L'ambassadeur du Mexique à Rabat, Juan Antonio Mateos Cicero : Dans cette interview, l'ambassadeur des Etats-Unis du Mexique à Rabat Juan Antonio Mateos Cicero, qui a célébré la fête nationale de son pays vendredi dernier, nous décrit l'état actuel de la coopération bilatérale maroco – mexicaine. Il prévoit un avenir favorable pour les relations entre Mexico et Rabat, tout en incitant les hommes d'affaires des deux pays amis à participer à la promotion de l'investissement dans le secteur privé. La gazette du Maroc : qu'est-ce qui caractérise les relations entre le monde arabe et les Etats-Unis du Mexique ? Juan Antonio Mateos Cicero: nos relations avec le monde arabe remontent à 500 ans, c'est-à-dire depuis la découverte de l'Amérique. Nous avons eu des contacts avec le monde arabe très importants et nous sommes un pays qui a dédié beaucoup de temps à chercher nos racines en Amérique. il y a des racines qui nous emmènent en Espagne, mais il y a d'autres qui nous conduisent au Maroc et au monde arabe, ce qui prouve les relations historiques entre le Mexique et le monde arabe. Aujourd'hui, je pense que les deux parties commencent à se redécouvrir. Dans ce sens, je pense que la visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Mexique, et celle de notre président Vicenti Fox au Maroc représentent, toutes les deux, la volonté de s'approcher, de se connaître et de développer une amitié et une connaissance mutuelle. Cela nous conduit à avoir de meilleures relations à tous les niveaux politiques, économiques et culturels. Lors de la visite royale à Mexico, il y avait des hommes d'affaires importants qui ont accompagné Sa Majesté. Il en fut de même lors de la visite du Président du Mexique au Royaume du Maroc. Maintenant ça commence à se concrétiser. La présence de Fox a donné un nouveau souffle aux relations maroco-mexicaines et a créé une certaine dynamique extraordinaire. Aujourd'hui, la situation est différente. Il y a une nouvelle atmosphère caractérisée par un mouvement culturel, économique, par des consultations politiques entre les deux pays, et par l'échange de délégations et l'encouragement à organiser des activités culturelles. LGM : quel est l'impact de ce changement sur la coopération bilatérale globale ? M.A.M.C : je peux vous dire qu'une délégation d' hommes d'affaires mexicaine a quitté le Maroc aujourd'hui après avoir terminé un programme de découverte du marché marocain et de discussions avec leurs homologues marocains sur plusieurs thèmes dont la promotion de l'investissement du secteur privé. Ce qui explique la dynamique commerciale et économique entre les deux pays. C'est une mission très pragmatique et très ciblée. Les possibilités et les opportunités d'affaires existent toujours, mais il faut convaincre les hommes d'affaires mexicains et marocains que le monde des affaires est disponible au-delà des Etats-Unis et de l'Europe. Il y a un suivi des accords et des discussions entre les deux pays. Nous attendons la visite d'une délégation d'hommes d'affaires marocains qui va se rendre au Mexique en janvier prochain. Cela donne une dynamique différente aux relations entre nos deux pays. LGM : les échanges commerciaux entre les deux pays ne sont pas au niveau de la volonté politique des deux dirigeants, comment peut-on augmenter le volume des échanges et surmonter les difficultés? M.A.M.C : il y a différentes activités qu'il faut attaquer. Tout d'abord le gouvernement marocain doit créer une ambiance de coopération et les conditions qui peuvent conduire à cette fin. Je pense que la visite des deux dirigeants qui ont discuté les formalités et les procédures à suivre pour développer les relations bilatérales, a réussi à ouvrir un dialogue entre les deux pays amis. Ce sont les hommes d'affaires qui doivent continuer le chemin, de réaliser des projets communs et de concrétiser les idées de coopération économique et commerciale. Nous avons l'espoir que le secteur privé peut augmenter le niveau des échanges qui ne dépasse pas environ 70 millions de dollars par an. Cela est insignifiant par rapport à la balance commerciale du Mexique. LGM : comment peut-on expliquer cette situation ? M.A.M.C : pour moi la distance n'est pas un problème. C'est une question de marché. Comme vous le savez, 85% de nos exportations sont destinées aux Etats-Unis alors que 3200 Km nous séparent de ce pays voisin. Si l'homme d'affaires mexicain trouve demain des opportunités au Maroc, croyez-moi il tardera pas à accéder au marché marocain. Je pense qu'il faut traverser l'Océan. Le Mexique a déjà un accord de libre- échange avec les Etats-Unis comme c'est le cas avec d'autres pays. Ça va être une grande opportunité pour les Marocains de bénéficier de l'expérience mexicaine. Dans ce cadre, je peux citer l'exemple de la visite d'une délégation marocaine avant la signature de l'accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis. Les deux parties doivent profiter, d'une part du marché américain, et d'autre part du marché européen. L'entrée du Mexique dans le monde arabe se fera à travers le Maroc. LGM : quels sont les prochains agendas de la coopération bilatérale ? M.A.M.C : je pense qu'il y a une concertation politique permanente entre les deux pays. Dans ce contexte, notre ministre des Affaires étrangères doit rencontrer son homologue Mohamed Benaïssa à l'occasion de l'assemblée générale de l'ONU pour discuter les relations bilatérales, la situation au Moyen-orient et l'élargissement du Conseil de sécurité. Nous encourageons beaucoup la coopération technique. Auparavant, une délégation technique mexicaine a assisté au lancement de projets agricoles dans la région de Tan Tan en collaboration avec le programme des Nations Unies pour le développement. LGM : que pensez-vous de l'initiative royale ? M.A.M.C : c'est une initiative qui va donner de bons résultats, c'est une grande initiative qui s'inscrit dans le processus de développement local et global du royaume.