BIO EXPRESS Membre du Conseil national de L'USFP, Soufiane Khairat est de cette jeune garde socialiste qui n'a pas froid aux yeux. Ex-secrétaire général de la jeunesse ittihadia, il a, à maintes reprises, fait grincer les dents de certains responsables de son propre parti. Celui qui sera très bientôt l'énarque que la chabiba n'a jamais eu (il poursuit ses études supérieures en France), a jeté un regard très critique sur l'évolution de la pensée de la gauche au Maroc d'aujourd'hui. Il livre aux lecteurs de LGM ses propres analyses sur une certaine vision de la gestion de l'agenda pré-électoral, y compris l'éventualité d'une alliance avec le PJD. Fusion USFP-PSD Nous assistons à un renversement de la logique qui a accompagné l'évolution politique de l'USFP. Il ne faut pas oublier que depuis la fondation de l'UNFP, l'histoire du parti est une succession de scissions à l'épreuve de chaque crise politique. Cela a été rendu possible par trois facteurs. Sur le plan politique : les élites sont de plus en plus conscientes de la nécessité du regroupement et de création de grands pôles. Ensuite, les composantes de la gauche marocaine commencent à pressentir, lentement mais sûrement, le danger que présente l'islamisme. La gauche commence à avoir un autre regard sur son histoire. Quand elle se rappelle tous ses sacrifices, elle se dit tout cela pour ça : les islamistes au pouvoir. Enfin, je crois que le septième congrès de l'USFP a créé les conditions organisationnelles d'une ouverture sur les composantes de la gauche. Le départ du Abderrahmane Youssoufi a été le déclic qui a permis d'entamer un changement dans notre conception de l'organisation et du rôle du parti. Avec le septième congrès, nous sommes devant un changement de culture politique mais surtout d'une mise en valeur de l'avenir par rapport au passé. Une plus grande maîtrise du passé en quelque sorte. La relation avec les autres composantes de la gauche et l'appel de El Yazghi C'est une suite logique de la fusion avec le PSD. L'appel du premier secrétaire veut rappeler à la fois qu'il s'agit d'une étape qui s'inscrit dans un projet global, celui de rassembler toute la gauche et que désormais nous nous projetons, résolument, vers l'avenir. Cela dépendra à mon avis de deux choses. Une convergence des consciences multiples et contradictoires des différentes composantes de la gauche vers une idée simple : la gauche ne peut gouverner ce pays sans la monarchie. Quelle monarchie avec quels pouvoirs ? C'est une autre question dont nous pouvons débattre. Ensuite je pense que l'USFP doit évoluer vers un mode d'organisation encore plus dynamique, plus attractif et plus structuré à gauche. Alliance avec le PJD Après le discours du premier secrétaire à l'occasion de la réunion du comité central de la jeunesse ittihadia, je pense que les dirigeants du parti ne doivent plus répondre à cette question. C'est sans aucun doute un faux débat. L'USFP a présenté un programme politique clair consacrant en termes d'alliances deux logiques : le rassemblement de la gauche et la refondation de la Koutla. L'interview de Lamrini était une réflexion d'un intellectuel soucieux de préserver les acquis de la démocratie et la stabilité du pays plutôt que celle d'un membre du bureau politique. C'est son point de vue et il a tout à fait le droit de le dire s'il l'avait précisé. Mais nous ne nous permettrons, en aucun cas, que nos débats en interne nous soient dictés par une tendance assez minoritaire de l'opinion publique.