Portrait de Khalid Azig, le cerveau de la cellule terroriste démantelée au Maroc De la ville d'Agadir, où il est né en 1981, à Damas, en Syrie, où il a été endoctriné et entraîné, en passant par les frontières syro-irakiennes où il a rallié les Moujahdines vers l'Irak, Khalid Azig, le terroriste «nouvelle génération», arrêté au mois de nombre dernier au Maroc, a suivi le parcours-type du Jihadiste. Portrait sur le passé de ce jeune terroriste qui a débarqué en juin dernier pour recruter et former une cellule terroriste marocaine dans la perspective de mettre le pays à feu et à sang... D'emblée, il annonce la couleur à la première question que lui posent les enquêteurs de la BNPJ. «Oui, je suis un émir envoyé par Al Qaida pour réorganiser les réseaux dormants et recruter de nouveaux moujahidines au Maroc pour les envoyer au Jihad en Irak». Cette déclaration arrogante est celle de Khalid Azig, le Marocain intercepté dans le cadre de l'affaire de la cellule terroriste en formation démantelée au Maroc à la fin du mois de novembre dernier. Plus qu'un terroriste, le malheureux Azig, est un recruteur au service de l'organisation d'Oussama Ben Laden, dépêché dans le pays pour accomplir une mission d'une haute importance pour le compte d'Al Qaida. Les propos du détenu de la prison civile de Salé lors de son interrogatoire par les limiers de la BNPJ sont d'une suffisance invraisemblable digne des grands émirs endoctrinés par les sommités de l'organisation terroriste Al Qaida. Sur les PV de police, dont La Gazette du Maroc détient une copie, on apprend que le bonhomme, malgré son jeune âge, a un lourd passé dans le jihad et représente de ce fait le symbole même d'une nouvelle génération, new-look, de terroristes. Tout a démarré pour lui un 16 septembre 2002, date de son premier voyage en Syrie. Avant même ce déplacement, il faut dire que Khalid Azig était déjà embrigadé pendant deux années par un certain Hamid Essalibi et Hassan Al Hasski ( le frère de Hassan Al Hasski incarcéré dans l'affaire des attentats de Casablanca ), deux salafistes jihadistes de souche qui les fréquentait souvent à la mosquée «Al Imam Al Boukhari» à Agadir. Sa personnalité «prédisposé-à-devenir-terroriste», est ainsi faite en si peu de temps pour accepter d'adhérer au mouvement terroriste et faire le déplacement en Syrie. Sur place, et comme pour n'importe quel futur terroriste, Khalid Azig est pris complément en charge par les agents d'Al Qaida qui l'inscrivent immédiatement, en guise de camouflage, à l'Institut “El Fath Al Islamiï pour les études religieuses” à Damas. « Malgré son désaccord, mon père m'a financé seulement l'achat du billet d'avion, à peu près 4200 Dh, pour aller en Syrie. Le reste, ce sont les frères musulmans qui me l'ont assuré et ce, pendant toute la période de mon séjour à Damas », reconnaît Khalid Azig lors de sa détention dans les locaux de la BNPJ. Un autre élément qui démontre qu'Al Qaida ne lésine point sur les moyens financiers pour fabriquer de nouvelles bombes humaines au service du jihad. Ses premiers jours dans le pays, Khalid Azig sera hébergé dans un appartement avec ses compères marocains et ses mentors, notamment Hamid Essalibi, qui le rejoindra peu après, Abdelhak El Kouani, Ayoub Azzaim, Hassan Alouane (arrêté à Casablanca dans le cadre de l'affaire de la cellule marocaine ). En cette bonne compagnie, Khalid Azig se taillera petit à petit un costume de terroriste. De Damas, à Halab, en passant par la Turquie, la Grèce, le malheureux Azig-malheureux puisqu'il s'est fait coincé bêtement- se verra confier des missions très spéciales par son mentor, Hamid Essalibi. Entre autres, il accompagnera plusieurs groupes de moujahidnes, hommes et femmes confondus, aux frontières Syro-irkaiennes en vue de leur ralliement avec les bandes armées d'Abou Mossab Al Zarqaoui en Irak. Le facteur d'Abou Moussab Al Zarqaoui On lui confiera également d'escorter des moujahidines, arrivés de