De mémoire de gouvernement, jamais loi de Finances n'aura, à la fois, autant inquiété que discrédité, aux yeux de l'opinion publique, un argentier décidément mal inspiré en quête désespérée de « recettes providentielles » pour sauver ses fondamentaux macroéconomiques que la fin de la manne des privatisations et les flambées des cours de l'énergie ont fini par désemparer complètement. Et comme seule la pression fiscale pour saigner les bourses malheureuses semble prévaloir dorénavant, sauf que les déficits budgétaires, en dépit de ce soudain appétit fiscal, creuseront encore davantage le fossé, le gouvernement n'a rien trouvé de mieux que d'innover en matière de «fiscalisation» des petits revenus irréguliers souvent réglés au noir ou au mépris des lois. En clair, bon nombre CHR (cafés, hôtels et restaurants) ne sont pas du tout regardants du côté de la législation du travail et la gestion de leur personnel serveur pèche par …entorses successives aux règles du service de la consommation publique. Les faits …saignants. Après l'augmentation de 20% de la TVA sur le Café, c'est au tour des serveurs d'être taxés sur une partie de ce complément de salaire…misérable. Comme dit l'autre, chassez le ridicule, il revient au galop. Eh oui, le chapitre réservé à cette « cause » dans la loi de finances 2006, a été étrangement voté à l'unanimité d'un Parlement qui semble ne plus se reconnaître dans la défense des intérêts du petit peuple qui, comble de l'ironie, l'a porté aux joutes bicamérales avec un registre d'espoirs, hélas, bien vite enterrés. Et que dire des pourboires qui sont appropriés ou partagés avec les proprios d'établissements par les pauvres bougres de serveurs ? Et que dire de ceux qui ne s'acquittent pas toujours dans la transparence de leurs obligations de contribuables envers l'Etat ? Et que dire des riches qui ne paient pas régulièrement leurs impôts et les coupables d'évasions fiscales ? Au lieu de se rabattre sur les petites mains déjà harcelées par un quotidien d'enfer, le gouvernement serait mieux inspiré de traquer le gros gibier. Mais, là est une autre histoire…