Recrutement des 30 000 Marocains par Al Najat Quelle issue le sort réserve-t-il à cette histoire de jobs en milliers à l'étranger à bord de bateaux de croisière, qui voue aux gémonies la société émiratie Al Najat? Il va sans dire que le contenu du communiqué de l'ANAPEC récemment diffusé dans la presse ne suffit pas pour écarter le doute et qu'une enquête sérieuse serait bienvenue pour accompagner ces jeunes dans leur périple et les mener à bon port sans quoi il y aurait péril en la demeure. Enquête. Dans les milieux de la presse qui, semble-t-il, dansent tous sur le même pied s'accordant sur l'unanimité concernant l'affaire de recrutement des 30000 Marocains, on continue de jaser de plus belle pour cautionner la thèse de l'imposture. L'ANAPEC, Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences, elle, prend toute cette effervescence à rebrousse-poil pour rétorquer à cor et à cri qu'il s'agit ni plus ni moins d'"une campagne de désinformation". Elle vient de rendre public un communiqué dans lequel elle annonce que certaines parties et certains supports de presse ont mené une campagne pour semer le doute quant à la crédibilité de cette opération de recrutement de Marocains par des compagnies maritimes de tourisme en Europe par l'intermédiaire de la société émiratie Al Najat. Le communiqué va plus loin pour calmer des ardeurs qui, indique-t-il, n'ont aucune raison d'être : "L'opération se déroule dans des conditions normales et naturelles conformément aux dispositions de l'accord, l'Agence dispose des garanties préservant les intérêts des candidats profitant de cette affaire". Et de continuer sur la même lancée pour alléguer que les visas maritimes de la première tranche des bénéficiaires seront établis dans les jours à venir et que cette première tranche rejoindra les lieux d'embauche à la mi-août prochain. Mais peut-on pour autant dire sans risquer de se tromper qu'in fine le brouillard s'est estompé pour laisser place à l'éclaircie, que l'excès de fièvre qui a entouré toute cette affaire et pris l'allure d'une hydre ne faisait qu'amplifier à tort le malaise ambiant? Toujours est-il que la chape de plomb continue de peser, le doute de planer sur cette histoire de jobs par milliers à l'étranger, tellement le volume des emplois et les sommes brassées sont énormes. Sans oublier que l'opération s'apparente à une tentative de financement d'un parti politique à la veille des élections. Le montage lui-même de l'opération est pour le moins entouré de suspiscion. Devant la hardiesse de la presse qui s'est emparée du dossier pour s'accrocher résolument à la thèse du racket et critiquer vertement le laisser-aller de la partie gouvernementale, celle-ci n'a pas hésité à monter au créneau pour défendre le bien-fondé de cette initiative. Ceci étant, il va sans dire que cette presse n'a pas tout à fait tort de s'engouffrer dans la brèche du dénigrement. Les zones d'ombre continuent de faire planer leur spectre autour de questions qui restent en suspens : l'ANAPEC dispose- t-elle d'une visibilité sur les employeurs potentiels, le niveau de leurs besoins en effectifs et en qualifications? Aucune enquête sérieuse n'a été diligentée par les autorités marocaines sur la fiabilité de la société "Al Najat Maring Shiping" aux Emirats Arabes Unis. La presse ayant évoqué le scandale auquel avait été mêlée la société "Al Najat" au Kenya, une enquête auprès des autorités de ce pays s'imposait au lieu de prendre pour argent comptant les explications du seul directeur commercial de cette société, l'Indou Shahul Hameed Salim. Pourquoi ce dernier a-t-il lui même conclu la convention avec une seule clinique à Casablanca et fixé avec sa direction la somme de 900 dirhams pour frais de visite médicale à la charge du candidat? Et ce n'est pas fini, la correspondance adressée au ministre de l'emploi par l'Union syndicale des travailleurs des ports du Maroc/UMT au sujet de cette société est d'une teneur inquiétante pour enfoncer le couteau dans la plaie "Nous avons été informés par l'Union syndicale internationale des employés de transport (section des marins pêcheurs) à Londres que l'activité de cette société est douteuse, ayant été impliquée dans une affaire d'escroquerie dont 50000 ressortissants kenyans ont été victimes". A présent tout le monde attend les suites de cette affaire en matière d'escroquerie prenant les jeunes chômeurs pour appât. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas fini d'être menés en bateau par des employeurs qui plus est sont Marocains. Des histoires d'imposture en tout genre continuent d'entacher le paysage du marché de l'emploi marocain. Et les politiques se sont révélés un monument d'indécision optant pour le laisser-aller et l'indifférence face aux frasques de ce marché et qui n'hésitent pas à lester lourdement nos jeunes. Les CIOP de Rabat n'ont-ils pas engouffré tour à tour des groupes de 11 diplômés dans la gueule d'une école fictive dénommée ESARC et qui se veut une école de formation aux métiers de l'entreprise? Reste à se demander quelle issue le sort réserve à cette affaire qui voue aux gémonies la société émiratie en question. Il va sans dire que le contenu du communiqué de l'ANAPEC récemment diffusé dans la presse ne suffit pas pour écarter le doute et qu'une enquête sérieuse serait bienvenue pour accompagner ces jeunes dans leur périple et les mener à bon port sans quoi il y a péril en la demeure