournant décisif ou une occasion manquée.. Abdessamad Kayouh ministre du Transport et de la Logistique «La Déclaration de Marrakech ne doit pas se cantonner à un simple document, mais servir de cadre d'action concret, porté par des engagements fermes et un suivi rigoureux, pour que chaque mesure adoptée ait un impact réel sur la vie des citoyens». Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ECO