Think Thank Faire l'inventaire d'un demi-siècle d'indépendance et produire des scénarios à l'horizon 2025 est la mission mise en perspective par Abdelâziz Meziane Belefkih, conseiller de SM le Roi, confiée à un groupe de chercheurs de différents horizons. Aperçu. Et si le Maroc décide, sou-verainement de se voir tel qu'il est pour pouvoir se projeter dans l'avenir ? C'est sans doute la question qui sous-tend le diagnostic que le pays fera de son propre état de santé durant un demi-siècle ! Un inventaire sans concession de cinquante ans d'indépendance sera soumis à SM le Roi à la fin de l'année, et il portera sur les acquis et les ratages en matière de développement humain dans le pays. Cette “célébration”, exceptionnellement originale est sommée de rompre avec la “suffisance”, et surtout la “bien-pensance” ainsi qu'avec le discours pompeux et lénifiant. L'inventaire, c'est le maître-mot de ce travail colossal dont les résultats seront rendus publics. Un think thank ? Le constat est déjà flagrant : le Maroc figure dans le dernier quart du peloton sur la liste du développement humain, telle qu'elle a été établie par le PNUD. D'ailleurs, le concept même de cet inventaire a été développé par le même programme des Nations-Unies pour le développement. Comment s'y prendre ? Deux comités de travail ont été créées, l'une de pilotage, confiée au conseiller de SM le Roi Abdelaziz Méziane Bellefkih qui veille également à la mise en musique de toute l'opération. L'autre, dite scientifique est dirigée par le recteur de l'université Al-Akhawayn, Rachid Belmokhtar. Ils sont plus de cent cinquante experts, spécialistes et scientifiques à s'atteler sur l'état du pays. Dix groupes de chercheurs ont été constitués et auront à décortiquer autant de thèmes retenus pour mettre à nu une vie de 50 ans. De la démographie à la situation de la femme, de la croissance économique et du développement humain au savoir technologique, en passant par la santé, la qualité de vie, l'accès aux services de bases, la gouvernance et le développement participatif, le bilan critique de la situation du pays ne laisse de côté aucun thème de la vie nationale. Critique Fait sur la base de l'indépendance d'esprit, le choix des experts et des chercheurs donne déjà un avant-goût des débats qui ont eu lieu. C'est à une vraie confrontation d'idées que les scientifiques se sont livrés, et les discussions ont été très vives au sein des groupes de travail. Pour autant, le sens de la réalité et de rigueur n'ont pas été sacrifiés à la faveur de la critique outrancière. Résultat : quelque 4.000 pages constitueront “le corpus” de cette radioscopie. Outre les rapports de synthèse, issus de travaux des ateliers et groupes de travail, chaque chercheur a présenté sa propre contribution. “Où va le Maroc” ? La question-clé sur la perspective d'avenir est, indéniablement la question à laquelle tentera de répondre le deuxième volet de cette entreprise. Pour ce faire, des experts, dont certains spécialistes de la banque mondiale, se sont chargés de produire des scénarios d'ici 2025 ; et surtout dégager des politiques “faisables” et réalisables à cet horizon. Horizon Des 4000 pages, un rapport de synthèse de 150 pages sera soumis au Souverain. En fait, il était prévu pour le 16 novembre, à l'occasion du 50ème anniversaire du retour de Feu Mohammed V, ce sera pour décembre prochain. Le rapport sera rendu public, par la suite, et des débats publics, tant au sein du Parlement que dans les espaces publics et universitaires, sont également prévus. La méthodologie et surtout le moment choisi (fin de l'année) en rappellent certainement un autre inventaire qui, lui aussi, touche à sa fin : celui des «années de plomb». En effet, Instance Equité et Réconciliation (IER) devrait remettre sa copie le 30 novembre courant, et ce, en vue de faire le bilan du passé et fournir des éléments de réflexion sereine sur l'avenir. A n'en pas douter, l'initiative nationale du développement humain (INDH), annoncée le 18 mai 2005, participe de cette même volonté. L'idée principale derrière ce “chantier de règne”, n'est-elle pas effectivement de faire participer les marocains à la définition de leurs besoins et de faire travailler ensemble l'Etat, les élus et la société civile ? Les membres du think thank • Démographie et population : M. Bejaad et A. Jbilou • Société, familles, femmes et jeunesse : Rahma Bourquia • Croissance économique et développement humain : N. Aoufi et A. Herzenni • Système éducatif, savoir technologique et innovation : Ahmed Lemrini • Système de santé et qualité de la vie : Ouajih Maâzouzi • Accès aux services de base : Abdellatif Benchrifa • Pauvreté et facteurs d'exclusion sociale : M. Ayad et Amina Balafrej • Cadre naturel, environnement et territoires : Abdelmajd Hafi • Dimensions culturelles, artistiques et spirituelles : Mohamed Tozy • Gouvernance et développement participatif : Meryem Zniber et M. Kharoufi