l'Afghanistan à travers l'Iran pour les ramener eux aussi combattre avec les guérillas terroristes en Irak. C'est ainsi que Khalid Azig s'imposera dans ses premières années d'activisme dans les rangs d'Al Qaida en Syrie. Il est bien noté et constitue désormais l'homme de confiance de Hamid Essalibi (parti pour le jihad en Irak) et qui le présentera quelques années après aux deux grands émirs d'Al Qaida en Syrie, le docteur Mounir Al Jazairi et Abdelhamid Al Jazairi. D'Istanbul, en Turquie, à Damas en Syrie, en passant par les frontières Syro-irakiennes, Khalid Azig a suivi le parcours type du djihadiste. Au point qu'il constituera en si peu de temps l'intermédiaire incontesté, une sorte de courtier, de l'organisation Al Qaida à travers la région. Son exploit, tel qu'il l'a raconté aux enquêteurs de la BNPJ, et non des moindres, il a réussi à transmettre, en janvier 2005, trois lettres émanant d'un grand leader d'Al Qaida, un certain Abou Bassir Al Jazairi, connu pour être le représentant de cette organisation terroriste en Europe, à Oussama Ben Laden. “La première lettre que ma confiée Abou Bassir Al Jazairi parle de la disposition de nouveaux moujahidines en Arabie Saoudite au combat à titre de remplacement de ceux qui ont été repérés par les autorités du pays et qui font l'objet d'avis de recherche. La deuxième, elle, est une sorte de lettre émanant du groupe salafiste algérien pour la prédication et le combat (GSPC) qui prête désormais allégeance à l'organisation Al Qaida d'Oussama Ben Laden. Et enfin, la troisième missive évoque la nécessité d'unifier les mouvements terroristes maghrébins, (GICM Marocain), (GSPC algérien) et (le GICL libyen), autour d'une même structure qui sera baptisée l'organisation d'Al Qaida au Mahgreb arabe”, reconnaît Khalid Azig dans ses aveux obtenus par les enquêteurs de la BNPJ. D'autres missives, ajoute le jeune terroriste, leur ont été également confiées, comme celle qu'il avait reçue en décembre 2004 du docteur Mounir Al Jazairi et adressée à Abou Mossab Zarqaoui en Irak, ou l'autre, postée dans son adresse mail par Abou Bassir Al Jazairi, destinée également aux moujahidines en Irak, que Khalid Azig a bien réussi à acheminer vers les destinataires. Les activités subversives de ce dernier ne se limitaient pas uniquement à faire le simple facteur pour le compte d'Al Qaida dans la région. Au contraire. Comme tout activiste fraîchement aligné, Khalid Azig s'est spécialisé également dans la fraude et la falsification des passeports, toutes nationalités confondues, pour permettre aux moujahidines de passer les frontières d'un pays à l'autre sans se faire repérer. Dans ses aveux, Khalid Azig cite, entre autres, le passeport marocain de Mohamed Rehha (l'autre cerveau de la cellule terroriste démantelée au Maroc et arrêté en novembre dernier à Casablanca) qu'il a falsifié pour permettre à ce dernier de regagner en toute quiétude la Belgique. En trois ans d'activisme, Khalid Azig a tout fait. Il a été préparé, endoctriné, embrigadé, entraîné, pour être envoyé par Al Qaida au Maroc au mois de juin 2005. Sa mission vaut le statut qu'on lui a attribué en Syrie. Elle consiste à recruter et former des salafistes jihadistes méconnus par les services de renseignement marocains. Khalid Azig s'est autoproclamé émir du nouveau mouvement terroriste en formation. Du mois de juin 2005 au mois de novembre de la même année, Khalid Azig fera le tour du pays, financé de l'étranger par Al Qaida, à la recherche de nouveaux visages candidats au jihad en Irak (voir l'affaire du démantèlement de la cellule terroriste publiée à La Gazette du Maroc N°448). Jusqu'à la date de son arrestation par la BNPJ, un 19 novembre 2005. Khalid Azig, né le 19 août 1981 dans une famille modeste à Agadir, alias Anouar, Yassir, Abou Yassir, et Farid, croupit, depuis, à la prison civile de Salé. Ce qu'on lui reproche est gravissime.Il pourrait rester à l'ombre un bon bout de temps...