Après avoir perdu son emploi, un quadragénaire et sa femme ont commencé à arnaquer d'honnêtes gens en leur vendant des mensonges. Nous sommes au tribunal de première instance de Casablanca.Au box des accusés, se tenaient Abdellah et sa femme, Nadia. Tous les deux sont accusés d'escroquerie. «M. le juge, je n'étais au courant de rien», se disculpait Nadia durant toute la durée consacrée à l'examen de cette affaire. Avait-elle raison ? Peut-être. Son mari l'innocentait et semblait avoir l'intention de mettre tout sur son dos. «C'est moi qui ai rencontré ces gens et non elle. Parfois, ils arrivent, en mon absence, chez moi et elle les accueillait sans savoir ce qui se passait entre moi et eux», a affirmé Abdellah. En fait, les deux époux ont deux enfants. Tentait-il de l'innocenter pour qu'elle s'occupe de leurs enfants ? Selon le dossier de l'affaire, Abdellah, âgé de quarante-deux ans, a été licencié depuis quatre ans sans être indemnisé. Son licenciement n'était pas abusif, mais a eu lieu suite à une faute grave commise lors de l'exercice de ses fonctions. Un de ses amis, qui est venu assister au procès, affirme qu'Abdellah a été mis à la porte après avoir subtilisé une marchandise à l'intérieur du dépôt de la société qui l'embauchait. Sa relation avec un repris de justice l'a encouragé à commencer sa carrière dans le monde de l'arnaque. Selon le dossier de l'affaire, il a toujours sollicité sa femme, Nadia, pour lui trouver des personnes qui souhaitent aller en l'Europe et aux pays du Golfe. Elle les cherchait et les présentait à son époux qui leur promettait d'être recrutées dans des entreprises à l'étranger. Abdellah leur expliquait qu'il disposait de contrats de travail et d'autre fois qu'il attendait que les contrats soient envoyés par ses amis. «Oui, M. le juge, j'attendais des contrats de travail d'Italie et des pays du Golfe qui seront envoyés par un ami», a-t-il prétendu devant le tribunal. Selon le procès-verbal de l'affaire, Abdellah et sa femme ont piégé plus d'une dizaine de victimes. «M. le juge, c'est mon ami qui m'a trompé. Je lui ai envoyé l'argent des victimes. Je n'ai gardé que ma commission», a-t-il précisé. Les victimes qui se sont présentées devant le tribunal ont toutes affirmé avoir été arnaquées par Abdellah et sa femme. Ils ont également indiqué qu'ils leur avaient remis de l'argent, qu'ils n'ont plus donné signe de vie durant quelques mois et qu'ils se sont abstenus de leurs remettre leurs sommes d'argent quand ils sont réapparus dans leur quartier. «M. le président, je leur ai promis de leur remettre leur argent dès que je serais en mesure de le récupérer», a-t-il conclut.Le tribunal a déduit après délibérations qu'Abdellah et sa femme sont coupables. Et il les a condamnés à deux ans de prison ferme.