La Gazette du Maroc : les femmes auraient-elles des raisons différentes de tromper leurs époux que ces derniers en ont de tromper leurs femmes ? Bouchaïb Karoumi : à priori, ce sont les mêmes raisons qui pousseraient certaines personnes à tromper qu'elles soient femmes ou hommes. Ce sont deux êtres vivants qui ont les mêmes besoins et un fonctionnement identique. Cela dit, le contexte social marocain fait qu'il est beaucoup plus facile pour l'époux d'aller «voir ailleurs» que l'épouse. Depuis l'enfance, on apprend au petit garçon de valoriser son côté masculin à travers le sexe, au moment où la fille au Maroc est éduquée dans la peur de l'homme. L'homme marocain de par son éducation, passe à l'action plus facilement, parfois juste par besoin d'affirmer sa virilité. Les hommes considèrent cela comme un simple acte qui les aide à affirmer leurs personnalités. Alors que la femme, si elle trompe son mari, le fera suite à un véritable malaise dans le couple. C'est ce même contexte qui fait que l'on accepte plus facilement l'adultère chez l'homme que chez la femme ? Certainement, car la femme est entourée et emprisonnée dans cette image de bonne mère et de bonne épouse. Une fois qu'elle est mariée, elle doit servir son mari et ses enfants et n'existe plus en tant que femme qui a des besoins et qui peut souffrir de certaines dérives de la vie conjugale. L'époux lui, garde son statut d'homme qui existe en dehors de sa famille. Ceci rend socialement moins choquant le fait que l'homme commette l'adultère. L'adultère chez l'homme reste t-il lié à la fameuse crise de la quarantaine ? Il s'agit plutôt de la crise de la cinquantaine. Nous voyons défiler très souvent des cas d'hommes autour de la cinquantaine qui passent par une crise de couple. Les cas typiques sont ceux des hommes qui se sont mariés jeunes. A 50 ans, ils ont déjà des années de mariage derrière eux, leurs enfants ont déjà grandi et souvent, à cet âge-là, ils sont dans une période de réussite professionnelle. Des réussites à tous les niveaux, qui leur procurent un sentiment de pouvoir. Ils se sentent valorisés valorisé, plus intéressants et ils vont aller vers d'autres femmes pour se valoriser davantage sur le plan personnel. C'est un peu le désir d'une deuxième jeunesse, puisque la sienne a été consommée très vite.